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Premier "campus" d'été de LaREM: la macronie tente de démarrer, elle aussi, son "Acte II"

Le président du groupe La République en marche à l'Assemblée nationale Richard Ferrand, lors d'un meeting de campagne pour les élections législatives, le 23 mai 2017 à Aubervilliers. (Photo d'illustration)

Le président du groupe La République en marche à l'Assemblée nationale Richard Ferrand, lors d'un meeting de campagne pour les élections législatives, le 23 mai 2017 à Aubervilliers. (Photo d'illustration) - Geoffroy van der Hasselt - AFP

Les troupes du parti présidentiel, ses cadres et les membres du gouvernement se réunissent ce week-end à Bordeaux pour faire leur rentrée, à six mois d'élections municipales qui s'annoncent compliquées pour les macronistes.

Faire du vieux avec du neuf. Ou l'inverse. Alors que la première université d'été de La République en marche s'ouvre ce samedi à Bordeaux, les troupes macronistes essaient de trouver leur tempo, leur grammaire partisane. En recourant au format éculé de l'université d'été, sans reprendre le terme. Une valeur sûre. Après un été où leur chef a pourtant su tirer profit de l'actualité internationale pour rebâtir une stature écornée par les gilets jaunes, le mouvement présidentiel éprouve pourtant du mal à atteindre sa maturation.

Un détail qui en dit long: moins du tiers des membres du groupe LaREM de l'Assemblée nationale (qui compte plus de 300 députés) devrait faire le déplacement. "Il y en a à peine 100 qui sont inscrits. Et parmi ceux-là, il y en a qui peuvent décommander au dernier moment", soupire un macroniste en vue.

"Beaucoup sont en circonscription sur les forums des associations ou autres événements locaux de rentrée très importants. Et ils auront leurs journées parlementaires le 19 septembre", tente de justifier un autre.

Villani gâche la rentrée

Quelle que soit l'affluence ce week-end (3000 personnes sont attendues), il faut dire que ce "campus des territoires" survient à la fin d'une semaine compliquée pour la majorité.

"Cette séquence est complexe, car il ne vous aura pas échappé que le mouvement a connu une fracture importante à Paris", glisse un cadre de LaREM à BFMTV.com.

La candidature dissidente de Cédric Villani dans la capitale, véritable gifle assénée à Benjamin Griveaux, a effectivement marqué les esprits. Au QG mercredi, lors de la déclaration officielle du mathématicien, les marcheurs présents étaient agglutinés devant l'écran de télévision situé au rez-de-chaussée. 

Pour un autre marcheur de haut rang, ce genre de réflexe est en total "décalage avec la stratégie pertinente qui serait de l'ignorer". "En faisant ça, le mouvement montre sa fébrilité", nous confiait-il le 4 septembre. 

Fâcheries entre alliés

Fébrile, LaREM l'est sur plusieurs tableaux. D'abord, les élections municipales prévues en mars vont s'avérer difficiles pour un mouvement en quête d'enracinement et qui, de surcroît, peine à juguler les ambitions de certains marcheurs locaux. De quoi agacer souverainement les alliés centristes du MoDem, favorables à une approche pragmatique avec les maires sortants Macron-compatibles, qu'ils soient étiquetés Parti socialiste ou Les Républicains.

Les macronistes espèrent que François Bayrou, qui viendra s'exprimer dimanche à Bordeaux, saura faire preuve de rondeur quand bien même LaREM a préféré investir Thomas Cazenave plutôt que soutenir Nicolas Florian, qui travaille avec le MoDem dans sa mairie. Autre motif d'amertume du maire de Pau: l'envoi à Bruxelles de Sylvie Goulard, dont le départ du gouvernement au début du quinquennat, après l'éclatement de l'affaire des assistants parlementaires européens MoDem, avait contraint François Bayrou et Marielle de Sarnez à faire de même.

Pour compenser, les marcheurs se réjouissent de la venue de représentants d'autres partis amis, comme le sénateur UDI du Nord Olivier Henno. Par ailleurs, le mouvement de jeunesse de LaREM fondé par Pierre Person, Les Jeunes avec Macron, se démène pour politiser ses adhérents, avec force ateliers de simulation et de préparation des argumentaires pour les municipales. 

Nouveaux statuts

La République en marche est également confrontée à l'enjeu de ses statuts, dont une nouvelle mouture, plus décentralisatrice et conforme aux attentes de "la base", sera présentée samedi. "On les refait tous les ans, ça montre bien qu'on n'arrive pas à se mettre d'accord sur les trucs juridiques", peste un député. 

"Au Parti socialiste, chaque congrès était l'occasion d'une révision des statuts", rappelle de son côté un ex-PS venu rejoindre les rangs macronistes. Il poursuit:

"Au lendemain de la présidentielle, on a fait les choses à l'envers, avec un chef d'État élu qui obtient une majorité avant que le mouvement ne soit structuré. On a fait ça de manière extrêmement verticale. Pour un jeune parti, c'est très difficile d'avoir une organisation décentralisée, a fortiori quand la quasi totalité de ses cadres et ses référents deviennent députés."

Au programme notamment, la mise en place d'un dispositif consistant à faire élire, par les adhérents, les animateurs des comités locaux de LaREM. Animateurs qui, bientôt, devraient agir en binôme femme-homme. "De la base au sommet, la parité doit être présente. On sera le premier mouvement à le faire", se félicite un cadre. La démocratie locale est par ailleurs censée être renforcée, avec une plus grande implication des adhérents dans les choix stratégiques et politiques du mouvement. Certains, comme le médiatique député du Val-d'Oise Aurélien Taché, entendent faciliter la création de courants au sein de LaREM, ce que souhaite éviter la direction.

"Les statuts évoluent avec le temps politique. Après l'Acte II du président Macron, il y a l'Acte II du mouvement, qui doit être celui des territoires, notion qui n'existait pas dans les précédents statuts", explique un cadre. Et d'ajouter: "Ce deuxième temps, c'est celui de la maturité."
Jules Pecnard