BFMTV
Les Républicains

Sarkozy rencontre les mécontents de Hollande mais se tait

Le président de l'UMP Nicolas Sarkozy

Le président de l'UMP Nicolas Sarkozy - AFP

Discret sur la scène médiatique, Nicolas Sarkozy rencontre pourtant à tour de bras les mécontents de la politique gouvernementale. Pourquoi n'en profite-t-il pas pour attaquer l'exécutif?

Nicolas Sarkozy ne prend plus la parole que par les réseaux sociaux. Un media utilisé à plusieurs reprises depuis son départ de l’Elysée en 2012, et auquel il a eu à nouveau recours à l’occasion de Noël et de la présentation de ses vœux aux militants UMP et aux Français, le 31 décembre. La stature d'homme d'Etat du nouveau président de l’UMP, selon ses amis, lui imposerait un comportement plus détaché, peu compatible avec la multiplication des critiques à l'encontre de François Hollande.

Si son entourage confie à de nombreux journalistes qu’il "ne courra pas après toutes les balles", il ne faut pas y voir une cure d’austérité médiatique, assure son fidèle Brice Hortefeux. Malgré "la mode du ‘où est-il passé?’", moquée par NKM, il ne faut pas croire que Nicolas Sarkozy se désintéresse du quotidien. Il reçoit même sans discontinuer les mécontents de la politique du gouvernement.

Les représentants de la santé, le précédent des notaires, avocats et huissiers

Ainsi, mardi et mercredi, l’ancien chef de l’Etat rencontre dans ses bureaux parisiens de la rue Vaugirard des responsables du monde de la santé pour "discuter de la situation actuelle", dans ce milieu touché par plusieurs mouvements de grèves. Pêle-mêle se succèdent des représentants de syndicats et de fédérations de médecins de ville ou hospitaliers, publics et privés, de pharmaciens et d'autres professions libérales de la santé.

Le 16 décembre dernier déjà, Nicolas Sarkozy s’était entretenu avec les représentants des professions réglementées - notaires, avocats, huissiers - qui contestaient les dispositions de la loi Macron.

Raréfier la parole

Alors que cherche Nicolas Sarkozy en adoptant cette stratégie? Car si le chef reste discret, l’opposition compte bien capitaliser sur les tensions qui frappent le gouvernement. C’est bien le message développé par le nouveau président de l'UMP devant les élus de son camp: aucun cadeau ne doit être fait à l'exécutif.

On peut déceler dans cette façon de procéder les prémices de la tactique élaborée bien en amont de son retour sur le devant de la scène. Dès le mois d’octobre, outre le changement de nom, on prêtait à Nicolas Sarkozy la volonté d’organiser son parti sur la forme d’un "gouvernement fantôme". Il souhaitait alors s'entourer d'une partie des cadres de l'UMP, rattachés à des pôles selon leur spécialité et chargés de défendre son action et son programme face au gouvernement dans les médias. 

En clair, Nicolas Sarkozy reçoit, étudie, évalue et distille sa vision à ses soutiens, qui la diffusent sans qu'il ait besoin d'intervenir en personne. Il capitalise pour l'avenir aussi sans avoir besoin d'en rajouter. Plus rare, la parole politique est à même de créer l’événement lorsqu’elle surviendra. La victoire quasi assurée de l’UMP aux prochaines élections départementales du mois de mars sera une occasion à ne pas rater. Nicolas Sarkozy parlera alors à un panel plus large de mécontents: les électeurs.

Samuel Auffray