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Loi migration: l'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn dénonce un "glissement sémantique"

Interrogée sur BFMTV ce vendredi 22 décembre, Agnès Buzyn a déploré une loi qui "stigmatise l'étranger".

Une prise de distance avec le gouvernement. Invitée sur le plateau de BFMTV ce vendredi 22 décembre, l'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn a regretté le "glissement sémantique" de la loi immigration nouvellement adoptée, qui "stigmatise l'étranger".

Celle qui a été ministre lors du premier mandat d'Emmanuel Macron au début de la crise sanitaire du Covid-19 a assuré "comprendre que des mesures [de la loi immigration] puissent déranger ceux qui ont le cœur à gauche".

"Ça me trouble"

Agnès Buzyn, qui se dit à présent "en dehors de la politique" et libre "de dire ce qui [lui] plaît et ce qui ne [lui] plaît pas" assure regretter "qu'énormément de mesures" de cette loi "s'appliquent aux étrangers légaux".

"Ça me trouble, c'était une loi sur l'immigration illégale et on en arrive à stigmatiser l'étranger, les doubles nationalités, or beaucoup viennent légalement et, d'autre part, apportent énormément au pays", a ajouté Agnès Buzyn.

Interrogée sur la position qu'elle aurait adoptée à la place d'Aurélien Rousseau, ministre de la Santé démissionnaire après le vote de la loi, Agnès Buzyn avance qu'elle aurait "voulu lutter fermement contre toutes les mesures qui vont concerner l'aide médicale de l'État (AME)."

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Serment d'Hippocrate

Dans un modèle "où on supprime l'AME ou on réduit les droits [les personnes en situation irrégulière] n'ont plus accès aux médecins libéraux. Dès qu'ils sont malades, ils vont à l'hôpital", déroule-t-elle. "Or, à l'hôpital, même quand vous n'avez pas l'AME, pas de couverture, le serment d'Hippocrate fait que tous les médecins vont prendre en charge les malades, même sans assurance", avance-t-elle.

"À l'arrivée, la réforme de l'AME pèse sur l'hôpital public, qui n'en a vraiment pas besoin", conclut Agnès Buzyn.

L'ancienne ministre a également été interrogée sur les cadeaux supposément envoyés par les laboratoires Urgo à Agnès Firmin-Le Bodo, remplaçante par intérim d'Aurélien Rousseau, alors qu'elle était pharmacienne. Elle assure que ces cadeaux "sont très régulés par la loi". "En théorie, ce sont les laboratoires pharmaceutiques qui sont censés déclarer, sur un site, leurs liens avec les professionnels de santé", indique-t-elle, se refusant à davantage de commentaires, alors qu'une enquête est en cours.

E.B.