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Comptes invalidés à l'UMP: "Le genou droit de la France brisé"

Nicolas Sarkozy pourrait sortir de l'ombre à la faveur de ce séisme politique.

Nicolas Sarkozy pourrait sortir de l'ombre à la faveur de ce séisme politique. - -

L'invalidation des comptes de campagne de l'UMP par le Conseil constitutionnel jeudi a créé un véritable séisme politique au sein du principal parti d'opposition.

L'invalidation des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy par le Conseil constitutionnel jeudi plonge les finances de l'UMP, déjà en grande difficulté, dans un gouffre profond.

L'affaire offre néanmoins un boulevard à Nicolas Sarkozy pour éliminer tous les candidats UMP sur son chemin pour 2017, selon Thomas Guénolé, politologue à Sciences-Po. Décryptage politique.

Fillon, Copé, Sarkozy… Y-a-t-il un gagnant à l'UMP dans cette affaire?

Sans conteste, Nicolas Sarkozy. L'UMP, par la voix de Jean-François Copé, a décidé d'endosser cette perte colossale. Si Nicolas Sarkozy avait dû rembourser lui-même ces 11 millions d'euros, qui ne sont pas une dette du parti, mais bien la dette d'un candidat, sa vie économique et sociale aurait été mise à terre. Désormais, il n'est plus question que du sauvetage de l'UMP et de Nicolas Sarkozy par le peuple de droite.

Nicolas Sarkozy n'est-il pas mis en position de faiblesse par cet appel aux dons?

Ce "Sarkothon" est quitte ou double. Si c'est un échec, Nicolas Sarkozy devra se battre pour gagner sa légitimité en 2017. Si c'est une réussite auprès du peuple de droite, il sera de facto le candidat naturel du parti. Il n'aura plus aucun rival. Il est actuellement dans une stratégie d'abattre chaque obstacle sur sa route, sous la forme de "procès": le peuple de droite représente les jurés, les institutions et les magistrats sont les accusés, et ses lieutenants sont les avocats de la partie civile. Il a "poursuivi" le juge Gentil, il a gagné. Depuis jeudi, il "poursuit" le Conseil constitutionnel. Il suffit de voir le feu roulant des éléments de langage des ténors de l'UMP, très critiques.

François Fillon n'est plus un adversaire à la hauteur?

Il est complètement marginalisé dans ce dossier. François Fillon est un homme excellent en défense et en contre-attaque, mais piètre en attaque. Il n'a pas saisi l'occasion qui se présentait à lui de dénoncer, à juste titre, la gestion des comptes du parti par son rival Jean-François Copé.

Les autres partis doivent-ils s'inquiéter de la décision du Conseil constitutionnel?

Oui, c'est extrêmement inquiétant, car ça peut arriver à n'importe quel parti. L'invalidation du remboursement intégral des frais de campagne pour un léger dépassement met en péril la vie politique. Certes, le Conseil constitutionnel n'a fait qu'appliquer les règles, mais les règles sont stupides. Il faudrait une marge de tolérance autour de la barrière.

Pourquoi cela met-il en danger la vie politique, selon vous?

Les prochaines campagnes d'opposition de l'UMP risquent d'être faibles, dans un contexte de poussée du FN, qui, lui, est totalement viable financièrement. La France marche sur deux jambes, le PS et l'UMP. Le Conseil constitutionnel vient de prendre une batte et de briser le genou droit. Méfions-nous dès lors de la montée des extrêmes.

Alexandra Gonzalez