BFMTV
Parlement

Réseaux sociaux et violences: le gouvernement propose un groupe de travail

Le ministre Jean-Noël Barrot le 31 août 2022 à l'Élysée

Le ministre Jean-Noël Barrot le 31 août 2022 à l'Élysée - LUDOVIC MARIN / AFP

"Il faut mettre des responsabilités" aux réseaux sociaux, a affirmé le ministre Jean-Noël Barrot. "Mais si les responsabilités les conduisent à enfreindre la liberté d'expression, alors là ça veut dire que nous n'avons pas tout à fait trouvé les bonnes formules", a-t-il dit.

Le ministre chargé de la Transition numérique Jean-Noël Barrot a proposé ce mardi soir au Sénat la mise en place d'un groupe de travail sur le rôle d'amplification des violences que peuvent jouer les réseaux sociaux.

Dans le cadre du projet de loi pour "sécuriser" internet, le sénateur LR Patrick Chaize a proposé un amendement en lien direct avec les émeutes des derniers jours, pour permettre d'obliger les réseaux sociaux à bloquer l'accès, dans un délai de deux heures, aux contenus incitant de façon manifeste à la violence.

Après un échange dans l'hémicycle et une suspension de séance, le sénateur a finalement retiré l'amendement, appelant toutefois le gouvernement à engager la réflexion sur cette base.

"Il faut leur mettre des responsabilités"

Le ministre a jugé qu'il était "indéniable que les réseaux sociaux ont joué un rôle dans l'amplification de la violence", mais a donné "un avis très défavorable" à cet amendement "parce qu'il présente un risque extrêmement élevé d'inconstitutionnalité".

"Il faut leur mettre des responsabilités, mais si les responsabilités les conduisent à enfreindre la liberté d'expression, alors là ça veut dire que nous n'avons pas tout à fait trouvé les bonnes formules", a affirmé le ministre, appelant à "engager cette réflexion pour que nous puissions d'ici la rentrée trouver une rédaction qui conviendra".

"L'objectif c'est qu'on ait une rédaction suffisamment consensuelle pour qu'elle passe les différentes étapes de la navette et qu'in fine elle ne soit pas censurée par le Conseil constitutionnel", a aussi déclaré le rapporteur centriste Loïc Hervé.

Le ministre a souligné que "dès les premières heures" des violences consécutives à la mort du jeune Nahel, tué par un policier, le gouvernement avait appelé les plateformes à leurs responsabilités.

Propos polémiques de Macron

Cette déclaration de Jean-Noël Barrot a été faite quelques dizaines de minutes après qu'Emmanuel Macron se soit prononcé sur le sujet lors d'une réunion à l'Élysée avec les maires des communes victimes des émeutes.

"Sur les interdictions que l’on doit mettre. [...] Et quand les choses s'emballent, il faut peut-être se mettre en situation de les réguler ou de les couper. Il ne faut surtout pas le faire à chaud, et je me félicite qu'on n'ait pas eu à le faire", a résumé Emmanuel Macron face aux élus, selon les informations de BFMTV.

"Mais je pense que c'est un vrai débat que l'on doit avoir, à froid. Parce que quand ça devient un instrument de rassemblement ou pour essayer de tuer, c'est un vrai sujet", a ajouté le chef de l'État.

Ces propos ont immédiatement provoqué la colère de nombreux élus des oppositions. "Le pays des droits de l’homme et des citoyens ne peut pas s’aligner sur les grandes démocraties Chinoise, russe et iranienne", a notamment écrit Olivier Faure, Premier secrétaire du PS.

A.G avec AFP