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La France Insoumise

"Parler dur et cru": la stratégie de Mélenchon pour convaincre les abstentionnistes analysée par un sondeur

Jérôme Fourquet, directeur département "Opinions et stratégies d'entreprise" à l'Ifop, sur BFMTV-RMC le 24 novembre 2023

Jérôme Fourquet, directeur département "Opinions et stratégies d'entreprise" à l'Ifop, sur BFMTV-RMC le 24 novembre 2023 - BFMTV

Jérôme Fourquet, directeur du département "Opinion et stratégies d'entreprise" de l'Ifop, juge sur BFMTV-RMC que le leader de LFI clive dans le but de convaincre les abstentionnistes des quartiers populaires, un électorat où il se distingue de ses concurrents.

Jérôme Fourquet se veut "prudent" et "modeste" dans "les projections" sur la présidentielle 2027 mais le directeur du département Opinion de l'Ifop est clair dans son analyse de la stratégie de Jean-Luc Mélenchon.

Si le leader de La France insoumise clive autant, c'est pour convaincre "l'armée de réserve" des abstentionnistes des quartiers populaires, explique-t-il ce vendredi 24 novembre sur BFMTV-RMC. "Or, pour "dégeler cet électorat abstentionniste, il faut parler, comme il le dit, dur et cru", relève le sondeur.

Le "vote utile" à la fin des fins

Quitte donc à faire l'unanimité contre lui, y compris à gauche, comme l'ont montrés plusieurs événements ces derniers mois, que ce soit la mort de Nahel par un tir policier ou la guerre entre le Hamas et Israël.

Le triple candidat à la présidentielle considère que "les pertes" sur son centre-gauche ne seraient que "provisoires", d'après Jérôme Fourquet. Se voyant comme le "meilleur candidat de la gauche", l'insoumis de 71 ans serait convaincu de pouvoir retourner la tendance pour que cet électorat bascule finalement dans "le vote utile".

"Élargir son noyau dur"

Le passé lui donne des raisons d'y croire. Dans la dernière ligne droite de la présidentielle 2022, Jean-Luc Mélenchon avait creusé l'écart avec les autres forces de gauche, avant de les reléguer loin derrière lors du verdict élyséen: 21,95% des voix pour lui, à quelque 400.000 bulletins du second tour, quand aucune des autres forces de gauche n'avait dépassé les 5%.

"Donc lui, ce qui l’intéresse, c’est d’aller conquérir et d’élargir son noyau dur", reprend Jérôme Fourquet, qui rappelle les scores importants du tribun dans "les quartiers populaires et les banlieues", citant ses "60% à Trappes" ou ses "45% en Seine-Saint-Denis" au premier tour de la présidentielle.

Dès lors, l'ancien sénateur, qui a théorisé "la France créolisée" s'adresse à cet électorat-là. Jérôme Fourquet prend un exemple récent: un tweet récent où lors, d'une manifestation pour la cause palestinienne, Jean-Luc Mélenchon publie un cliché du rassemblement et écrit: "Voici la France".

"Fragilité"

Quid du reste de l'échiquier politique? Les macronistes pourraient être éliminés dès le premier tour de la présidentielle 2027, selon l'auteur de "La France d'après. Tableau politique". Sans établir de constat définitif, il pointe une "fragilité": l'absence d'Emmanuel Macron.

Soit le "ciment" et "l'architecte" de cette "coalition hétéroclite" qui forme le "bloc central". Déjà élu président de la République en 2017 et 2022, le chef de l'État ne pourra pas se représenter lors de la prochaine échéance.

Pour autant, certains éléments pourraient permettre au camp présidentiel de conserver de la "cohésion" et de la "cohérence", d'après Jérôme Fourquet. Que ce soit sur un "agenda de réforme", "l'attachement à la construction européenne", ou la "peur d'une "victoire potentielle des extrêmes" qui agite l'opinion.

Pour l'instant, Jean-Luc Mélenchon a fait part de son désir d'être "remplacé", sans jamais fermer explicitement la porte à une quatrième candidature à la présidentielle. Récemment, ses proches affirmaient qu'il restait le mieux placé en vue de 2027.

Baptiste Farge