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Les Républicains

Le début de semaine cauchemardesque de Nicolas Sarkozy

Deux proches en garde à vue, des révélations explosives de son ancien conseiller Patrick Buisson, des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle 2007 et des sondages qui chutent: le candidat à la primaire de la droite traverse une mauvaise passe.

"Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille", disait Jacques Chirac. En ce début de semaine, Nicolas Sarkozy pourrait reprendre la formule de son prédécesseur à son compte, car les ennuis s’accumulent pour l'ancien chef de l'Etat.

Le premier coup est arrivé lundi. Deux proches, l'ancien patron de la police judiciaire parisienne Christian Flaesch, puis quelques heures plus tard l'ancien patron du renseignement intérieur Bernard Squarcini ont été placés en garde à vue par les enquêteurs de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), dans le cadre d'une information judiciaire ouverte notamment pour trafic d'influence. La garde à vue de Christian Flaesch a été levée ce mardi soir, Bernard Squarcini s'apprêtant, lui, à passer une seconde nuit dans les locaux de l'Inspection générale de la police nationale.

Les révélations fracassantes de Patrick Buisson

Mardi matin, ce sont des révélations explosives qui sont venues écorner un peu plus son image. Elles proviennent de celui qui a longtemps été son éminence grise. Mais tombé en disgrâce depuis l'affaire des écoutes clandestines, Patrick Buisson, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, livre aujourd'hui des révélations fracassantes sur l'ancien chef d'Etat dans La cause du peuple, un ouvrage à paraître ce jeudi, sous-titré "L'histoire interdite de la présidence Sarkozy". 464 pages pour une cible: le candidat à la primaire de la droite. 

Au menu: les petites phrases de Nicolas Sarkozy contre son prédécesseur Jacques Chirac, "un type corrompu", celui qui est alors son Premier ministre François Fillon, "un pauvre type". Egalement ce coup de fil, que Nicolas Sarkozy aurait demandé à Patrick Buisson de passer au président du FN Jean-Marie Le Pen entre les deux tours de la présidentielle en 2007, pour lui demander "ce qu'il veut". Mais surtout, selon le politologue et historien, Nicolas Sarkozy aurait sciemment laissé des "bandes de blacks et beurs" agresser des "jeunes blancs" anti-CPE en 2006 pour ensuite pouvoir reprendre le contrôle de la situation face à son rival Dominique de Villepin. 

Distancé par Juppé dans les sondages

Un autre dossier gênant est également revenu sur le devant de la scène ce mardi. Le carnet d'un ex-dignitaire du régime libyen de Mouammar Kadhafi, mentionnant une série de versements au profit de Nicolas Sarkozy au moment de l'élection présidentielle de 2007, a été transmis aux enquêteurs, selon Mediapart.

Enfin, à moins de deux mois de la primaire à droite, son principal rival Alain Juppé accroît son avance, selon un sondage Kantar-Sofres-onepoint publié ce mardi. Le maire de Bordeaux recueille 39% d'intentions de vote au 1er tour, en hausse de 5 points, contre 33% pour Nicolas Sarkozy, en baisse de 1 point. Pire, l'enquête prédit que l'ancien Premier ministre l'emporterait largement au second tour (il attirerait 59% des voix, en hausse de 4 points, contre 41% pour Nicolas Sarkozy, en baisse de 4 points) et ce quel que soit le niveau de participation.

"Ça n'est qu’une confirmation de ses faiblesses"

Pour autant, cette journée noire n'a pas nécessairement de quoi plomber le début de campagne de l'ex-président des Républicains, analyse Stéphane Rozès, politologue et président de Cap (Conseil, Analyse et Perspective).

"Personne ne va penser ‘ah bon, tiens, il lui arrive ça c’est une nouveauté’. Ce n’est pas la première fois qu’il y a des soupçons de financement libyen. Ce n’est pas la première fois que des anciens collaborateurs s’expriment. Ce n’est pas la première fois que des gens de son entourage sont mis en examen ou inculpés", relève le politologue. "Ce qui s'est passé aujourd'hui, explique-t-il, "ça ne fait qu'accentuer une image dissensuelle qui pénalise Nicolas Sarkozy, ça n'est qu’une confirmation de ses faiblesses."

Par le passé, souligne-t-il, les mises en causes de Nicolas Sarkozy ont toujours eu des répercussions immédiates sur les sondages, mais ensuite les choses se rétablissent.

"Jusqu’à présent, les affaires, les difficultés, les mises en cause dans sa carrière ne l’ont pas empêché d’être en mouvement. Le sujet, c’est l’impact de ces mises en cause répétées. Pour l’instant, elles n’ont pas changé les fondamentaux. Il est vu comme combatif, volontaire, courageux. Mais en même temps, avec une incapacité à incarner le rassemblement: quand on pense Sarkozy on pense sans cesse friction. La question, c’est en quoi cette image est adaptée à la primaire, la présidentielle", relève Stéphane Rozès.

Cette succession de difficultés devrait toutefois donner du grain à moudre à ses rivaux. "Ses adversaires vont continuer à mettre en exergue la petite musique selon laquelle c’est un homme politique sulfureux", note Stéphane Rozès.

"On se souvient de Fillon demandant ‘qui imagine le général de Gaulle mis en examen?''.

Violette Robinet