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Le parcours de Simone Veil auprès des Présidents, de Giscard à Sarkozy

Simone Veil et Nicolas Sarkozy en avril 2007

Simone Veil et Nicolas Sarkozy en avril 2007 - DOMINIQUE FAGET / AFP

Européenne convaincue et féministe, Simone Veil est morte ce vendredi à l'âge de 89 ans. Cette figure emblématique de la vie politique française a accompagné le parcours de plusieurs anciens présidents de la République.

Grande figure de la vie politique française, Simone Veil est morte vendredi matin à 89 ans. Aux yeux des Français, elle incarnait la ministre qui s'est battue contre la pénalisation de l'IVG après avoir survécu à la Shoah. Elle a aussi joué un rôle actif auprès de plusieurs chefs d'Etat. De Valéry Giscard d’Estaing à Nicolas Sarkozy, en passant par Jacques Chirac, Simone Veil a servi la France aux côtés de plusieurs présidents de la Ve République.

VGE la nomme ministre de la Santé

Secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Simone Veil se tourne vers la politique en 1974. Là, pendant la campagne présidentielle, elle s'affiche aux côtés de Jacques Chaban-Delmas. Mais c'est son adversaire, Valéry Giscard d’Estaing qui sortira victorieux de cette course à l'Elysée. Il propose alors le poste de ministre de la Santé à Simone Veil, qui devient la première femme à occuper ce poste en France. 

"On m'avait parlé d'elle. Ce n'est pas un choix politique", souligne Valéry Giscard d'Estaing, au micro de BFMTV ce vendredi. "Elle avait montré une grande compétence, et une grande indépendance d'esprit. (...) Le ministère de la Santé était un poste très difficile avec le débat sur l'IVG à venir. Et je souhaitais que ce soit une personnalité forte et représentative qui conduise ce débat".

Dans ce ministère, elle incarne l'une des réformes majeures du quinquennat. Celle de la légalisation de l'IVG, en 1974. Le Premier ministre d'alors, Jacques Chirac, dit de pas comprendre l'urgence de cette loi: "Les femmes se sont toujours débrouillées, elles continueront". Pour autant, dans son autobiographie Une vie, l'ancienne ministre souligne que "Jacques Chirac n'a pas ménagé son soutien à (s)on égard et a tout mis en œuvre pour que la loi soit votée". 

Elle rend hommage à Chirac en 2005

Vingt ans plus tard, l'ancien Premier ministre se présente à l'élection présidentielle. Simone Veil continue à prendre position publiquement et soutient Édouard Balladur dans la course à l'Élysée. En 1995, entre les deux tours, elle annonce son ralliement à Jacques Chirac tout en soulignant se situer "légèrement ailleurs". Dans la foulée, elle adhère à l'UDF pour s'en aller deux ans plus tard. Elle raconte avoir été poussée dehors par François Bayrou, avec lequel elle entretenait des relations exécrables.

Après ce bref épisode dans un parti politique, Simone Veil n'a jamais repris une carte d'adhérente. "Je ne m'en suis pas plus mal portée, je n'ai jamais eu le désir de faire carrière", a-t-elle écrit dans son autobiographie Une vie. Ce qui ne l'empêchait pas, quand elle le jugeait nécessaire, d'intervenir dans le débat public. En 2005, elle rend hommage à Jacques Chirac, après que celui-ci a admis la responsabilité de la France dans la rafle du Vél' d'Hiv.

"J'ai toujours été présente dans le rassemblement centriste", expliquait-elle en soulignant son refus total, "à quelque prix que ce soit", d'une alliance avec le Front national. 

Elle s'affiche aux côtés de Sarkozy en 2007

Deux mandats plus tard, Nicolas Sarkozy se présente à son tour, pour briguer l'Elysée. "Il faut savoir choisir et Bayrou, c'est pire que tout", soulignait-elle. Dans la foulée elle annonce son soutien à Nicolas Sarkozy sans manquer de critiquer sa volonté de créer un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale.

Proche d'anciens Présidents français de droite, cette résistante n'avait pas hésité à défendre des positions plus marquées à gauche, notamment sur l'immigration, la natalité ou l'homosexualité. "'Que diriez-vous si votre fils vivait avec un homme?", lui avait-on demandé. "Je l'invite à dîner", avait-elle répondu. Pourtant, en 2013, elle descend dans la rue, aux côtés des manifestants anti-mariage pour tous qui défilaient près de son domicile.

Elodie Hervé