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Politique

Ordonnances: Lecornu dénonce l'hypocrisie des Républicains

Sébastien Lecornu rappelle que les mêmes Républicains qui souhaitaient hier réformer la France par ordonnances s'émeuvent aujourd'hui de l'emploi de cette procédure par l'exécutif.

Un grand bal des faux-culs chez Les Républicains ? C'est l'avis d'un ancien membre du parti passé en macronie, Sébastien Lecornu, invité sur notre antenne ce mercredi. Alors que Christian Jacob s'émeut dans Le Parisien de l'emploi des ordonnances pour réformer la SNCF, témoignant selon lui d'un "mépris de l’opposition", le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire rappelle que cette méthode était au cœur du projet des Républicains en 2017.

"Pendant la primaire, je ne sais pas si vous vous souvenez, c’était le concours à celui qui fera le plus d’ordonnances, chez tous les candidats", rappelle celui qui soutenait alors la candidature de Bruno Le Maire. "Et d’ailleurs ce n’était pas un mauvais débat, il s’agissait de savoir comment on réforme vite, bien et efficacement."

"Aujourd’hui, le patron des députés LR explique qu’il met les deux pieds sur le frein parce que ça va trop vite", s'étonne Sébastien Lecornu. "Les Républicains pendant la primaire, puis avec le programme de François Fillon, réclamaient toujours plus de réformes, toujours plus de dureté."

Union sacrée

Convaincu que le gouvernement est mandaté pour "transformer le pays en profondeur, et le faire vite", Sébastien Lecornu dénonce l'hypocrisie de ses anciens "camarades" et déplore une attitude d'opposition systématique.

"Je suis choqué qu’ils préfèrent s’attacher à leur parti plutôt qu’à leur pays", affirme-t-il. "Les réformes comme celle de la SNCF, c’est un peu des moments de vérité. Il pourrait y avoir une convergence des grandes forces démocratiques autour du sauvetage de la SNCF. Dans des meetings, j’ai entendu des leaders des Républicains se faire applaudir en parlant du statut des cheminots, en disant parfois des choses franchement déplacées."

Le Parlement enjambé ?

Comme Manuel Valls défendait en son temps l'utilisation de l'article 49.3 de la Constitution, Sébastien Lecornu fait valoir la légalité de la procédure des ordonnances, et s'oppose à l'idée selon laquelle l'Assemblée nationale et le Sénat seraient mis sur la touche par ce procédé.

"Il ne faut pas faire le procès des ordonnances. C’est le Parlement qui définit la taille du stylo, l’encre du stylo, la marque du stylo. Ça s’appelle l’ordonnance d’habilitation. Et ensuite c’est le Parlement qui revoit la copie et la corrige autant de fois qu’il le faut, c’est l’ordonnance de ratification", détaille-t-il.

Il n'en reste pas moins que le Parlement est alors dépossédé de son rôle de rédacteur de la loi, et relégué de fait à une fonction d'enregistrement d'un texte gouvernemental. Une hypocrisie partout, donc. 

Louis Nadau