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"Le bébé dans le four, ça a été fait par Israël": propos polémiques du député LFI David Guiraud, l’élu s’explique

Lors d'une conférence à Tunis ce vendredi, David Guiraud a mis en avant les fausses informations qui ont circulé après les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre. Accusé de "négationnisme", il affirme sur BFMTV n'avoir "jamais remis en cause le fait qu'il y avait eu des massacres" en Israël.

Le député La France insoumise David Guiraud accusé de "révisionnisme" et de "négationnisme" sur les attaques menées par le Hamas en Israël le 7 octobre. L'élu participait ce vendredi 10 novembre à une conférence à Tunis, en Tunisie, intitulée "Peut-on encore défendre les Palestiniens en France?". À ses côtés, Rima Hassan, juriste et activiste franco-palestinienne, et le journaliste et militant Taha Bouhafs, ce dernier modérant l'échange.

"On a des responsables politiques en France, qui ont complètement avalé, gobé, tous les éléments de langage de la propagande d'un état colonial en train de réaliser un nettoyage ethnique", a dénoncé l'élu lors de la conférence d'une heure.

"Quel droit?"

Depuis plusieurs semaines, la position du gouvernement français au sujet du conflit entre Israël et le Hamas est qu'"Israël a le droit de se défendre" face aux attaques menées par le Hamas sur son sol le 7 octobre, qui ont fait plus de 1.000 morts, mais que cette défense doit être faite dans le respect du droit international.

Pour David Guiraud, cette position n'est pas adaptée, alors qu'Israël bombarde sans relâche la bande de Gaza, après l'avoir placée en état de "siège complet" le 9 octobre, y entraînant une grave crise humanitaire.

"'Israël a le droit de se défendre', alors celle-là c'est... Le droit, mais quel droit vous donne ça, quel droit? Le droit international? Non...", affirme-t-il.

La question des "boucliers humains"

Le député a aussi cité la position d'Israël face aux victimes civiles palestiniennes de son conflit avec le Hamas (qui donne un chiffre de plus de 10.000 morts dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre). Israël estime que "le Hamas utilise les Palestiniens comme des boucliers civils". La France n'utilise pas le terme de "bouclier" dans ses déclarations officielles sur la guerre entre le Hamas et Israël. La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a plutôt dénoncé un "chantage (...) abject" de la part du Hamas sur la question des otages retenus par l'organisation depuis le 7 octobre.

"Mais attendez, les boucliers humains, c'est Israël qui l'a utilisé, ça, on le sait ça, c'est prouvé", a déclaré le député David Guiraud à Tunis.

Selon l'ONG israélienne de défense des droits humains dans les territoires occupés B'Tselem, "depuis le début de l'occupation en 1967, les forces de sécurité israéliennes ont à maintes reprises utilisé les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza comme boucliers humains, leur ordonnant d'effectuer des tâches militaires au péril de leur vie".

Des rumeurs sur les attaques en Israël

Le député insoumis cite ensuite "le bébé dans le four", une rumeur sur les attaques du 7 octobre qui n'a jamais été confirmée, affirmant que de telles actions ont été commises, "en effet, par Israël". Comme il le montre dans un autre tweet, le député tient ces informations du témoignage d'Othman Akel, dans le documentaire 1948: Creation & Catastrophe. Othman Akel raconte le massacre mené en 1948 par des groupes paramilitaires sionistes dans le village de Deir Yassin, à côté de Jérusalem, et dit avoir assisté à une scène où des soldats ont "jeté" un enfant et son père dans un four.

"La maman éventrée... Ça a été fait, c'est vrai, par Israël", dit encore David Guiraud. Une référence à une déclaration sur le 7 octobre qui n'a pas pu être vérifiée, celle d'un rabbin qui a déclaré à l'AFP avoir vu "une femme enceinte dont le ventre était éventré et le bébé arraché" à l'institut médico-légal de Tel-Aviv.

David Guiraud "reconnaît un raccourci" dans un tweet de ce samedi, puisqu'il évoquait une femme enceinte éventrée lors du massacre de Sabra et Chatila, des camps au Liban où des milices chrétiennes ont tué des réfugiés Palestiniens en 1982. Mais il souligne aussi la responsabilité indirecte de dirigeants israéliens dans ce massacre, qui a été reconnue par un rapport israélien en 1983.

"Négationnisme", "révisionnisme"...

Enfin, l'élu affirme qu'"il y a une montée de l'antisémitisme en France, il y a une montée des tensions, c'est vrai". Il mentionne ensuite la forte couverture médiatique des tags d'étoiles de David découverts fin octobre à Paris et en banlieue, pour lesquels l'intention antisémite n'a pas encore été mise en évidence par l'enquête: "on nous a dit, la preuve de la montée de l'antisémitisme, c'est ça", ironise-t-il.

Plusieurs personnalités et organisations ont dénoncé les propos de David Guiraud, comme le sénateur LR Stéphane Le Rudulier qui l'a accusé de "négationnisme". La Licra a jugé que le député "montre que l'on peut être ceint d'une écharpe tricolore et se comporter comme un voyou" et a annoncé saisir sa commission juridique "au sujet des propos ignobles du député Guiraud, frappés au coin du négationnisme le plus crasse".

L'avocat Patrick Klugman, qui défend notamment des familles d'otages retenus par le Hamas, a dénoncé le "révisionnisme" de l'élu.

"Il confond tout, il fait des amalgames, pour à la fin arriver à quoi: il n'y a pas eu de massacre le 7 octobre, tout ce qu'on vous dit est faux et regardez ce qu'il se passe avec l'antisémitisme en France, il prend trois événements qui sont en effet sujets à caution (...) face à une déferlante qui elle, ne l'est pas", a fustigé l'avocat sur BFMTV ce samedi.

David Guiraud affirme n'avoir "jamais remis en cause" les attaques du 7 octobre

"Je n'ai jamais remis en cause le fait qu'il y avait eu des massacres et des crimes de guerre le 7 octobre", lui a répondu le député sur notre antenne.

Il a expliqué avoir simplement voulu pointer que, "que ce soit parfois l'état israélien, parfois aussi les médias", des "fausses informations" ont été reprises, un fait qui "a des conséquences sur le débat public".

Dans un tweet publié ce samedi, il a aussi écrit: "non, je ne 'relativisais' pas les crimes de guerre du Hamas, que nous avons clairement condamnés. Que ce soir clair je n’ai jamais douté du massacre, ni de l’atrocité des actes commis sur des civils".

Le député dénonce la "désinformation"

"Le ton était léger, sur un sujet grave, je l’admets, c’était peut-être une erreur de donner cette impression de légèreté. J’évoquais simplement, dans une conférence d’une heure trente, sur les mensonges de l’État israélien à travers l’histoire jusqu’à aujourd’hui, et sur le degré de désinformation qu’il apporte dans le débat public qui reprend souvent sans précaution des éléments extrêmement choquants… mais faux", a-t-il ajouté.

La députée Renaissance Violette Spillebout et le député apparenté LR Meyer Habib ont annoncé saisir le procureur de la République face aux propos de David Guiraud. Meyer Habib dénonçant des déclarations s'apparentant à une "apologie du terrorisme" et une "incitation à la haine raciale". "Je ne suis pas inquiet, parce que j'ai les faits avec moi", a réagi David Guiraud sur BFMTV.

S.C