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L'alliance Bayrou-Macron attaquée à droite après les critiques contre Fillon

Depuis la proposition par François Bayrou d'une alliance avec Emmanuel Macron, ce mercredi, le monde politique bruissent de réactions passionnées. Leur candidat François Fillon étant visiblement visé par cette union, les figures de la droite sont les plus virulentes.

Les motivations de l'alliance entre François Bayrou et Emmanuel Macron, proposée ce mercredi par le premier et acceptée dans la foulée par le second, sont claires. Tout d'abord défaire le Front national dont la candidate à la présidentielle, Marine Le Pen, est donnée largement en tête au premier tour du scrutin. En effet, après avoir évoqué la "gravité de la situation" de la France en ouverture de sa conférence de presse, François Bayrou a lancé:

"Cette situation nourrit le pire des risques: une flambée de l'extrême droite qui fait planer la menace d'un danger majeur et immédiat pour notre pays et pour l'Europe".

Mais il s'agit également pour François Bayrou de faire barrage au candidat de la droite et du centre, François Fillon, qu'il juge "dangereux"

Un "aveu d'échec" pour François Bayrou

Cependant, pour un homme venu du centre-droit et de l'UDF comme François Bayrou, le partenaire traditionnel aurait pu être l'ancien Premier ministre. Pas du tout, selon l'intéressé: "Son programme était dangereux pour l'alternance et pour l'élan de la société française. Il s'y est ajouté ce dévoilement des affaires unanimement acceptées pour les siens", a tancé le maire de Pau, lors de son discours.

Les soutiens de François Fillon n'ont pas tardé, en conséquence, à attaquer l'initiative de François Bayrou. Le député élu en Haute-Marne, et ancien ministre de l'Education nationale, Luc Chatel a d'abord vu dans ce renoncement un constat d'échec pour le triple candidat à la présidentielle, comme il l'a dit sur BFMTV:

"Derrière cette déclaration de grande union, il y a finalement l'application d'un principe de réalité à Bayrou, comme il s'est appliqué il y a quelques semaines à Hollande. C'est que tout simplement Bayrou est dans l'incapacité de se présenter à l'élection présidentielle. Parce qu'il n'a pas de soutien, pas d'électeurs, pas de projet. C'est un aveu, un constat d'échec."

Une alliance contre-nature? 

Philippe Vigier, président du groupe UDI (centre-droit) à l'Assemblée nationale, a commencé par mettre le doigt sur la surprise que lui causait le soutien de François Bayrou à un programme manquant pour le moment de substance du côté d'Emmanuel Macron:

"Je suis surpris car François Bayrou est exigeant en terme de projet, de débat. Où est le projet d'Emmanuel Macron? Il n'y en a pas pour le moment."

Le parlementaire centriste s'est ensuite souvenu des certaines amabilités récentes de François Bayrou à l'égard de son nouveau candidat: "François Bayrou disait il y a quelques semaines: 'Emmanuel Macron représente les forces de l’argent et il n’est pas possible d’avoir une autorité politique lorsqu’on incarne ces forces-là.' J’imagine que ce principe a disparu."

Pour un "plat de lentilles"

La raison de cette volte-face est simple pour le député élu dans les Alpes-maritimes, Eric Ciotti, soutien de François Fillon après avoir été pendant la primaire à droite celui de Nicolas Sarkozy qu'il avait rallié à la suite de son éloignement initial vis-à-vis du camp Fillon:

"Là il se rallie, manifestement pour un plat de lentilles. Tout ça est assez méprisable."

Eric Ciotti veut au moins voir dans cette nouvelle étape de la campagne un élément de clarification du débat public: "Il y a aujourd'hui un débat très clair: la continuité Hollande-Macron-Bayrou, et la volonté de redressement avec François Fillon."

Robin Verner