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La France Insoumise

Attaques du Hamas contre Israël: La France insoumise et Mélenchon critiqués de toutes parts

Jean-Luc Mélenchon, le 15 mars 2023, à Chevilly-Larue

Jean-Luc Mélenchon, le 15 mars 2023, à Chevilly-Larue - EMMANUEL DUNAND / AFP

Le leader de LFI et son mouvement reçoivent de nombreuses critiques en raison de leur prise de position au sujet de la guerre en Israël.

Vendredi dernier, La France insoumise s'embourbait autour du cas de Sophia Chikirou, mise en cause pour ses méthodes de gestion. Deux jours plus tard, les insoumis se retrouvent en pleine tempête, seuls contre le reste de la classe politique française, cette fois-ci au sujet de leur position sur les attaques du Hamas contre Israël ce samedi.

Dans son communiqué de samedi, le mouvement a écrit: "L'offensive armée de forces palestiniennes menée par le Hamas intervient dans un contexte d'intensification de la politique d'occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est".

Sans parler de terrorisme donc. Il est également reproché aux insoumis de mettre sur le même plan Israël et le mouvement islamiste palestinien.

"Accablé"

Depuis Bordeaux, où BFMTV l'a interviewée, la Première ministre Élisabeth Borne a sévèrement attaqué LFI. Évoquant des "ambiguïtés" ou de la complaisance", elle est allée jusqu'à affirmer que LFI fait preuve d'un "antisionisme" qui peut être "une façon aussi de masquer de l'antisémitisme".

En retour, Jean-Luc Mélenchon l'a accusée de "profite[r] de la guerre au Moyen-Orient pour mener sa guerre contre LFI". Puis, a relayé un tweet où le pape François appelle à ce "que les attaques et les armes cessent".

Plaidant en faveur d'un "cessez-le-feu", le tribun y a vu un renfort de poids, et a questionné: "Madame Borne dira-t-elle que le pape est ambigu?"

"Relativisme insupportable"

Ce lundi, la pression ne redescend pas et les insoumis sont ciblés de toutes parts. Le président du Rassemblement national Jordan Bardella s'est dit "accablé" sur BFMTV, avant de marteler: "Il n'y a pas de 'condamnation mais', il n'y a aucune justification à ce qui s'est déroulé".

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a lui dénoncé un "égarement" sur les ondes de Sud Radio, pendant que son homologue du Travail, Olivier Dussopt, a déploré une "confusion" et une "relativisme insupportable" de LFI sur Public Sénat.

"Israël est agressé et le Hamas est l'agresseur", insiste-t-il.

L'ancien président de la République François Hollande est lui aussi monté au créneau. "La première chose qu'avaient à faire Jean-Luc Mélenchon et ses proches, c'était de condamner l'attaque terroriste", a-t-il estimé sur France Inter.

Et d'ajouter: "Puis après, on peut trouver les causes, avoir des commentaires".

"Nous sommes pro-israélien, pro-palestinien"

Isolée, La France insoumise a envoyé le premier cercle de Jean-Luc Mélenchon au front.

"Je suis Israélien, Palestinien, du côté de tous ces peuples qui souffrent depuis des décennies de ce conflit", a assuré le coordinateur de LFI Manuel Bompard, sur France 2 ce lundi matin.

Même son de cloche du côté de son collègue insoumis Aurélien Saintoul.

"Nous sommes pro-israélien, pro-palestinien parce que nous défendons l'idée de deux États et parce que nous sommes pro-paix", a-t-il dit sur BFMTV.

Manuel Bompard a néanmoins opéré un changement de ton. Le député des Bouches-du-Rhône a condamné clairement "les crimes de guerres commis par le Hamas". Tout en faisant de même avec ceux qui sont le fait de "l'État israélien à l'égard des Palestiniens depuis des années".

Une division de plus à gauche

LFI "assume", par la voie de son coordinateur, un désaccord avec la "diplomatie française".

"La position de la France ne peut pas être alignée sur celle du gouvernement de l’extrême droite israélienne qui va se traduire par plus de morts, de souffrances", a martelé Manuel Bompard.

Quant aux accusations "d'antisémitisme", il les juge "ignobles" et appelle ses détracteurs à "porter plainte" affin d'aller au bout de leur démarche pour ce qui constitue un délit.

Voilà pour la riposte. Suffira-t-elle? Le front est large, les réactions se multipliant également au sein de la Nupes, notamment du côté du Parti socialiste. Le député PS Jérôme Guedj a par exemple posé la question de de l'avenir des roses dans la Nupes. Une brèche de plus dans une alliance des gauches qui n'en finit plus de se déchirer ces derniers jours.

Baptiste Farge