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Marine Le Pen en tête au 1er tour en 2017: la stratégie du FN porte ses fruits

Marine Le Pen, la présidente du Front national

Marine Le Pen, la présidente du Front national - Patrick Kovarik - AFP

Plus de trois semaines après la séquence délicate des attentats en France, le FN comme sa présidente n'a ni gagné ni perdu de crédit auprès de l'opinion. Mieux, les prochaines élections pourraient un peu plus consacrer un parti qui cherche toujours à se dédiaboliser.

Deux jours après l'attentat contre Charlie Hebdo et alors que deux prises d'otages étaient encore en cours à Paris et dans l’Aisne, le fondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen, avait posté sur Twitter un appel au calme associé à un appel au vote en faveur de Marine, sa fille et tête d'affiche du mouvement. Récupération, erreur stratégique ou goût pour la provocation?

Plus de trois semaines plus tard, malgré les critiques, les réactions ou les analyses mitigées sur la "gestion de crise" du FN, et notamment celle de la marche républicaine du 11-Janvier de Paris, à laquelle Marine Le Pen avait préféré celle de Beaucaire dans le Gard, une mairie frontiste, la patronne du FN n’a pas perdu de terrain. Deux sondages, publiés jeudi et vendredi, la placent en tête du premier tour de la présidentielle 2017 dans tous les cas de figure.

L'UMP fragilisée? "Les citoyens préféreront l’original à la copie"

Depuis les attentats, la présidente du FN s'est employée à multiplier les interventions pour valider un discours anti-islam radical. Dans le même temps, elle dénonce une Union européenne qui ouvrirait les frontières françaises à tous les vents (islamistes). Ainsi dans le Doubs, où se tient une législative partielle cruciale ce week-end, des tracts surfent sur le "péril islamiste" bien que le FN réfute "exploiter les peurs". 

"Le FN a eu le courage de mettre le doigt sur des problématiques qui étaient taboues et les Français se sont rendu compte que contrairement à ce qui était dit, nous n'étions pas dans la caricature, dans l'excès, mais dans la réalité du danger qui pèse sur notre pays", a insisté Marine Le Pen. "L’UMP va avoir du mal à récupérer le sentiment de défiance envers l’islam qui est train d’émerger. Beaucoup feront crédit au FN et à sa présidente d’avoir été les premiers à dénoncer les excès de l’islamisme. Les citoyens préféreront l’original à la copie", renchérit le politologue Jean-Yves Camus dans Libération mi-janvier.

Le FN et son électorat en "phase de stabilisation"

De fait, deux sondages publiés entre jeudi soir et vendredi matin attestent que si Marine Le Pen et le Front national n’ont pas gagné de point grâce aux attentats, ils n’ont pas vu pour autant s'effriter leur socle de sympathisants. Le sondage Ifop pour Marianne publié jeudi place la patronne du FN en tête du premier tour de la présidentielle en 2017, la créditant de 29 à 31% des voix, en fonction de ses adversaires. Un autre, diffusé par CSA pour RTL, la fait osciller entre 29 et 33%.

Pour Jérôme Fourquet de l’Ifop, cité par Atlantico, l’électorat de Marine Le Pen a atteint "une phase de stabilisation", ce qui tend à montrer que si sa stratégie et sa communication ont pu être faillibles sur le temps des attentats puis de l’unité nationale, les nombreux sondages montrent que la stratégie, parfois ambiguë de l’anti-système et de la dédiabolisation paye.

Voir le FN en haut? "Une tendance qui s'installe" pour Marine Le Pen

Même minorés par un fort taux d’abstention, les résultats du FN aux municipales, aux européennes puis aux sénatoriales confirment cette idée. "Le Front national comme Marine Le Pen n’a pas été pénalisé ces dernières semaines et la dynamique électorale est toujours vive", relève Yves-Marie Cann, de l’institut CSA, sur BFMTV vendredi.

Mais avant de se projeter vers la présidentielle, où Marine Le Pen est à chaque coup donnée perdante au second tour, la présidente du Front national compte sur les départementales puis les régionales de 2015 pour confirmer son statut de présidentiable dans le paysage politique. Car le FN en haut de l’affiche "ce n’est plus une photographie de l’instant", vante Marine Le Pen. "C’est une tendance qui s’installe". Et elle est aujourd’hui sans précédent en France.

Samuel Auffray