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Gouvernement

Remaniement: malgré la pression le gouvernement devrait attendre la semaine prochaine

Le couple Macron-Philippe n'exclut pas d'effectuer un remaniement plus large mais cherche encore le successeur idéal à Gérard Collomb à l'Intérieur. Selon nos informations, Jean-Yves Le Drian n'est pas vraiment motivé pour quitter les Affaires étrangères.

Emmanuel Macron et Edouard Philippe veulent reprendre l'initiative, après le camouflet infligé par Gérard Collomb. L'autorité du couple exécutif ayant été bafouée, le scénario d’un remaniement gouvernemental plus large que lors du départ de Nicolas Hulot se profile. Or cette nouvelle offensive pourrait bien retarder l'annonce du prochain ministre de l'Intérieur, qui pourrait n'intervenir qu'en début de semaine prochaine.

Remanier ou pas ?

Cet énième départ peut être l'occasion pour le chef de l'Etat de tourner la page, après les contrepèteries de ces dernières semaines. Une manière d'ouvrir une nouvelle "séquence politique" de son mandat, en rebattant les cartes à une plus large échelle et en faisant partir les ministres les plus "fatigués". 

Alors remanier ou pas remanier? Dans les coulisses de la majorité parlementaire, le débat fait rage. Certains comme Laurent Saint-Martin, député LaREM du Val-de-Marne, considèrent que ce n'est pas "parce qu'il y a démission d'un ministre, qu'il faut absolument rebattre les cartes".

"On a quand même un gouvernement extrêmement efficace, avec des personnes de la société civile qui se sont bien incarnées dans le gouvernement, ce serait dommage que ces personnes-là pâtissent d'un remaniement plus large" explique l'élu au micro de BFMTV.

A l'inverse, d'autres jugent ce remaniement nécessaire, alors que le chef de l'Etat fait face à une rentrée politique chaotique.

"Il faut un nouveau souffle, et le remaniement doit y répondre. Et ça c'est l'exécutif qui a les cartes en main pour le faire. En tout cas c'est ce que le parlement attend de l'exécutif" estime Sacha Houlié, député LaREM de la Vienne.

Certains réclament même une démission du gouvernement, suivi d'un vote de confiance afin de redonner une légitimité à la nouvelle équipe d'Edouard Philippe. Cette option est loin de faire l'unanimité selon nos informations.

La ministre de la Culture Françoise Nyssen, fragilisée par une enquête préliminaire sur des travaux d'agrandissement dans les locaux d'"Actes Sud", est évidemment en première ligne. Mais d'autres ministères sont également menacés, comme par exemple celui de la Cohésion des territoires. En outre, le périmètre de certains ministères pourrait enfin être redéfini.

Remplacer Collomb, un vrai casse-tête

Mais encore faut-il trouver un successeur à Gérard Collomb, et ce avant le Conseil des ministres de mercredi. Parmi les noms qui circulent, celui de l'ancien patron du RAID Jean-Michel Fauvergue, devenu député LaREM en juin 2017. Christophe Castaner, délégué général de LaREM, présente lui -aussi plusieurs atouts comme celui d'avoir la confiance du président de la République.

Quoi qu'il en soit, "entre les larmes de Hulot et les leçons d'humilité de Collomb, on préfère des gens plus ternes qui font avancer les sujets" ironise-t-on chez les proches d'Edouard Philippe.

Le nom du ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, qui vient de repousser son déplacement à Mayotte et à la Réunion, est aussi évoqué, ainsi que celui de François Molins qui quittera bientôt le parquet de Paris. Quant à l'actuel ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian dont le nom a été cité dans un premier temps, il a, selon nos informations, confié à ses proches qu'il souhaitait garder son ministère. 

La maison est-elle vraiment "tenue"?

Pourtant à entendre l'exécutif, la situation est sous contrôle. Depuis mercredi, Edouard Philippe s'emploie à montrer que "la maison est tenue", selon la formule de son entourage.

"C'est d'autant plus gênant qu'Emmanuel Macron s'est toujours montré extrêmement attaché à être le 'maître des horloges', c'est lui qui crée la surprise d'habitude. Là, coup sur coup il se fait surprendre deux fois par Hulot et Collomb", souligne la politologue Chloé Morin (Ipsos).
"Tout ceci peut forcément donner un sentiment de perte de contrôle alors même qu'une partie de ce que les Français appréciaient le plus chez Macron par rapport à Hollande était précisément de tenir les choses, de savoir où il va, d'être ferme", note la spécialiste.

Il est nécessaire de donner l'image d'un exécutif stable: depuis seize mois 7 des 18 ministres du premier gouvernement Philippe ont quitté leurs fonctions.

Jeanne Bulant avec Ruth Elkrief