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Immigration: comment Juppé se démarque de Sarkozy

Alain Juppé a fait part de ses idées en matière d'immigration.

Alain Juppé a fait part de ses idées en matière d'immigration. - Franck Fife - AFP

Si l'ancien Premier ministre partage certaines convictions avec l'actuel président de Les Républicains, sa vision diffère grandement quant aux réponses à apporter au sujet de la crise des migrants.

Il a beau être désigné comme le principal adversaire de Nicolas Sarkozy dans la course à la primaire à droite pour 2016, Alain Juppé n'en reste pas moins un militant appliqué. A ce titre, quand le premier cité, président de Les Républicains, consulte les membres de son parti au sujet de l'immigration, l'actuel maire de Bordeaux et ancien Premier ministre se prête derechef à l'exercice. L'occasion, comme vient de le révéler Le Figaro, de noter les différences entre les propositions des deux hommes de droite.

Ainsi, tout ou presque distingue les deux ténors de l'opposition sur cette thématique clé de l'actualité. Sur l'idée d'un "Schengen II", promue de longue date par Nicolas Sarkozy, Alain Juppé reconnaît que le système actuel "ne fonctionne pas correctement" et rappelle qu'il "préconise depuis longtemps un renforcement très significatif des moyens budgétaires et humains consacrés" au contrôle.

"La France ne peut décider seule"

Dans un billet publié ensuite sur son blog ajpourlafrance.fr, l'ancien ministre écrit également: "Quel serait le contenu d'un 'Schengen II'? Cela mérite d'être précisé, d'autant que 28 pays sont concernés et que la France ne peut décider seule."

Autre sujet sur lequel l'ancien ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy se démarque et montre son scepticisme, celui des centres de rétention à l'extérieur de l'Europe. "L'Europe ou la France ne peuvent naturellement pas créer de leur propre initiative des 'centres de rétention' dans des pays souverains comme la Turquie, et encore moins dans des Etats faillis comme la Libye."

"A court terme, il me semble à la fois plus réaliste et plus utile de privilégier le développement de centres (les 'hotspots') au sein de l'Union européenne, dans lesquels seront distingués réfugiés politiques et migrants économiques", a-t-il dit, et ce avec participation de "tous les Etats membres".

Le "souhait de survivre" comme principale motivation

Alain Juppé se montre favorable au rétablissement des contrôles temporaires aux frontières pour les non-Européens "dans certaines situations exceptionnelles", et telles que déjà prévues par le traité. A la question d'une "harmonisation des prestations sociales versées aux étrangers", il estime que "ce n'est pas cela qui attire aujourd'hui le flux des nouveaux arrivants".

"Pour les réfugiés demandeurs d'asile, c'est d'abord le souhait de survivre et d'émigrer dans un pays à l'abri de conflits meurtriers. Pour les migrants économiques, c'est le développement économique de l'Allemagne qui les attire et la perspective de trouver un emploi", poursuit-il.

Sur la question des allocations familiales et des aides aux logements pour les "étrangers", le candidat à la primaire de droite juge que si "restriction" il devait y avoir, "il faudrait le faire dans le respect des engagements internationaux de la France". 

Au sujet d'un "renforcement" des critères de naturalisation, l'ancien Premier ministre estime que "nous avons besoin de tout sauf de textes parlementaires", tout en réaffirmant son attachement à l'"équilibre" de la tradition française qui mixe "droit du sol et droit du sang".

Il juge cependant "possible" et "souhaitable d'encadrer les conditions d'acquisition de la nationalité française, par exemple en cas de condamnation pénale et évidemment pour des actes de terrorisme". Comme l'ancien chef de l'Etat, Alain Juppé est en revanche d'accord pour la mise en place de "plafonds" pour "maîtriser" l'immigration vers la France et diminuer le regroupement familial.

Pas de suppression, mais une réforme, de l'AME

Il est aussi favorable à une "réforme profonde", mais non à une suppression, de l'Aide médicale d'Etat (AME), dénonçant le développement d'un "tourisme médical". Point de divergence connu, il prône l'"intégration" plutôt que "l'assimilation".

Jé. M. avec AFP