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Les Républicains

Européennes: la liste LR crée des remous au sein du parti

Laurent Wauquiez - Image d'illustration

Laurent Wauquiez - Image d'illustration - Philippe Desmazes - AFP

L'intellectuel conservateur François-Xavier Bellamy, choisi pour être tête de liste, sera épaulé par des figures plus modérées et pro-européennes du parti.

Laurent Wauquiez s'est montré habile. Comme l'ont révélé plusieurs médias, les Républicains seront incarnés, aux élections européennes, non pas par une tête de liste mais par un "trio". Un terme répété à l'envi par le président du parti dans une interview accordée au Figaro.

D'abord pressenti pour tenir à lui seul l'affiche, avec toutes les dissensions idéologiques que cela suscitait, l'intellectuel conservateur François-Xavier Bellamy sera finalement épaulé par Agnès Evren et Arnaud Danjean. 

La première, proche de Valérie Pécresse, dirige la fédération LR d'Île-de-France; le second est élu au Parlement de Strasbourg, europhile assumé. Est-ce une victoire de la droite modérée sur l'aile conservatrice du parti? "Oui, ça me paraît évident", reconnaît un membre de l'équipe dirigeante de LR auprès de BFMTV.com. Avec, à l'esprit, les critiques exprimées publiquement par des personnalités telles que Gérard Larcher et Éric Woerth vis-à-vis des positions sociétales de François-Xavier Bellamy.

"Wauquiez fait comme au PS"

"Wauquiez n'a pas tranché la ligne, il a opté pour un concert de sensibilités. Une synthèse, comme au Parti socialiste, en contentant à la fois Pécresse, Retailleau (proche de François-Xavier Bellamy) et le centre droit. Je constate en revanche que les gaullistes euro-critiques, eux, sont écartés. L'idée, donc, c'est d'éviter le débat européen de fond, ce qui à mon avis est une profonde erreur tactique et politique", poursuit cette source.

Robin Reda, député LR de l'Essonne, estime que la venue d'Agnès Evren et d'Arnaud Danjean représente un "infléchissement" opportun. "Laurent Wauquiez veut parler à cette droite attachée à l'Europe", reconnaît-il. Idem pour Renaud Muselier, président de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Un autre élu met toutefois en garde: "Il ne faut pas être dupe. Le fait d'avoir pris Evren, c'est un coup contre Pécresse. C'est une manière de rendre tout le monde responsable de la campagne... et de son résultat." En sachant qu'à l'heure actuelle, la liste LR se porte autour de 12% selon notre dernier sondage Elabe pour BFMTV.

Un ancien cacique du parti abonde: "Ça c'est du Wauquiez, il récupère des gens qui ne sont pas de sa sensibilité en les achetant. Mais ça ne marche qu'un temps, et au final ça aggrave les tensions."

Loin de se satisfaire de la synthèse wauquiezienne, certains ténors comme Jean-Pierre Raffarin ou Roger Karoutchi, vice-président de la Commission nationale d'investiture de LR, expriment aussi en privé leur dépit.

Liste trop parisienne

Ultime reproche: l'absence de figures issues des "territoires". "Au final on se retrouve avec un trio de tête très francilien, et même si on balaye un peu les noms suivants, ce n'est pas très 'France rurale et ouvrière'", ironise un cadre, en évoquant les noms de Rachida Dati, Brice Hortefeux et Nadine Morano, tous anciens ministres de Nicolas Sarkozy.

Député de l'Aveyron (tendance modérée), Arnaud Viala le déplore également. "La détresse actuelle des Français par rapport à leurs institutions, elle est très marquée en province. Un casting aussi parisien, c’est un mauvais signal. Les européennes sont un scrutin perçu comme 'techno'. Et là on est un peu ton sur ton", soupire-t-il auprès de BFMTV.com. 

Le parlementaire LR maintient par ailleurs son regret de voir quelqu'un comme François-Xavier Bellamy, dont les positions sur l'IVG et le mariage pour tous ont suscité de nombreuses critiques, être maintenu en tête de la liste. "Avec d'autres, je me bats tous les jours en interne pour essayer de faire bouger la ligne du parti, déclare-t-il. Je m’aperçois que c’est absolument vain."

Jules Pecnard