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Gouvernement

Service national universel: du volontariat à l'obligation, le gouvernement se contredit en quelques semaines

Envisagée puis abandonnée, la généralisation du service national universel (SNU) semble être à nouveau d’actualité, selon les récentes déclarations de la secrétaire d'État chargée de ce dossier Prisca Thévenot.

C'est oui ou bien c'est non? Ce mercredi, la secrétaire d'État chargée de la Jeunesse a remis sur le tapis le projet "de généralisation" du Service national universel (SNU). Dans un entretien accordé à Brut, Prisca Thévenot a assuré: "L'enjeu c'est de faire en sorte que ce SNU devienne un passage républicain pour toute une génération".

En précision, elle a signifié vouloir tendre vers "une obligation, qui sera une généralisation". Rapidement, la secrétaire d'État a été épinglée sur les réseaux sociaux. En effet, le 4 août dernier, elle affirmait sur France Info vouloir le mettre en place "pour que ce soit quelque chose de volontaire et de voulu".

"Il n'y aurait rien de pire que de forcer un jeune à aller faire le SNU, ça serait, je pense, même contre-productif", soutenait-elle.

Serpent de mer

Ce n'est pas la première fois que la mise en œuvre du SNU s'apparente à un véritable serpent de mer pour l'exécutif. Promesse de campagne d'Emmanuel Macron en 2017 qui souhaitait "un service national de courte durée, obligatoire et universel", le gouvernement ne semble pas savoir sur quel pied danser.

D'abord expérimenté en 2019 par Gabriel Attal, l'actuel ministre de l'Éducation nationale alors chargé de son dossier, la généralisation du SNU avait finalement été enterré lors de la contestation contre la réforme des retraites. "Dans le contexte, on s'est dit que rajouter un ingrédient dans un cocktail explosif n'était pas une bonne idée", avançait un conseiller ministériel à BFMTV.com.

La prédécesseure de Prisca Thévenot, Sarah El Haïry, avait annoncé en juin que le SNU serait intégré dès mars 2024 au temps scolaire, avec un stage de 12 jours pour les élèves de seconde volontaires. Le SNU obligatoire et généralisé n'a d'ailleurs pas été présenté dans la loi de programmation militaire votée cet été, comme un temps envisagé.

Ni modalités ni calendrier

Sans date ni conditions précises, aucun projet de loi n'est pour l'heure à l'agenda. En outre, la piste d'un référendum sur la question a même été évoquée par la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, début septembre.

Interrogée sur France Info ce mercredi, Prisca Thévenot a affirmé: "Est-ce que le service national universel a vocation à devenir un passage républicain pour chaque jeune de notre nation? La réponse est oui".

"Sur cette ambition-là qui est portée depuis 2017, il n'y a pas de nouveauté, soyons très clairs. Il y a simplement une réaffirmation d'une volonté et d'une ambition pour tout notre pays", détaille-t-elle.

Selon les informations du service politique de BFMTV, Prisca Thévenot n'a néanmoins pas échangé récemment sur le sujet avec Emmanuel Macron ou avec Élisabeth Borne.

Critiques

Les contradictions de la secrétaire d'État sont pointées du doigt sur les réseaux sociaux. Le premier syndicat des personnels enseignants, le SNES-FSU, déplore sur X (anciennement Twitter): "La jeunesse a besoin d'école, pas de SNU! Le gouvernement cherche à faire passer en force son projet de mise au pas de la jeunesse. Quel sens des priorités".

Depuis plusieurs années, le coût du SNU est sous le feu des critiques, tout comme l'image de la jeunesse qu'il renvoie. En juin, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) a dénoncé dans un communiqué la "militarisation de la jeunesse".

L'an dernier, en 2022, 32.000 jeunes de 15 à 17 ans ont participé à une version expérimentale du projet, comprenant un séjour de cohésion, une mission d'intérêt général et, pour certains, un engagement volontaire dans une structure associative ou de service public.

Salomé Robles