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Primaire à droite: Juppé et l'ombre de Balladur

Edouard Balladur et Alain Juppé, ensemble à l'Elysée le 11 janvier 2015 avant la marche en hommage aux victimes des attaques de Charlie Hebdo et de l'Hypercasher

Edouard Balladur et Alain Juppé, ensemble à l'Elysée le 11 janvier 2015 avant la marche en hommage aux victimes des attaques de Charlie Hebdo et de l'Hypercasher - Stéphane de Sakutin - AFP

Alors que les pronostics promettent un duel Juppé-Sarkozy au second tour de la primaire à droite de novembre, certains comparent leur duel à celui qui a opposé Balladur à Chirac en 1995. Pour quel final?

Sondage après sondage, le résultat est le même: Alain Juppé fait la course en tête devant ses rivaux, et notamment le patron de sa formation politique, Nicolas Sarkozy. A tel point que cette avance dans l'opinion a fait naître un parallèle avec Edouard Balladur à l'époque de la présidentielle de 1995. Longtemps favori, le Premier ministre d'alors avait été battu par Jacques Chirac qui avait, lui, joué la carte du parti et des militants.

Chez Les Républicains, des cadres rappellent la publication par Le Monde d'une une sacrant d'avance le maire de Bordeaux le 10 février dernier qui fait écho à une autre sur Balladur, vingt ans plus tôt, annonçant la présidentielle à venir comme "déjà jouée". "Etre très haut, très tôt, c'est mieux que d'être trop bas, trop tard", évacue dans Le Parisien le conseiller d'Alain Juppé, Gilles Boyer dans les colonnes du quotidien. Pourtant, un proche estime que "c'est une vraie difficulté de gérer pendant longtemps le fait d'être en tête", égrainant les exemples Jospin, DSK et... Balladur.

De "prudent" à "frileux"

Dans le camp Juppé, on joue la prudence et la modestie. On promet une montée en puissance à venir, comme pour assurer qu'on en a encore sous le pied quand viendra l'heure d'entrer dans le vif du combat avec les débats internes aux Républicains.

"A force d'être prudent, il en finit par être frileux", constate un sarkozyste dans les colonnes du Parisien. "Il ne donne rien aux gens, Balladur était comme ça aussi", raille un soutien de Bruno Le Maire, reprenant à son compte l'idée d'une froideur commune. 

Dominique Bussereau qui soutient Alain Juppé affirme "qu'ils n'ont pas la même personnalité" même s'il présente un profil "technique" similaire, rappelle L'Obs. Tous deux sont issus de la haute fonction publique: le Conseil d'Etat pour Balladur, l'Inspection des finances pour Juppé. Pourtant, le contexte est différent puisque le candidat de 2016 aura l'avantage sur son prédécesseur de ne pas être aux commandes du pays, même si les allusions aux grèves de 1995 surgiront sans doute. "Les gens vont se souvenir de sa vraie nature, celle de l’homme droit dans ses bottes de 1995", s'amuse par avance un anonyme dans Le Parisien.

Ce parallèle avec la bataille Balladur-Chirac est bien présent derrière le duel Juppé-Sarkozy annoncé, jusque dans l'esprits des protagonistes. L'ancien président de la République avait d'ailleurs lui-même comparé le combat des deux hommes en mai 2015 avant que Alain Juppé ne lui réponde quelques jours plus tard. "Si je suis Balladur, qui est Chirac?", avait questionné le maire de Bordeaux qui peut compter sur le soutien de l'ancien chef d'Etat. Mais aussi de Balladur qui s'était dit "flatté" de la comparaison.

Samuel Auffray