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Nice: une surenchère à droite avec 2017 en ligne de mire

L'attentat de Nice a donné lieu à une surenchère entre les différents ténors de la droite, à l’approche de la primaire à droite et de la présidentielle de 2017.

Manuel Valls et Christian Estrosi étaient côte à côte lundi midi pour la minute de silence sur la promenade des Anglais à Nice. Mais ne nous y trompons pas, malgré ce court répit, il n'y a pas eu d''unité nationale cette fois. Très vite, dès vendredi, les ténors de la droite s'en sont pris au gouvernement après l'attentat avec parfois des réactions surprenantes.

La palme est revenue à Henri Guaino qui déclarait vendredi matin: "Nous avons normalement des militaires armés d’armes de guerre. Il suffit de mettre un militaire avec un lance-roquette à l’entrée de la promenade des Anglais et puis il arrêtera le camion". Le député des Yvelines fait partie des candidats à la primaire à droite pour l'élection présidentielle, une campagne qui pourrait être dominée par les questions de sécurité chères à la droite.

Juppé s'est précipité contrairement à son habitude

Alain Juppé avait lui aussi étonné vendredi en estimant quelques heures seulement après l'attaque que "si tous les moyens avaient été pris, l'attentat de Nice "n'aurait pas eu lieu". Un changement d’habitude pour le maire de bordeaux qui n’aime pas réagir à chaud à l’actualité d'habitude.

"Je ne fais de polémique avec personne. Je connais la difficulté de la tâche, mais le fatalisme n'est pas une politique", a expliqué l'ancien Premier ministre samedi. Selon lui, "nous pouvons faire plus et mieux même si, bien sûr, le risque zéro n'existera jamais".

"Hier, on voulait arrêter l'état d'urgence, on se demande pourquoi", s'est interrogé pour sa part François Fillon, plus mesuré dans la critique.

Sarkozy a attendu pour mieux torpiller

Se contentant d'un communiqué vendredi, Nicolas Sarkozy avait réservé sa réaction au 20 heures de TF1 dimanche soir. Contrairement à Alain Juppé, l'ancien Président ne s'est pas aventuré à dire que l'attentat aurait pu être empêché, il a bien-sûr rappelé que le risque zéro n'existait pas; mais ça ne l'a pas empêché de torpiller le gouvernement. "Tout ce qui aurait dû être fait depuis 18 mois ne l'a pas été", a assuré le président du parti Les Républicains.

Il a aussi plaidé pour la création de centres de déradicalisation et réclamé à nouveau que "l'ensemble des personnes sur les fichiers +S+ - 11.400 -, fassent l'objet d'une analyse précise". Selon lui, les fichés S étrangers soupçonnés de liens avec le terrorisme devraient être "mis dehors en urgence absolue" et ceux qui présentent des risques de radicalisation devraient porter un bracelet électronique, être assignés à résidence ou mis en centre de rétention.

L'ancien chef de l'État a également plaidé pour une "fermeture des lieux de culte dont nous ne voulons pas sur notre territoire" et la création d'un centre de renseignement dans les prisons, ou encore "la mise à l'isolement de tous les détenus condamnés pour terrorisme islamique".

Mais les éditorialistes de BFMTV Apolline de Malherbe et Laurent Neumann ont tous deux signalé qu'aucune des mesures qu'il a avancées n'aurait été d'une quelconque efficacité pour empêcher le drame de Nice. Mohamed Lahouaiej Bouhlel n'était pas fiché, ne fréquentait pas de mosquée et sa radicalisation était probablement récente.

Fait rare méritant d'être souligné, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve ont répliqué dans un communiqué commun aux critiques de Nicolas Sarkozy en assurant qu'"aucun gouvernement n'a fait autant jusqu'à présent pour lutter contre le terrorisme".

"Un chef de guerre" face au FN

Christian Estrosi n'est plus candidat à la primaire, mais ça n'a pas empêché l'ancien maire de Nice de multiplier les déclarations depuis vendredi, jour où il "exigeait" des explications du gouvernement. Ses différentes sorties ont été très peu appréciées par Manuel Valls qui a laissé transparaître sa colère dans un entretien au Journal du dimanche : "Si Christian Estrosi, ancien maire de Nice, avait le moindre doute, il pouvait demander l’annulation du feu d’artifice. Il ne l’a pas fait"

Le président de la région PACA est allé jusqu'à se plaindre "d'avoir traité comme un subalterne. Un moins que rien".

Son collègue, Eric Ciotti, n'était pas en reste. Le député LR des Alpes-Maritimes a jugé que François Hollande et le gouvernement tombaient trop rapidement dans la "banalisation", ce qui "est une erreur, une faute même”. Selon lui, “les Français veulent être protégés, qu’ils aient un chef de guerre et pas quelqu’un qui se nourrit de mots”.

Cette suractivité est à relier avec la montée du FN dans les Alpes-Maritimes, un bastion de la droite républicaine, souligne Laurent Neumann. Elle inquiète depuis plusieurs mois l’état-major du parti LR, qui craint que cet attentat à Nice ne renforce encore la poussée frontiste.

"La prochaine élection présidentielle se jouera sur la façon de protéger les Français, et l’homme le mieux placé pour être un chef de guerre. Cette question sera essentielle, bien avant celle du chômage", a expliqué Eric Ciotti, proche de Nicolas Sarkozy au Monde.