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Couper les réseaux sociaux en cas de crise? L'idée de Macron face aux émeutes indigne l'opposition

Emmanuel Macron à Vendôme, dans le Loir-et-Cher, le 25 avril 2023.

Emmanuel Macron à Vendôme, dans le Loir-et-Cher, le 25 avril 2023. - GONZALO FUENTES / POOL / AFP

Plusieurs personnalités politiques d'opposition se sont indignées de la phrase d'Emmanuel Macron, selon laquelle il souhaiterait "couper les réseaux sociaux" quand "les choses s'emballent", en référence aux émeutes qui secouent la France depuis une semaine.

L'idée ne passe pas. Face aux plusieurs centaines de maires à l'Élysée ce mardi, Emmanuel Macron n'a pas exclu de "couper les réseaux sociaux" quand "les choses s'emballent", en référence au rôle joué par les plateformes pendant les violences urbaines de la semaine passée.

"Nous avons besoin d'avoir une réflexion sur les réseaux sociaux, sur les interdictions qu'on doit mettre. Et, quand les choses s'emballent, il faut peut-être se mettre en situation de les réguler ou de les couper", a déclaré le chef de l'État face aux élus victimes de ces violences.

"Une provocation de très mauvais goût"

Sauf que la petite phrase n'est pas passée inaperçue, et plusieurs personnalités politiques, de droite comme de gauche, ont comparé cette idée aux régimes autoritaires russe, chinois, iraniens ou encore nord-coréen qui sont régulièrement accusés de verrouiller l'accès à internet en cas de crise politique.

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"Ok Kim Jung-Un", a simplement répondu la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale Mathilde Panot sur Twitter, en guise de comparaison avec le dictateur nord-coréen.

Le premier secrétaire du parti socialiste (PS) Olivier Faure a réagi en se targuant d'un tweet amer: "Le pays des droits de l’homme et des citoyens ne peut pas s’aligner sur les grandes démocraties Chinoise, russe et iranienne".

"Couper les réseaux sociaux? Comme la Chine, l’Iran, la Corée du Nord?", s'est aussi interrogé le député d'Eure-et-Loir Olivier Marleix, ajoutant que "même si c’est une provocation pour détourner l’attention, elle est de très mauvais goût".

Le rôle des réseaux pointé du doigt

Frédéric Falcon, député Rassemblement national de l'Aude, a lui dénoncé la "grave dérive autoritaire du macronisme". Pour lui, cela s'apparente à une "censure et punition collective pour les Français alors que Macron n’est pas capable de neutraliser une infime minorité de voyous".

Dans le cadre de ces émeutes, les réseaux sociaux ont été pointés du doigt par le chef de l'État vendredi dernier, puisqu'il a assuré qu'ils "jouaient un rôle considérable dans les mouvements des derniers jours".

Emmanuel Macron a d'ailleurs demandé à Snapchat et TikTok de retirer les contenus "les plus sensibles", ce vendredi. Dans le même temps, les deux plateformes ont été reçues au ministère de l'Intérieur en fin de journée. Lundi, le ministère de l'Intérieur avait même dû démentir des rumeurs de coupure internet dans certains quartiers, après la diffusion en ligne d'un faux document avec l'en-tête du ministère.

Mais lors de son questionnement sur le rôle de ces plateformes ce mardi, Emmanuel Macron a tout de même demandé à ce qu'un débat sur une éventuelle coupure se fasse "à froid", lorsque les tensions autour de la mort de Nahel seront retombées. Avant de publier un tweet à la tonalité plus positive dans la soirée, comme pour contrebalancer son discours particulièrement critique à l'égard des réseaux de ces derniers jours.

"Nous avons tous vu passer des images difficiles sur les réseaux sociaux", écrit Emmanuel Macron. "Mais ces réseaux sont aussi des vecteurs de bonnes nouvelles et de messages bienveillants. En voici un! À vous qui venez d’avoir votre bac: vous pouvez être fiers".

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV