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Pourquoi Ségolène Royal a une place à part au gouvernement

Ségolène Royal s'est construit une place à part dans la vie politique française. Ses liens passés et présents avec François Hollande, épinglés mercredi par Valérie Trierweiler, lui ont valu d'être qualifiée de "vice-présidente" par la presse. Qu'en est-il vraiment?

"Hollande et Royal sont indissociables", a asséné mercredi Valérie Trierweiler dans une interview au Parisien alors que son best-seller, Merci pour ce moment, sort en poche. L'ex-compagne du président prétend avoir "servi d'instrument pour [leur] conquête du pouvoir", estimant que la rivalité qui a pu exister entre François Hollande et Ségolène Royal a été tranchée par l'élection du premier à la présidence de la République. Ils seraient donc libre de se "retrouver" et de "s'entraider". Cette proximité entre le président et la numéro 3 du gouvernement lui a d'ailleurs valu d'être surnommée la "vice-président", notamment à la une de l'Obs, la semaine dernière.

Revenue de son revers des législatives de 2012 -qui lui avait coupé la route vers le Perchoir de l'Assemblée, qu'elle convoitait ouvertement- Ségolène Royal occupe à nouveau une place de tout premier ordre sur la scène politique française. A quoi, doit-elle ce retour et cette place à part au gouvernement?

> Parce qu'elle est l'ancienne compagne de François Hollande?

Ségolène Royal doit-elle sa position à un lien indéfectible -ils ont en commun quatre enfants- qui la lie à François Hollande? Comme d'autres, Valérie Trierweiler le pense et le dit. Mais certains ne voient, dans cette analyse qu'un raccourci trivial. C'est le cas d'Olivier Faure, député PS de Seine-et-Marne, joint par BFMTV.com, pour qui "il n'y a plus que Valérie Trierweiler pour parler du couple Royal-Hollande" et ce même dans l'acception "politique" du tandem. L'élu voit d'ailleurs une connotation "sexiste" à ramener constamment la ministre de l'Ecologie à son ancienne vie commune avec François Hollande. Pour lui, si Ségolène Royal détient une place à part au gouvernement, elle le doit à "sa force de travail et à son culot".

Pourtant, cette proximité avec le président de la République ne semble ne faire aucun doute. "Au Conseil des ministres, elle est souvent assise à sa droite. Il suffit de les observer un peu pour comprendre qu’ils n’ont besoin que d’un clignement de paupières pour savoir ce que pense l’autre. Certains ministres ont du mal à s’habituer à cette, comment dire particularité, de la situation", confie un membre du gouvernement dans L’Obs, en kiosque jeudi.

> Parce que ses positions souvent originales séduisent les Français?

Ségolène Royal, une expression libre? A tel point que Manuel Valls avait pris soin de rappeler, en mai 2014, qu'"au sein du gouvernement, personne n'a une place à part". Le recadrage avait eu lieu après le premier couac du gouvernement et des piques de Ségolène Royal adressées, dans une interview au magazine Paris Match, à Michel Sapin et à Arnaud Montebourg pour leurs arbitrages dans les dossier Alstom et Ecotaxe. Et de renchérir sur sa chère liberté d'expression: "Ceux qui veulent me museler se trompent. Oui, je parle. C'est ma liberté et je la garderai quoiqu'il arrive. Et si j'ai envie de dire autre chose que ce qui est convenu, je le dirai", confiait encore Ségolène Royal.

Contre l'interdiction des feux de cheminées à foyers ouverts dans certaines régions, sur sa volonté de voir baisser les tarifs pratiqués par les sociétés d'autoroute, récemment encore dans son opposition avec Anne Hidalgo sur la nécessité de mettre en place la circulation alternée à Paris, n'aura pas manqué de faire connaître son opinion.

Cette parole libre, assumée, parfois à contre-courant de la ligne officielle du Parti socialiste séduit. Signe ostensible de cette indépendance, officiellement en déplacement en Martinique, elle n'avait ainsi pas hésité à "bouder" les Universités d'été du Parti socialiste à la Rochelle préférant se rendre aux journées parlementaires des écologistes.

> Parce que l'écologie prend une place à part cette année avec la COP21?

"Lanceuse d'alerte", "vigie" auprès de François Hollande, c'est ainsi que Ségolène dresse son autoportrait, selon les propos de proches rapportés par L'Obs. En tant que ministre de l'Ecologie et surtout à au moment où François Hollande fait de la Conférence de Paris (COP-21) sur les changements climatiques sa grande priorité. La ministre de l'Ecologie joue un rôle crucial dans la préparation de ce grand rendez-vous. Elle a été auditionnée le 6 mai, par l'Assemblée nationale à ce sujet.

Celle qui est aussi ministre de l'Energie se démarque des positions d'EELV et des ONG antinucléaires défendant la ligne gouvernementale qui consiste à sortir du "tout nucléaire". Une "grosse nuance", à laquelle tient l'intéressée. Elle a réaffirmé à en janvier au magazine spécialisé L'Usine Nouvelle la nécessité de programmer "la construction d'une nouvelle génération de réacteurs".

> Parce qu'elle est une politique expérimentée, ex-candidate à la Présidentielle?

Même si les Français ont élu François Hollande en 2012 et non Ségolène Royal en 2007, l'ex-candidate pu tisser un lien particulier avec les Français. Avant la dernière présidentielle, Ségolène Royal avait fait valoir qu'elle était "prête à faire le sacrifice d'une ambition personnelle et voir gagner la gauche que le contraire".

Un sondage pour le Journal du Dimanche du 8 mars classait Ségolène Royal dans le trio des femmes politiques préférées des Français, parmi celles que les interrogés souhaitent "voir jouer un rôle plus important à l'avenir. Un retour de popularité qui n'aura pas échappé à l'Elysée.