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Présidence de LR: Christian Jacob, le candidat "consensuel" qui a la faveur des ténors

Christian Jacob, président du groupe LR à l'Assemblée nationale, le 15 mai à Paris

Christian Jacob, président du groupe LR à l'Assemblée nationale, le 15 mai à Paris - AFP - Geoffroy van Der Hasselt

Depuis plusieurs jours, le président du groupe LR à l'Assemblée nationale suscite les éloges des cadres du parti. Jugé rassembleur, compatible avec les différentes tendances qui cohabitent à droite, il présente surtout l'avantage de ne pas avoir - pour l'heure - d'ambition présidentielle.

Christian Jacob est-il ce pompier dont la droite a besoin? Comme l'ont rapporté L'Opinion et Le Parisien, le président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale suscite les louanges des ténors du parti, qui voient en lui le rassembleur capable de les diriger jusqu'à l'échéance présidentielle de 2022.

À la tête des députés LR depuis bientôt dix ans, l'ancien chiraquien a l'avantage d'être compatible avec la plupart des tendances de la droite. À l'aise avec la ligne clivante imposée par Laurent Wauquiez à partir de décembre 2017, Christian Jacob a toujours revendiqué son souhait de faire primer l'unité sur le reste. Un homme de synthèse, qui brasse des sarkozystes Brice Hortefeux et Nadine Morano à de jeunes rénovateurs comme le député du Lot Aurélien Pradié, en passant par Laurent Wauquiez lui-même. 

"Homme solide, ancré"

Invité de Franceinfo ce lundi, le secrétaire général délégué de LR Geoffroy Didier - non dénué d'ambitions personnelles - a déclaré voir en Christian Jacob un "homme solide, ancré et (...) rassembleur". Brice Hortefeux, lui, est allé plus loin au cours d'une longue interview accordée au Journal du Dimanche

"Nous avons besoin de nous retrouver ­autour d'une ­personnalité qui apaise, rassemble, concilie. ­Christian Jacob allie toutes les ­expériences du terrain, du Parlement et du gouvernement. Il est respecté des élus, ­apprécié des militants et a des relations chaleureuses tant avec François Baroin qu'avec Laurent Wauquiez. Qui dit mieux?"

Dans le calendrier serré pour lequel ont opté les dirigeants de LR, à savoir tenir l'élection pour la présidence à la mi-octobre, la solution Jacob semble mettre tout le monde d'accord. Elle permettrait par exemple à quelqu'un comme le sus-cité François Baroin de se concentrer sur sa municipale à Troyes en mars prochain, avant d'éventuellement se mettre en orbite pour 2022. Ou en tout cas pour les primaires, si elles sont maintenues. Pendant ce temps-là, le patron des députés LR tenterait de cautériser les multiples plaies d'un parti en danger d'émiettement et de marginalisation. 

Un "bouchon pour éviter la fuite"?

Sauf qu'à droite, on l'a bien vu, les choses sont loin d'être aussi simples. Un cadre dresse auprès de BFMTV.com l'actuel état des lieux:

"Jacob est un type bien et consensuel, mais je crains que sa candidature n'émerge avant tout pour endormir la belle au bois dormant jusqu'aux primaires. Les cadres qui paniquent cherchent le bouchon pour éviter la fuite, d'où l'idée, qui circule aussi, d'une direction collégiale. C'est toujours la même stratégie: reculer pour mieux sauter." 

Cette source rappelle par ailleurs qu'un autre obstacle barre la route du député de Seine-et-Marne: Bruno Retailleau, son homologue du Sénat, également intéressé par le poste mais qui sait son profil plus conservateur, plus filloniste, donc moins rassembleur. Christian Jacob veut éviter une confrontation directe avec l'élu vendéen, qui risquerait de créer une ligne de front entre les deux assemblées. Les deux hommes auraient convenu d'une trêve de 15 jours pour voir si un arrangement est possible.

Multiples obstacles

D'autres cahots menacent les chenilles du char Jacob. Interrogé par Le Parisien, le député de l'Oise Eric Woerth estime pour sa part qu'il n'y a "pas de candidature évidente". Poussé avant tout par Valérie Pécresse (avant que celle-ci ne décide de quitter LR) pour prendre le parti, le président de la commission des finances de l'Assemblée nationale sait qu'un duel entre lui et Christian Jacob n'aurait "pas de sens". 

D'autres postulants sont sur la ligne de départ. Le député du Vaucluse Julien Aubert, défenseur du modèle RPR-UDF qui précédait la création de l'UMP, a confirmé auprès du JDD qu'il mettait ses idées gaullistes "sur la place publique". 

"Je saurai m'effacer si quelqu'un de mieux placé défend une ligne claire convergente avec la mienne. Je n'aurai pas peur non plus d'aller à la bataille", a précisé le président d'Oser la France.

Et puis il y a enfin le vice-président de LR Guillaume Peltier, qui montre encore plus clairement ses ambitions: le député du Loir-et-Cher a présenté, dès mardi dernier, ses "quatre axes" pour refonder la droite. Disposant d'un important réseau militant grâce à son courant fondé en 2012 avec Geoffroy Didier, La Droite forte, Guillaume Peltier risque bien de "passer en force" afin d'être candidat, glisse un élu. Et d'ajouter: "Ça peut faire exploser la solution consensuelle." En clair, priver la candidature Jacob de sa raison d'être.

Jules Pecnard