Le gouvernement veut un fichier des allocataires sociaux

Persuadé que c’est « la meilleure façon de renforcer la lutte contre les fraudes fiscales », le ministre du Travail et de la Santé, Xavier Bertrand, va mettre en place un fichier unique des allocataires sociaux d'ici la fin de l'année. Une idée que certains contestent…

Il y aura un fichier unique des allocataires sociaux d'ici la fin de l'année. Xavier Bertrand, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, l'a annoncé ce dimanche. C'est selon lui « la meilleure façon de renforcer la lutte contre des fraudes fiscales ». Il reprend une idée émise en juin dernier par le député UMP des Bouches-du-Rhône Dominique Tian. Et Xavier Bertrand avance des chiffres : selon lui, la lutte contre la fraude sur les prélèvements telles que les cotisations patronales ou salariales non versées en raison du travail au noir, a permis de récupérer un peu plus de 10 milliards d'euros en 2010, soit 10% de plus que l'année précédente.

« C’est facile de dire qu’on s’en prend aux pauvres »

Pour Dominique Tian, qui a imaginé ce fichier, pas de doute, c’est important que les gens soient répertoriés pour mieux servir ceux qui en ont vraiment besoin : « C’est important que tous les réseaux sociaux sachent que telle ou telle personne bénéficie de telle ou telle allocation. Est-ce compatible, normal, raisonnable… ? La France se caractérise quand même par plus de 1000 versements de prestations sociales différentes. Ça évitera des abus manifestes. Je pense que l’on pourra économiser quelques centaines de millions d’euros. C’est toujours facile, par naïveté ou angélisme, de dire que l’on s’en prend toujours aux pauvres. En vérité, on s’en prend aux pauvres quand on ne gère pas le système social. Quand on fait bien les choses, ceux qui ont le droit au système social, sont au contraire mieux indemnisés ».

« Les fichiers sont toujours dangereux »

Jean-Michel Baylet, président du Parti Radical de Gauche, est contre la création de ce fichier : « Les fichiers c’est toujours dangereux. Les libertés publiques sont d’une certaine manière menacées parce qu’à tout moment nous sommes surveillés. Et il n’y a pas besoin de le claironner sur la place publique. Il faut que chacun fasse bien son travail. En tant qu’employé municipal, je ferais des vérifications quant au RMI, au RSA, mais je ne fais pas des communiqués de presse pour l’annoncer. N’essayons pas de stigmatiser une partie de la population, en l’occurrence les pauvres, en disant que se sont des profiteurs parce que ce sont quand même généralement des gens en grandes difficultés ».

La Rédaction avec Amandine Dubiez