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La France Insoumise

La gauche unie à Saint-Brevin pour contrer "la menace de l'extrême droite"

De nombreux responsables de la Nupes se rendent ce mercredi dans la commune de Loire-Atlantique pour une marche en soutien au maire démissionnaire Yannick Morez, visé par un incendie criminel et des menaces de l'extrême droite. L'intéressé dénonce une "récupération politique" et ne participera pas au cortège. Il prendra néanmoins la parole devant la mairie.

Fabien Roussel, Marine Tondelier, Olivier Faure, Mathilde Panot... La Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) présentera un front uni ce mercredi après-midi. Nombre de ses représentants se rendent à Saint-Brevin, en Loire-Atlantique, pour une marche en soutien au maire de cette commune Yannick Morez et aux élus locaux victimes comme lui de violences. L'édile, visé notamment par des menaces de l'extrême droite et un incendie criminel, a démissionné le 10 mai dernier.

"Le message, c'est que jamais, jamais un maire, un élu de la République, ne devrait se retrouver obligé de choisir entre son mandat [...] et la protection de sa famille", a expliqué sur France Inter Johanna Rolland, numéro deux du Parti socialiste (PS).

"Menace de l'extrême droite"

Également maire de Nantes, elle a appelé au rassemblement au lendemain de la démission de Yannick Morez. Une initiative prise conjointement avec le premier secrétaire du PS Olivier Faure et le premier vice-président délégué de l'Association des maires de France (AMF) André Laignel.

Pour la gauche, cette marche est aussi l'occasion de cibler l'extrême droite, qui "joue [...] un jeu et un rôle particulièrement nauséabond", selon Johanna Rolland. L'élue a ensuite précisé son propos en visant le RN:

"Quand je vois que (le député socialiste) Jérôme Guedj salue Yannick Morez pour son engagement républicain et que tous les élus de la République sont debouts sauf les députés du RN, oui je crois qu’il faut le pointer", a-t-elle glissé.

La prochaine présidentielle est également en ligne de mire. En 2027, "tout le monde peut gagner", a prévenu Olivier Faure sur France Info, avant de développer:

"Il y a aujourd’hui, c’est une évidence, une menace de l’extrême droite, et donc nous devons en prendre la mesure."

Mettre en cause l'exécutif sur la montée de l'extrême droite

La Nupes entend aussi surfer sur le "manque de soutien de l'État", dénoncé par Yannick Morez, pour tancer le pouvoir. La démission du maire brévinois "constitue un véritable échec pour la République et pour l'État qui s'est révélé incapable d'assurer la sécurité de l'élu et d'être à ses côtés", dénoncent ainsi les organisations de gauche dans leur appel au rassemblement.

LFI va plus loin et accuse le gouvernement de porter "une lourde responsabilité dans la montée des idées racistes et xénophobes". Celui-ci a "banalisé l'extrême droite, à force de la mettre sur le même plan que la France insoumise et la Nupes", écrit le mouvement dans un communiqué.

"Les violences aujourd'hui [...] c'est l'extrême droite", a insisté Mathilde Panot la semaine précédente sur BFMTV-RMC, fustigeant au passage une Élisabeth Borne qui "nous explique que La France insoumise est plus dangereuse que le Rassemblement national", en référence à une déclaration de la Première ministre dans Le JDD.

"Récupération"

Ce mercredi après-midi, la gauche devra faire sans le soutien de Yannick Morez. Le maire de Saint-Brevin s'est fendu d'un communiqué pour dénoncer une "récupération politique" de "l'extrême gauche" sur "cette marche qui se voulait au départ transpartisane". L'élu ne se joindra pas au cortège. Il prendra néanmoins "la parole devant l'hôtel de ville à 18 heures afin de témoigner [sa] reconnaissance aux nombreuses personnes qui [lui] ont apporté leur soutien".

"Tous ceux qui devraient défiler aujourd'hui, ils étaient où quand Yannick Morez était dans la panade?", questionne notre éditorialiste politique Matthieu Croissandeau, accréditant la thèse d'une récupération politique.

"Vous les avez entendus en février, en mars, lorsque le maire de Saint-Brevin était menacé, attaqué ? Bah non."

Des "élus de tous bords"

"Je ne crois pas, très sincèrement, qu'il y ait de récupération de qui que ce soit", a estimé Johanna Rolland, glissant au passage que Yannick Morez critique également la droite. Ce dernier précise en effet qu'il "regrette aussi la discrétion de la droite sur cette thématique", déplorant que "les clivages politiques ne peuvent être dépassés sur un sujet aussi important que celui de la violence contre les élus".

Johanna Rolland assure de son côté que "plusieurs milliers de personnes" de "toutes [les] sensibilités" seront présentes au rassemblement. "Je peux vous le dire parce que je reçois sans arrêt des messages d’élus de tous bords, qui me disent 'nous serons présents à Saint-Brevin'", a-t-elle expliqué.

Baptiste Farge