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"Indécence sans limite", "insupportable": les 2,62 milliards aux actionnaires de Total écœurent la gauche

Le nouveau logo du groupe français Total en mai 2021 à La Défense, près de Paris

Le nouveau logo du groupe français Total en mai 2021 à La Défense, près de Paris - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

Les dividendes exceptionnelles versés par TotalEnergies passent mal sur les bancs de la Nupes qui appellent à taxer les superprofits. Bruno Le Maire a pour l'instant fermé la porte à toute évolution, tandis qu'Emmanuel Macron appelle à un mécanisme européen.

Des profits abyssaux qui illustrent selon la gauche la nécessité de taxer les superprofits. Après l'annonce du versement par TotalEnergies d'un acompte sur dividendes exceptionnelles de 2,62 milliards d'euros, plusieurs figures de la Nupes ont tenté de pousser leur avantage.

"La magie selon TotalEnergies et B. Lemaire: il y a des super dividendes mais pas de super profits", a remarqué sur le ton de l'ironie Olivier Faure, le patron du parti socialiste, sur Twitter.

"Leur indécence est sans limite"

L'annonce de Total intervient alors que le débat fait rage en France sur la question de créer une taxe spéciale sur les superprofits pour les entreprises ayant largement bénéficié de l'inflation ou de la hausse des prix de l'énergie consécutive à la guerre en Ukraine.

Au deuxième trimestre 2022, TotalEnergies a engrangé d'énormes bénéfices: le groupe français a plus que doublé son bénéfice net au deuxième trimestre, à 5,7 milliards de dollars, contre 2,2 milliards lors du même trimestre en 2021.

Olivier Faure a déposé une proposition de loi mi-septembre, soutenue par l'ensemble de la Nupes, consacrée à la taxation des profits exceptionnels, censée enclencher la procédure d'un référendum d'initiative partagée sur le sujet.

"Leur indécence est sans limite. Soutien aux salariés de Total en grève pour obtenir des hausses de salaires. Taxons les superprofits plutôt que de laisser se remplir les poches des actionnaires et des nantis", a avancé de son côté Mathilde Panot, la présidente des députés insoumis, sur le réseau social.

Macron propose un "mécanisme de taxation" au niveau européen

Même son de cloche du côté du parlementaire LFI Manuel Bompard qui dénonce des chiffres "insupportables".

De quoi faire bouger le gouvernement? Lors des universités d'été du Medef fin août, Bruno Le Maire avait affirmé ne "pas savoir ce (qu'était) un superprofit" alors que la Première ministre Élisabeth Borne n'avait pas exclu de les taxer.

"Je sais que les entreprises doivent être profitables, c'est tout ce que je sais", ajoutait encore le ministre de l'Économie.

Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron plaidait pour "un mécanisme de contribution européenne" pour les entreprises qui ont réalisé des bénéfices exceptionnels.

Le chef économiste de la Banque centrale européenne Philip Lane suggère, lui, de taxer les hauts revenus ou les superprofits d'entreprises pour financer les aides aux plus démunis face à l'inflation, en évitant ainsi de creuser les déficits publics.

Marie-Pierre Bourgeois