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Les Républicains

Plusieurs ténors de droite jugent sévèrement la sécession de Solère et Lagarde à l'Assemblée

Thierry Solère et Jean-Christophe Lagarde annonce la création d'un nouveau groupe parlementaire, le 21 juin 2017

Thierry Solère et Jean-Christophe Lagarde annonce la création d'un nouveau groupe parlementaire, le 21 juin 2017 - Martin BUREAU / AFP

Thierry Solère et Jean-Christophe Lagarde ont annoncé ce mercredi la création d'un nouveau groupe à l'Assemblée: "Les Républicains constructifs UDI indépendants". Une démarche "déloyale", estiment plusieurs ténors de la droite.

Dès le lendemain du premier tour des élections législatives, qui préfigurait une large victoire de La République en marche, deux camps se sont formés à droite: les partisans d'une opposition ferme à Emmanuel Macron et les tenants d'une attitude plus "constructive" à l'égard du gouvernement.

Après la victoire du parti fondé par Emmanuel Macron, qui a raflé avec le MoDem 348 sièges à l'Assemblée nationale, la fracture a été officialisée ce mercredi par Thierry Solère et Jean-Christophe Lagarde, qui ont décidé de créer un groupe parlementaire distinct des Républicains (LR), baptisé "Les Républicains constructifs UDI indépendants", et qui rassemble pour le moment une vingtaine de députés LR et 18 députés UDI.

Le député LR des Hauts-de-Seine a prôné une "attitude constructive vis-à-vis des réformes dont le pays a besoin qui seront proposées par le gouvernement".

Pour Laure de la Raudière, députée LR d'Eure-et-Loir, qui a décidé de rejoindre ce nouveau groupe, "ce serait complètement idiot d'être dans une opposition systématique au gouvernement". "La création de ce groupe répond à l'attente de nos électeurs de la droite et du centre qui nous ont dit lors de la campagne qu'ils ne voulaient pas que nous soyons dans une opposition bloc à bloc", a-t-elle expliqué sur notre antenne. 

Une démarche "pas loyale"

Mais cette sécession n'est clairement pas du goût de tous et plusieurs figures de la droite n'ont pas hésité à exprimer leur mécontentement, regrettant, à l'instar de Bernard Accoyer, une démarche "pas loyale".

"Il faut que la diversité, le débat existent. Mais si certains veulent diviser, essayer de créer des groupes politiques (...) ils porteront la responsabilité d'affaiblir leur propre famille politique, celle qui leur a tout donné", a déclaré sur LCI le secrétaire général du parti Les Républicains.

D'autres ont critiqué l'emploi de l'adjectif "constructif". "Quand on éprouve le besoin de s'auto-désigner constructif, j'ai toujours un peu tendance à me méfier. Ca veut dire quoi? Que d'un côté, il y a les constructifs, et de l'autre les destructeurs? Soyons sérieux", a estimé Laurent Wauquiez sur BFMTV. Pour le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, "c'est une profonde erreur de signer a priori un chèque en blanc au gouvernement et au fond, d'abdiquer sa liberté de parole".

Guillaume Larrivé, réélu député LR dans l'Yonne, a quant à lui évoqué "un slogan digne d'un marchand de café". "Le vrai clivage n'est pas entre les pseudo-'constructifs' et les autres, mais entre les députés soumis à l'Elysée et les députés libres", a-t-il estimé sur Twitter.

"Ils ont une idée derrière la tête"

Nombreux sont ceux qui pensent que les députés ayant créé et rejoint le nouveau groupe parlementaire ont "une idée derrière la tête: pouvoir rentrer le plus vite possible au gouvernement". Telle est l'intuition de Sébastien Huyghe, député LR du Nord.

"J'observe que ceux qui sont membres de ce nouveau groupe, ce sont des gens qui n'avaient pas de candidat LREM face à eux. Cela veut donc dire qu'ils avaient déjà dealé les choses avec le gouvernement avant même l'élection législative, ça veut dire aussi qu'ils ont dupé leurs électeurs républicains", a-t-il expliqué dans les couloirs de l'Assemblée, au micro de BFMTV.

Un sentiment partagé par Christian Jacob, qui a été réélu ce mercredi à la tête du groupe Les Républicains à l'Assemblée. "On a un certain nombre de collègues qui ont envie de rentrer au gouvernement et qui cherchent un marche-pied", a-t-il déclaré. "Nous sommes leur famille, quand ils veulent revenir, ils sont les bienvenus", a-t-il toutefois nuancé.
Mélanie Rostagnat