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Qui est Joachim Son-Forget, le député ex-LaREM qui a relayé les vidéos intimes attribuées à Benjamin Griveaux?

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Élu de la circonscription des Français établis en Suisse et au Liechtenstein, l'énigmatique parlementaire est devenu un habitué des coups d'éclat sur les réseaux sociaux.

"Non mais avec Son-Forget, on ne se parle plus. Même pas envisageable", soupire un député La République en marche. Joachim Son-Forget, c'est ce député de la circonscription des Français établis en Suisse et au Liechtenstein. Depuis un peu plus d'un an, il est devenu une sorte de phénomène sur les réseaux sociaux.

Jeudi, il a ajouté une corde à son arc: participer indirectement à la chute de son ancien collègue Benjamin Griveaux. Alors que les vidéos mises en ligne par l'agitateur russe Piotr Pavlenski commencent à circuler abondamment sur Twitter et, à plus forte raison, dans les rédactions parisiennes, Joachim Son-Forget a choisi de franchir un pallier supplémentaire.

À 18h15, l'ancien député LaREM publie un tweet dans lequel il relaie opportunément le lien vers le site de Pavlenski en l'accompagnant d'un propos ambigu:

"J’espère que ces vidéos sexuelles affligeantes incriminant Benjamin Griveaux et une jeune femme seront démenties par l’intéressé et son équipe car une telle diffamation serait extrêmement grave dans la campagne pour Paris."

"Moi je rentre dans le tas si on m'agresse"

Invité de l'émission de Jean-Marc Morandini sur CNews, Joachim Son-Forget dit ne rien regretter de son geste. "Je ne regrette pas le retweet, mais les manœuvres en cours", dit-il. Et d'ajouter:

"La macronie se couche pour la deuxième fois devant l’extrême gauche, après l’affaire Benalla."

C'est loin d'être la première fois que l'intéressé déclenche une polémique sur le réseau social. Depuis quelques mois, il s'en sert pour afficher sa proximité improbable avec l'ex-chargé de mission élyséen Alexandre Benalla - qu'il a d'ailleurs tenté de faire entrer à l'Assemblée nationale comme assistant parlementaire. Deux excommuniés de la macronie, puisque Joachim Son-Forget a quitté LaREM et son groupe parlementaire en décembre 2018 à la suite de tweets sexistes visant la sénatrice écologiste Esther Benbassa

À l'époque, son mouvement lui signifie qu'il va lui adresser une "lettre d'avertissement". Qu'importe. Plutôt que de s'excuser, le député marcheur défend sa démarche en écrivant que ses adversaires en interne l'attaquent "dans l'anonymat et seront les premiers à baisser leur froc pour le dire franchement".

"Moi je rentre dans le tas si on m'agresse", poursuit-il. 

C'est alors qu'il se lance dans une série de tweets nocturnes tous plus déconcertants les uns que les autres. Après son départ du parti présidentiel, que cet ancien militant socialiste avait rejoint lors des législatives de 2017, Joachim Son-Forget crée son propre mouvement, Valeur Absolue, qui se revendique à la fois libéral, patriote et européen. 

Surdiplômé, né en Corée et de nationalité kosovare

Après un bail de 11 mois au sein du groupe parlementaire centriste UDI-Agir, il quitte celui-ci fin décembre 2019 à la suite d'une publication, sur son propre compte Twitter, d'une photo de lui en compagnie de Marion Maréchal. Il dit entendre "maintenir (son) indépendance politique, dans un cheminement ouvertement à droite". Toujours la même méthode de désorientation de ses adversaires, sous couvert, souvent, d'agitation du cocotier idéologique.

Ce cheminement, il faut reconnaître à Joachim Son-Forget qu'il est peu banal. Né en 1983 en Corée du Sud, adopté par une famille française, il a grandi à Langres, dans la Haute-Marne, avant de faire ses études à Dijon puis à Lausanne, en Suisse. Titulaire d'un master en Sciences cognitives co-accrédité par l'École Normale supérieure de Paris, d'un doctorat en neurosciences cohabilité par l'École polytechnique de Lausanne, le parlementaire a par ailleurs obtenu la nationalité kosovare durant l'été 2018.

Candidat pour 2022

Comme le relatait un portrait que lui avait consacré Libération, Joachim Son-Forget cumule d'étonnants hobbies. Claveciniste et karatéka, adepte du tir, engagé dans la question des retrouvailles coréennes, cet élu aux allures de surdoué effectue des allers-retours réguliers entre la France et la Suisse, où il exerce en tant que radiologue. 

À l'Assemblée nationale, s'il a coupé les ponts avec de nombreux parlementaires LaREM, il continue d'intervenir sur ses sujets de prédilection. Par exemple lors des discussions autour du projet de loi relatif à l'organisation et la transformation du système de santé, au printemps 2019, ou alors dans le cadre des débats sur la bioéthique.

Toutes ces interventions reflètent, d'ailleurs, sa grande maîtrise technique de ces thèmes. De quoi lui inspirer, peut-être, l'idée de se déclarer à l'élection présidentielle de 2022. Ce qu'il a fait mercredi, en direct sur l'émission Touche Pas à Mon Poste sur C8. Parce qu'après tout, pourquoi s'arrêter là

Jules Pecnard