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IVG dans la Constitution: ces associations anti-avortement font pression sur les sénateurs avant le vote

Brochure de l'association Choisir la vie qui s'oppose au droit à l'avortement.

Brochure de l'association Choisir la vie qui s'oppose au droit à l'avortement. - Choisir la vie

Mercredi 28 février après-midi, les sénateurs se prononcent sur l'inscription de l'IVG dans la Constitution, une mesure à laquelle s'opposent naturellement plusieurs associations qui se présentent elles-mêmes "pro-vie".

À droite comme à gauche, les sénateurs ont reçu ces dernières semaines dans leurs boites postales plusieurs prospectus. À la veille du vote mercredi 28 février pour l'inscription de l'IVG dans la Constitution, les associations anti-avortement mènent aussi leur campagne auprès des élus.

"On a écrit à chaque sénateur une lettre, on veut insister sur l'avis du Conseil d'État", explique à BFMTV.com la présidente de l'Association des familles catholiques, Pascale Morinière.

Opposé à l'IVG

Tandis que la loi étudiée "détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse", la Confédération nationale des AFC veut alerter les sénateurs "sur les mots du conseil d'État, qui dit qu'il n'y a pas de de différence entre la liberté de la femme de recourir à l'avortement et le droit".

Et par là les convaincre de ne pas voter le texte, "ni symbolique, ni historique", selon eux.

"On est opposé à l'IVG également, c'est très clair", ajoute Pascale Morinière qui explique que l'association suit l'avis du pape sur ce sujet.

Photos de fœtus avortés

L'association "Choisir la vie", a, elle, préféré envoyer aux sénateurs une brochure de quelques pages que BFMTV.com a pu consulter.

Sur celles-ci s'étalent des photos de femmes l'air désespéré, un numéro dit "d'écoute et d'accompagnement", des textes évoquant une vie de l'être humain "qui commence dès la fécondation".

Mais également plusieurs photos sordides de fœtus avortés. "Tout le monde les a reçues", nous explique la sénatrice écologiste, Mélanie Vogel.

Sur sa page Facebook, l'association, qui n'a pas répondu à nos sollicitations, évoque les débats de ce mercredi, comme ouvrant à "un permis de tuer constitutionnel".

Sur X, la représentante des Français établis hors de France a publié lundi un message à destination de ces associations:

"Dites les anti-choix, vous savez que chaque courrier que vous nous envoyez pour dire que l’IVG est une abomination satanique, chaque dessin de fœtus qui pleure à cause de la constitutionnalisation de l’IVG est une preuve qu’il faut le faire?", a-t-elle réagi.

Des LR poreux au discours des anti-IVG?

"Les forces anti-IVG sont en train de tout déployer pour que les LR flanchent", observe la sénatrice Evelyne Corbière Naminzo du groupe Communiste républicain citoyen et écologiste - Kanaky (CRCE-K) qui a, elle aussi, reçu ces brochures.

Elle estime que certains de ses collègues à droite se sont bien appropriés les arguments et éléments de langage de ces associations. Sur la clause de conscience notamment - autre argument des AFC - comme en atteste l'amendement co-signé par Bruno Retailleau pour introduire une modification introduisant une garantie du respect de la clause de conscience pour les professionnels.

Sur toutes ses lettres envoyées, la Confédération nationale des Associations Catholique de France n'a eu qu'un retour: celui du sénateur Hervé Marseille. "Il a accusé réception de notre courrier en ajoutant qu'il était d'accord avec nous", nous relate la présidente Pascale Morinière qui assure que "les pressions auprès des sénateurs sont des deux côtés".

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Le 7 décembre 2023, le Conseil d'État avait considéré que "la consécration d’un droit à recourir à l’interruption volontaire de grossesse n’aurait pas une portée différente de la proclamation d’une liberté".

Il ajoutait également que l'inscription de l'IVG dans la Constitution ne remettait "pas en cause les autres droits et libertés que la Constitution garantit, tels que notamment la liberté de conscience [...] que la liberté d’expression". 

Hortense de Montalivet