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"Le pari du silence est risqué": pour s'imposer dans le débat, Wauquiez fait sa rentrée politique

Laurent Wauquiez en 2019.

Laurent Wauquiez en 2019. - JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui se voit candidat à la prochaine présidentielle, descend dans l'arène ce dimanche à Valence. Une première depuis deux ans. Une partie de ses soutiens commencent à s'agacer de son retrait médiatique.

Un retour presque sur la pointe des pieds. Très silencieux depuis presque deux ans, Laurent Wauquiez prend la parole ce dimanche à Valence lors du campus d'été des Jeunes Républicains. De quoi donner du baume au cœur à certains de ses partisans qui trouvent le temps long.

"On est tous très impatients de l'entendre. Je suis certain qu'il va nous redonner de l'espoir dans une période très compliquée", s'enflamme l'un de ses très proches, Nicolas Daragon, maire LR de Valence, auprès de BFMTV.com.

Sortir du bois

"Il va balayer tous les sujets, on ne va pas être loin d'un discours de politique générale", espère même le patron des jeunes du mouvement, Guilhem Carayon.

Y aurait-il urgence pour le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes à reprendre la main? En plein marasme de sa famille politique qui s'est déchirée pendant de longues semaines sur la réforme des retraites, Laurent Wauquiez s'était contenté d'à peine quelques mots lors de ses vœux fin janvier.

De quoi sérieusement agacer même ses plus fidèles soutiens dont Éric Ciotti, le numéro un du mouvement, qui n'aurait pas dit non à un peu d'aide. Même topo sur la question des émeutes.

Randonnées et posts Facebook

Outre une sortie remarquée samedi au congrès de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), ceux qui croient en lui pour 2027 ont dû se contenter ces derniers mois d'un entretien au Point et au Figaro et de vidéos sur sa chaîne YouTube. Hors de question de répondre à des questions à la radio ou la télévision.

Début septembre, celui qui a passé ses vacances sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle s'est bien fendu d'une marche au Mont Mézenc, à cheval entre la Haute-Loire et l’Ardèche, entouré de ses partisans, mais sans faire de discours.

C'est que le héraut de la droite a fait le choix de la discrétion et préfère multiplier "des immersions" dans la vie quotidienne des gens, d'une visite dans un supermarché à celle d'une caserne de pompiers, qu'il restitue fidèlement dans de longs billets sur Facebook.

"Partir trop tôt n'a aucun sens"

Suffisant pour tenir jusqu'à la prochaine campagne présidentielle ?

"Le but n'est pas de faire des petites phrases que personne ne retiendra mais d'être prêt à apporter des solutions aux Français quand le moment viendra. Partir trop tôt avant la présidentielle n'a aucun sens", avance l'un de ses proches.

"Ne pas donner l'impression qu'il est tire-au-flanc"

Certains, pourtant, commencent à douter. Un sondage Opinionway pour Le Parisien le situe pourtant en cinquième place parmi les personnalités capables de rassembler la droite puis le centre, très loin derrière Édouard Philippe, qui arrive premier.

"Ne pas beaucoup parler oui, ne pas parler du tout... Il ne faut pas donner l'impression qu'il est tire-au-flanc et qu'il a disparu alors qu'il travaille dans sa région", résume un soutien.

"Le silence est la stratégie qu'il a choisie. Est-ce qu'elle va marcher ? Je ne sais pas. On ne nous aime plus beaucoup et on parle surtout aux cheveux blancs. Le pari est risqué", admet encore l'un de ses proches, le sénateur LR Étienne Blanc.

Marine Le Pen en exemple

Avant de souligner que le choix de Laurent Wauquiez ressemble furieusement à celui de ... Marine Le Pen.

"Elle parle peu et quand elle le fait, elle choisit le temps et le ton. En général, ça imprime, c'est réussi, on la comprend, on s'en rappelle", analyse Étienne Blanc.

"On ne va pas dire que ce que fait le RN est notre modèle mais évidemment que Laurent Wauquiez regarde ce qui marche chez les autres, bien sûr", reconnaît un élu local qui le soutient.

"Une équation insoluble"

Parmi ses proches, pour convaincre de l'efficacité de sa stratégie, on aime rappeler que les favoris des élections qui prennent date très en avance font rarement des locataires de l'Élysée, en citant Édouard Balladur et Alain Juppé.

Mais derrière, certains poussent, à l'instar du maire de Cannes David Lisnard qui se verrait aussi bien candidat pour la droite. Sarkozy, rarement avare d'un trait d'esprit, a résumé le sentiment parmi une partie des troupes LR, en accusant le président de région "de jouer petit" et de prendre "le risque d'échouer" auprès du Parisien en août dernier.

Le dilemme de Laurent Wauquiez est encore mieux résumé par un député LR: "Soit vous êtes partout et vous avez une cible dans le dos, soit vous ne prenez pas de risque, avec la crainte d'avoir été oublié d'ici 2026 au moment de ressortir. C'est insoluble comme équation."

Marie-Pierre Bourgeois