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"Le flou n'est pas un projet": Hollande dénonce "le centrisme opportuniste" de Macron

François Hollande le 7 mai 2022 à l'Elysée

François Hollande le 7 mai 2022 à l'Elysée - GONZALO FUENTES / POOL / AFP

L'ancien président n'est pas tendre avec l'actuel locataire de l'Élysée. Il voit dans sa réélection un vote pour "éviter le pire sans adhérer à son projet". "De guerre lasse, l'extrémisme l'emportera" en 2027, menace-t-il.

François Hollande sort la sulfateuse pour critiquer Emmanuel Macron. À l'occasion de la sortie de son nouveau livre, Bouleversements, l'ancien président de la République porte un regard sévère sur son ancien ministre de l'Économie.

"C'est un centrisme opportuniste qui conduira cahin-caha la marche claudicante du pays", avance-t-il dans son ouvrage pour qualifier la vision de la politique présidentielle.

"Pas de grand débat d'idée, pas de crédibilité"

Dans un long entretien à L'Express, le socialiste se veut encore plus dur, jugeant que "le flou n'est pas un projet".

"L'adaptation aux circonstances est au mieux un pragmatisme de bon aloi. (...) L'élection présidentielle a été un rendez-vous manqué. Il n'y a pas eu de grands débats d'idées et la crédibilité des programmes a été évacuée", ajoute encore l'ex-chef de l'État.

Avant de citer pêle-mêle différents éléments de la campagne d'Emmanuel Macron comme la retraite à 65 ans, la réforme du RSA et la suppression de la redevance télé et de les juger "pas au niveau des enjeux".

Le CNR, "nouveau machin" de Macron

François Hollande se montre également dubitatif sur le lancement du Conseil national de la refondation ce jeudi. Le président veut pourtant y présenter "une nouvelle méthode de gouvernance" en réunissant partenaires sociaux, associations et partis politique.

"Je ne suis pas sûr qu'il faille recréer une institution. Il y a déjà le Conseil économique, social et environnemental. Pas besoin d'un nouveau "machin", mais je jugerai à l'expérience", explique encore l'ex-locataire de l'Élysée.

Les oppositions n'ont pas non plus été convaincues, boycottant toutes l'évènement. Gérard Larcher, le président du Sénat ne sera pas non plus présent, tout comme la CGT et FO.

"L'extrêmisme l'emportera"

François Hollande se montre également inquiet de la prochaine échéance présidentielle à laquelle Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter, voyant se dessiner l'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen.

"Le risque majeur serait que (...) tous les cinq ans, les citoyens soient sommés de choisir le candidat ou la candidate pour éviter le pire, sans pour autant adhérer à son projet. Car à un moment, de guerre lasse, l'extrémisme l'emportera", analyse encore l'ancien dirigeant.

"Ma seule responsabilité, c'est d'avoir gouverné le pays"

Pas question cependant pour l'ex-président d'y voir une part de responsabilité, après 5 ans d'un quinquennat très compliqué politiquement, émaillé d'incidents avec sa majorité et à l'issue duquel il n'a pas réussi à se représenter.

"Je n'ai pas été candidat, ni en 2017 ni en 2022. La seule fois où je l'ai été, j'ai été élu. Ma seule responsabilité, c'est d'avoir gouverné le pays", défend le sexagénaire.

Le patron de la France insoumise est également la cible des flèches de François Hollande dont plusieurs proches comme Bernard Cazeneuve, son ancien Premier ministre, ont quitté le parti socialiste pour dénoncer l'accord entre la France insoumise et le Parti socialiste lors des législatives.

"Mélenchon refuse la réalité"

Ce dernier a d'ailleurs dénoncé un parti "toutouisé" dans le Journal du dimanche ce week-end tout en lançant un "manifeste" pour refonder la gauche.

"Pour avoir des voix, Jean-Luc Mélenchon refuse de se heurter à un certain nombre de réalités (l'islamisme prosélyte), il reste silencieux sur certains sujets (l'antisémitisme), voire il se montre complaisant (en parlant d'une police qui tuerait)", tance-t-il.

Tout en affirmant ne "plus être dans les affaires partisanes" dans cet entretien, François Hollande ne ferme pas la porte à un éventuel retour, affirmant que de "nombreuses pages" sont "à remplir". Il avait déjà tenté un retour à l'hiver dernier face aux difficultés de la candidature présidentielle d'Anne Hidalgo. Sans succès.

Marie-Pierre Bourgeois