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Gouvernement

"Shopping de l'asile": Nathalie Loiseau crée la polémique et assume 

Nathalie Loiseau, la ministre des Affaires européennes.

Nathalie Loiseau, la ministre des Affaires européennes. - Capture Public Sénat

La ministre des Affaires européennes a parlé de "shopping de l'asile" lors d'une intervention au Sénat pour évoquer des migrants qui choisiraient entre les différents pays d'Europe pour faire leur demande d'asile.

Vifs échanges mercredi après-midi au Sénat. Après les débats houleux à l'Assemblée nationale autour de la loi Asile et Immigration, c'est la ministre des Affaires européennes qui a crée la polémique en évoquant des migrants qui réaliseraient un "shopping de l'asile" en choisissant entre deux pays, comme on le ferait dans un magasin, pour faire leur demande d'asile. 

"Lorsque l'on arrive du Sud-Soudan, on peut décider de faire du shopping de l'asile et trouver qu'on est mieux en Suède qu'en Italie", a lancé Nathalie Loiseau lors d'un débat portant sur les enjeux sécuritaires et migratoires rencontrés par l'Union européenne.

"Comment osez-vous utiliser ce mot, ils font du shopping!", a interrompu la sénatrice écologiste Esther Benbassa. L'élue de Paris avait interrogé la ministre sur le cas d'un jeune homme qui a fui le Darfour à l'âge de 12 ans. Abdel, entré en Europe via l'Italie, était arrivé en France. Cet exemple visait à démontrer les limites du règlement de Dublin qui précise qu'un seul Etat-membre ne peut gérer une demande d'asile. Elle questionnait alors la représentante du gouvernement pour savoir comment l'exécutif compte rendre effectif le droit d'asile.

"Envie de vomir"

Répondant à cette interrogation, Nathalie Loiseau estime que ce règlement a été rédigé "avant la vague migratoire de 2015" qui a "mis en difficulté les pays de première entrée". Pour sa part, elle a alors estimé que certains migrants "n'ont pas souhaité demander l’asile dans le pays où on est entré", avant de qualifier ce phénomène de "shopping de l'asile". "Je suis allée au Sud-Soudan et je vous invite à faire la différence entre ces pays et les pays européens, je ne voudrais pas considérer que l'Italie est un pays où il n'est pas normal de demander l'asile", s'est alors justifiée la ministre.

Cette réponse a été insuffisante pour calmer la polémique alors que de nombreux élus ont dénoncé l'utilisation de ce terme, repris par des textes d'extrême-droite. Des propos "inadmissibles" pour le sénateur PS des Hauts-de-Seine, Xavier Iacovelli, des mots à "vomir" pour sa collègue, la socialiste Sophie Taillé-Polian, la sortie de la ministre provoque la crispation dans son propre camps. Matthieu Orphelin, député LaREM du Maine-et-Loire, qui s'est abstenu lors du vote sur la loi Asile et Immigration, a déploré une "formule très malheureuse et surtout si lointaine de la réalité de ces destins brisés".

"Formule pas heureuse"

Un peu plus tard dans la soirée, la ministre des Affaires européennes a fini par réagir sur son compte Twitter en reconnaissant que sa formule "n'est pas heureuse". Nathalie Loiseau estime toutefois qu'elle reflète "une réalité constatée et couramment utilisée par les spécialistes du régime européen de l'asile".

Ce terme de "shopping de l'asile" ou en anglais, "asylum shopping" est en effet défini par la Commission européenne depuis les accords de Dublin en 2013.

J.C.