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La France Insoumise

Clémentine Autain juge que l'espace politique de Bernard Cazeneuve est un "no man's land"

La députée LFI Clémentine Autain le 4 octobre 2022 à l'Assemblée nationale à Paris

La députée LFI Clémentine Autain le 4 octobre 2022 à l'Assemblée nationale à Paris - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

"Je ne vois pas comment il y a une solution majoritaire dans le pays, en voulant créer quelque chose entre la macronie et la Nupes", a déclaré la députée insoumise, qui appelle à "rompre" avec la sociale-démocratie.

"No man's land". L'expression revient à décrire un "terrain abandonné, inhabité", selon Le Robert. Députée de La France Insoumise (LFI), Clémentine Autain l'a employée ce lundi sur France 2 pour caractériser le manque d'espace politique de Bernard Cazeneuve.

Ce samedi, l'ex-Premier ministre de François Hollande organisait à Créteil (Val-de-Marne) le premier grand raout de son mouvement, La Convention, crée en mars dernier, après avoir quitté le Parti socialiste sur fond de désaccord et d'animosité réciproque avec la direction, "toutouisée" par LFI selon lui.

Pas une "solution majoritaire"

Très critique de la Nupes et surtout des insoumis - qui le lui rendent bien - l'ancien ministre de l'Intérieur s'imagine, lui, une "avenue large, pour ne pas dire un boulevard", avant la prochaine présidentielle en 2027, même s'il se garde de déclarer officiellement sa candidature pour l'instant. Loin du "No man's land" donc, ou de "l'impasse" évoquée par Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste.

"Je ne vois pas comment il y a une solution majoritaire dans le pays, en voulant créer quelque chose entre la macronie et la Nupes", lui renvoie Clémentine Autain.

En retour, Bernard Cazeneuve pointe le "plafond de béton" de Jean-Luc Mélenchon, très bien placé lors du premier tour des deux dernières présidentielles, mais jamais perçu comme un potentiel vainqueur du second.

Pour lui, ses détracteurs à gauche n'ont que deux arguments. Le premier: "Si vous n’êtes pas à la Nupes, vous êtes macronistes". L'ancien maire de Cherbourg défend sa singularité, critiquant par exemple la politique fiscale entreprise par Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir en 2017 ou une réforme des retraites "injuste". Il décoche aussi quelques flèches sur la méthode avec laquelle le pays est gouverné.

Celle, d'après lui, d'une "technoverticalité qui abaisse tout", au point de transformer le Parlement en "théâtre d'ombres" et le gouvernement en "groupe de collaborateurs, serviles la plupart du temps".

"Rompre" avec la sociale-démocratie

Bernard Cazeneuve en vient ensuite au deuxième argument invoqué par le reste de la gauche, qui voudrait, selon lui, que "si vous avez 60 ans, vous êtes un ringard". A LFI, des députés se sont en effet amusés des personnalités politiques présentes samedi dernier à son meeting. Parmi elles, l'ancien président de la République François Hollande ou l'ex-patron du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadelis.

"Moi je trouve ça quand même super quand les Ehpad organisent des sorties culturelles", a ironisé la députée insoumise Alma Dufour. Son parti est fort du rapport de force issu de la dernière présidentielle, durant laquelle Jean-Luc Mélenchon a très largement dépassé les autres candidats de gauche.

En ce sens, Clémentine Autain appelle à "rompre" avec le modèle de sociale-démocratie défendu par Bernard Cazeneuve. "Ce qui a été fait avant a conduit à des échecs, il faut en tirer des conclusions", souligne celle à qui on prête des ambitions présidentielles.

Pas en reste, Bernard Cazeneuve renvoie les balles. Les insoumis "ont a leur tête quelqu'un qui a 11 ans de plus que moi, qui était déjà [dans la vie politique] quand j'y suis entré et qui a été élu de tous les Parlements, de tous les territoires et qui les a tous abandonnés", balance l'homme de 60 ans. "Il parait que ça c'est moderne et que nous, nous incarnerions le passé", grince-t-il sur les ondes de France Inter.

La partie de ping-pong continue. Après sa sortie sur la radio, plusieurs insoumis ont tapoté quelques signes sur Twitter pour dire tout le mal qu'ils en pensaient. Nul doute que l'intéressé ne manquera pas de leur rendre la pareille à la prochaine occasion.

Baptiste Farge