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Le rassemblement pro-Fillon dimanche au Trocadéro crispe la droite

François Fillon lors de sa déclaration le 1er mars 2017, à son QG de campagne.

François Fillon lors de sa déclaration le 1er mars 2017, à son QG de campagne. - Christophe Archambault - AFP

De nombreux élus Les Républicains font part de leur malaise face à la manifestation annoncée par le clan Fillon, prévue dimanche à Paris.

La journée chaotique de François Fillon mercredi reste dans les têtes des élus Les Républicains. Outre la décision du candidat de maintenir sa candidature malgré sa convocation chez les juges, qui provoque une hémorragie chez Les Républicains, certains ont également peu goûté à l'annonce de la "manifestation" dimanche prévue à 15 heures au Trocadéro, à Paris.

Présentée d'abord par l'hebdomadaire Valeurs actuelles comme une "manifestation contre le coup d'Etat des juges, qui confisquent l'élection présidentielle en orchestrant une traque anti-Fillon", elle est devenue depuis un "rassemblement de soutien" au candidat. "Ce n'est pas un rassemblement contre les juges, mais un rassemblement pour sa candidature", a insisté Jérôme Chartier, député LR proche de François Fillon, jeudi matin sur BFMTV. Rattrapage relayé également par Bruno Retailleau sur Twitter.

Selon nos informations, Valérie Pécresse a ainsi conseillé à François Fillon de préciser jeudi matin le mot d'ordre du rassemblement, et de souligner notamment qu'il "n'est pas contre les juges".

Désapprobation chez les pro-Juppé

Mais le rectificatif semble trop tardif pour convaincre. Et depuis 24 heures, les déclarations de désolidarisation se multiplient. Le président du Parti chrétien-démocrate Jean-Frédéric Poisson, député des Yvelines et candidat malheureux à la primaire de la droite, a indiqué jeudi que son parti n'appelait pas à rejoindre le rassemblement. "On ne fait pas campagne contre les juges", a-t-il dit sur Sud Radio.

Philippe Gosselin, député LR qui avait soutenu Alain Juppé dans la primaire, estime que le rassemblement relève "d'une stratégie extrêmement dangereuse". "Je n'irai pas au Trocadéro m'associer à une forme de manifestation contre les juges et la justice. Ce sont des institutions nécessaires à l'Etat de droit (…) Méfions-nous d'instrumentaliser et de chauffer à blanc un public", a-t-il mis en garde.

Une "mauvaise idée" pour NKM

Même son de cloche chez le conseiller de Paris Pierre-Yves Bournazel. Soutien d'Alain Juppé pendant la primaire, il "s'interroge" sur la suite de la campagne du candidat Fillon et "désapprouve" le rassemblement: "ce n'est pas la bonne méthode pour relancer une campagne", affirme-t-il à BFMTV.com, "et cela risque surtout de renforcer Marine Le Pen". Et l'élu de souligner le "mélange" créé par l'implication de la Manif pour tous dans l'organisation de l'événement.

A BFMTV.com, l'entourage de Nathalie Kosciusko-Morizet précise aussi que l'élue a fait savoir à François Fillon que ce rassemblement est "une mauvaise idée". Franck Riester était sur la même ligne sur BFMTV jeudi soir. "C'est pas en faisant venir des cars qu'on va changer le destin du pays", a-t-il estimé au lendemain de sa mise en retrait de la campagne.

Même François Hollande a mis en garde le candidat de la droite. "Il ne peut pas y avoir de manifestation" qui "mette en cause" la justice, a estimé le président de la République en marge d'un déplacement en Corse.

La Manif pour tous dément son implication

Qui répondra à l'appel de François Fillon dimanche? La Manif pour tous, mouvement "apolitique", ne participe pas à l'organisation du rassemblement de soutien au candidat de la droite François Fillon dimanche, a déclaré jeudi à l'AFP sa présidente Ludovine de la Rochère. 

De son côté, le mouvement Sens Commun, émanation de la Manif pour tous au sein des Républicains, semble davantage impliqué et relaie via ses comptes sur les réseaux sociaux l'appel au "rassemblement". Son président, Christophe Billan, a réitéré son soutien à François Fillon le 28 février dans Valeurs actuelles. Reste à savoir s'il parviendra à faire de ce rassemblement la démonstration de force espérée.

Ariane Kujawski