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Réforme des retraites: Laurent Wauquiez assure qu'il ne s'est pas "défilé"

Laurent Wauquiez en 2019.

Laurent Wauquiez en 2019. - JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

En retrait sur la réforme des retraites au moment où son parti voyait ses députés se diviser, le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes estime avoir "donné clairement [sa] position". Préparant le terrain pour la prochaine présidentielle, il fait néanmoins un mea culpa plus général et reconnaît des "échecs".

Laurent Wauquiez sort du bois. Discret médiatiquement depuis des mois, le président Les Républicains (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes a accordé une interview à l'hebdomadaire Le Point. Le candidat putatif à la prochaine élection présidentielle assume son silence sur la réforme des retraites.

"Je pense qu'il faut qu'on remette tout à plat, que l'on réinvente tout", mais "on ne pourra pas le faire en étant pris dans le tambour de la machine à laver de l'actualité", explique-t-il.

L'ex-patron des LR pointe ainsi une "myopie politicienne, où nul ne produit plus de vision, alors que le pays traverse une crise majeure".

"Je ne me suis pas défilé"

Laurent Wauquiez s'est justement lancé à la recherche de cette "vision" en vue de 2027. Il multiplie les déplacements à l'abri des caméras pour prendre le pouls du pays. Mais sa prise de distance a pu lui être reprochée au cours de l'examen de la réforme des retraites, alors que son parti se divisait, ne parvenant pas à trouver une position commune parmi ses députés.

Au centre de ce marasme: Éric Ciotti, nouveau président du parti, élu en décembre sur la promesse de faire de l'ancien maire du Puy-en-Velay le champion de la droite pour la course élyséenne. La situation était d'autant plus délicate que plusieurs députés proches de ce dernier refusaient de soutenir la réforme des retraites, contrairement au Niçois.

"Je ne me suis pas défilé", assure néanmoins l'intéressé, estimant avoir "clairement donné [sa] position". Lors de ses vœux fin janvier, il avait soutenu le texte du bout des lèvres, invoquant un "principe de responsabilité", consistant à "ne pas s'opposer", même si cette réforme n'est "pas celle" qu'il aurait faite.

Sur ce sujet, "les Français" attendent des "règles" qui "s'adaptent à leur mode de vie", selon lui. "Pourquoi ne pas offrir la possibilité de partir à la retraite quand ils le souhaitent en adaptant le niveau de pension en conséquence", interroge-t-il. Et de déplorer que "nos règles administratives font tout pour décourager cela".

"L'ambition n'est pas un gros mot"

Si Laurent Wauquiez ne remet pas en cause sa stratégie sur la réforme des retraites, l'élu opère un mea culpa plus général pour embellir son image et se présenter en homme nouveau.

"Oui j'ai connu des échecs, oui j'ai des cicatrices", admet celui qui a quitté la tête de son parti après la déroute de la droite aux dernières élections européennes (8,5%) en 2019.

"J’ai appris à me remettre en question, ça m'a fait beaucoup de bien", confie-t-il, ajoutant avoir également "appris l’importance de l’écoute et de l’humilité". Avant d'estimer que "c'est fondamental quand on veut s'occuper de la destinée d'un pays". Une façon d'avouer à demi-mot sa volonté de briguer l'Élysée.

"L’ambition n’est pas un gros mot" assure l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur. "Mais ça ne doit pas être une ambition autocentrée, où le seul objectif est de monter les marches de l’escalier en oubliant pourquoi on fait de la politique".

"Posture de critique politicienne"

Plus question pour Laurent Wauquiez d'être "abîmé, entraîné vers le bas par une politique médiocre, par l''affrontement politicien et le jeu des petites phrases". Se présentant en opposition à la "posture de critique politicienne", l'élu évite de cogner fort sur Emmanuel Macron, conscient que de nombreux électeurs de droite qu'il espère reconquérir ont basculé du côté des Marcheurs.

Le chef de l'État a "réussi des choses" comme la "baisse du chômage" ou "le redressement de l'apprentissage", reconnaît Laurent Wauquiez. Pour autant, le patron de la région Aura prend également le soin de se distinguer: le président de la République "n'a pas réussi à enrayer la décadence et c'est notre défi", se projette-t-il. Même refrain sur le plan diplomatique. "Emmanuel Macron a réussi à incarner la France à l'international", mais "le poids de la France a continué à s'affaiblir", selon lui.

Baptiste Farge