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L'Assemblée nationale est-elle adaptée aux personnes en situation de handicap?

L'Assemblée nationale vue du perchoir

L'Assemblée nationale vue du perchoir - JEAN-PIERRE MULLER / AFP

Un député en fauteuil roulant, un autre non-voyant. L'Assemblée nationale est-elle suffisamment accessible?

Pour la première fois de son histoire, l'Assemblée nationale compte deux députés en situation de handicap: José Beaurain, élu RN de l'Aisne, et Sébastien Peytavie, élu Nupes de Dordogne. Le premier est non-voyant, le second en fauteuil roulant. Ce dernier a d'ailleurs regretté le manque d'accessibilité de l'hémicycle.

"En 2005, une loi a été votée pour l'accessibilité dans cette enceinte, mais a priori ils n'ont pas pensé à l'appliquer", a-t-il déclaré sur BFMTV. Il y a cinq ans, la députée du Calvados Isabelle Attard avait dû se rendre à l'Assemblée nationale en fauteuil roulant après une fracture du pied. Elle avait alors dénoncé auprès de Yanous, un magazine consacré au handicap, des passages dangereux, des bureaux inadaptés, des ascenseurs trop étroits, des portillons inaccessibles...

L'Assemblée nationale n'a pas souhaité répondre aux questions de BFMTV.com mais assure cependant que "des aménagements ont été réalisés pour faciliter la circulation des visiteurs à mobilité réduite et pour leur permettre d'assister à la séance publique", citant notamment l'installation de rampes d'accès et d'ascenseurs dans tous les bâtiments.

"Du mal à garantir une accessibilité à 100%"

Si l'institution reconnaît que la salle des séances n'est "pas adaptée" - Sébastien Peytavie devrait siéger à côté des ministres en bas de l'hémicycle - elle ajoute que lorsqu'un député à mobilité réduite est élu, "des travaux d'aménagement de sa place sont rapidement entrepris afin de lui permettre le bon exercice de son mandat". Pour le député de la Dordogne, un boîtier lui a été spécialement installé.

"On s'adapte aux besoins", explique à BFMTV.com sous couvert d'anonymat une personne en charge de ces dossiers pour le Sénat. Si un parcours entièrement accessible a été mis en place à destination du grand public du côté du Palais du Luxembourg, notamment lors de grands événements comme les Journées du patrimoine, cette source admet des limites qui tiennent davantage de l'architecture des lieux que du cadre légal.

"Le Palais Bourbon comme le Palais du Luxembourg sont hors du droit commun pour la gestion du patrimoine (contrairement aux immeubles de bureaux de l'Assemblée, NDLR). Nous n'avons donc pas d'obligation juridique pour ces bâtiments historiques. Mais ce sont de vieux bâtiments. Pour l'Assemblée nationale, c'est un palais du XVIIIe siècle avec plein de petits escaliers de service, de couloirs étroits dissimulés, de vieux portails avec des petites marches. On aurait du mal à garantir une accessibilité à 100% de tous les espaces."

"Il n'est pas sûr qu'on se soit posé la question"

Cependant, cette source explique que les accès étant nombreux, "on peut arriver au même endroit par différents itinéraires". Elle cite cependant des aménagements qui ont été mis en place, comme des rampes d'accès escamotables, des escaliers rétractables, des ascenseurs et des élévateurs. "Dès qu'on fait des travaux, on a en tête cet impératif d'accessibilité."

Quant aux adaptations à destination des personnes mal-voyantes ou mal-entendantes, "on fait les choses au fil de l'eau". Ce représentant du Sénat évoque ainsi une partie de la signalétique en braille et une boucle à induction magnétique. Mais "faute d'y avoir été confronté plus tôt, il n'est pas sûr qu'on se soit posé la question".

"C'est la première fois qu'on a un parlementaire à mobilité réduite, la première fois que la question de l'accès à l'hémicyle se pose. Mais on trouve toujours des solutions."
https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV