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Les régionales à peine bouclées, la bataille présidentielle peut commencer

Emmanuel Macron et Xavier Bertrand à Douai ce lundi.

Emmanuel Macron et Xavier Bertrand à Douai ce lundi. - Ludovic Marin

Au lendemain du second tour des élections régionales de dimanche, c'est déjà la présidentielle qui perce ce lundi. Le tableau est le suivant: une droite en bonne posture mais qui pourrait se déchirer, Marine Le Pen et Emmanuel Macron qui se projettent malgré la défaite de leur camp, et un PS requinqué qui se rêve à nouveau leader de la gauche.

Les élections régionales sont à peine bouclées que la bataille pour la présidentielle démarre: Emmanuel Macron était dès ce lundi sur les terres de Xavier Bertrand, candidat déclaré pour 2022, qui appelle de son côté ses homologues de droite à le rallier. L'une d'entre eux, la présidente de l'Ile-France Valérie Pécresse, n'exclut pas de se lancer elle-même après l'été, comme elle l'a annoncé sur notre antenne. Avec une abstention vertigineuse - autour de 66% -, difficile de tirer des enseignements du second tour de ce scrutin local pour la présidentielle, soulignent toutefois les politologues.

"Ce que certains vont présenter comme le retour de la gauche et de la droite ne se traduit pas dans les sondages pour 2022. Les élections sont de plus en plus déconnectées les unes des autres", souligne Chloé Morin, politologue associée à la Fondation Jean-Jaurès, auprès de l'AFP.

Comme en 2015, le RN a échoué à emporter une région, y compris Paca, qui était sa meilleure chance: le LR sortant Renaud Muselier, qui avait reçu le renfort de LaREM dès le premier tour, a bénéficié pour le deuxième du retrait du candidat écologiste et l'a emporté avec plus de 57% des suffrages devant le RN Thierry Mariani.

Défaite pour la macronie

Les présidents sortants sont, eux, confortés, tous réélus dans les treize régions métropolitaines, qu'il s'agisse de la droite et du centre (sept régions) ou de la gauche (cinq régions), qui peut même se targuer de voir la Réunion basculer dans son escarcelle. Pour LaREM, c'est la déroute, le parti présidentiel ayant été absent au premier tour en Paca, éliminé dans les Hauts-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes ou en Occitanie, et n'affichant que de faibles scores là où il est parvenu à concourir. Mais Emmanuel Macron semble résolu à vite tourner la page pour se projeter dans la campagne de 2022.

Occupant le terrain économique, il a visité dès lundi matin une usine de batteries électriques à Douai, dans le Nord, notamment en compagnie de... Xavier Bertrand. "Félicitations et heureux de vous retrouver ici", a lancé le président à Xavier Bertrand à son arrivée, avant de répondre au président de région fraîchement réélu qui l'interrogeait sur "l'abstention": "Elle dit beaucoup de choses. On aura tous à en tirer les conséquences".

La droite dans les starting-blocks

Xavier Bertrand avait conditionné la concrétisation de ses ambitions présidentielles à sa réélection à la tête de sa région. Pari tenu, avec plus de 52% dimanche après avoir "plié le match" dès le 1er tour.

Dès dimanche soir, il a dit vouloir aller à "la rencontre de tous les Français", alors que pour lui "la présidentielle est désormais un match à trois", le match "à deux" Macron/Le Pen ayant "du plomb dans l'aile". Et tôt lundi matin, il a appelé la présidente réélue de l'Ile-de-France Valérie Pécresse (Libres!, ex-LR) et son homologue en Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR) à former "une belle équipe" avec lui pour 2022. Réponse de Valérie Pécresse dans la foulée sur BFMTV: "Pour moi tout commence aujourd'hui".

Notant, toujours sur notre antenne, qu'"il n'y a pas d'homme providentiel aujourd'hui", Valérie Pécresse (45,9% dimanche contre 33,7% à la liste d'union de la gauche emmenée par l'écologiste Julien Bayou) veut "réfléchir cet été" et "consulter pour la suite" avant de décider d'une éventuelle candidature à la rentrée. Elle prône d'ici là un travail "collectif" de la droite et du centre "pendant la période estivale" pour "définir ensemble les règles du jeu" qui permettront de choisir un candidat commun pour 2022.

Autre prétendant possible à droite pour 2022, Laurent Wauquiez a été réélu haut la main en Auvergne-Rhône-Alpes, avec un score de 55,17% contre 33,65% à la liste d'union de la candidate écologiste Fabienne Grébert. La droite peut enfin aussi se satisfaire des victoires de Jean Rottner (40,30%) dans le Grand Est et Hervé Morin (44,26%) en Normandie. Au RN, qui espérait briser le plafond de verre et enclencher une dynamique en vue de la présidentielle, la présidente Marine Le Pen a donné "rendez-vous aux Français, dès demain, pour construire tous ensemble l'alternance dont la France a besoin".

Le PS "force motrice"?

A gauche, requinquée après ces élections, le numéro un du PS Olivier Faure considère que son parti est désormais "la force motrice" pour rassembler la gauche et les écologistes en 2022. "La réalité c'est que quand l'accord se réalise (entre écologistes et socialistes, NDLR), il y a un plafond de verre, ou même un plafond vert, ce qui fait que les socialistes sont aujourd'hui les plus crédibles pour conduire ces rassemblements", a-t-il jugé sur RMC au vu des résultats de dimanche.

Alain Rousset en Nouvelle-Aquitaine (39,5%), Carole Delga en Occitanie (57,8%), François Bonneau en Centre-Val de Loire (39,15%), Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté (42,2%) et Loïg Chesnais-Girard en Bretagne (29,8%) ont tous fini en tête, même si ce dernier n'aura qu'une majorité relative.

R.V. avec AFP