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Gouvernement

Muriel Pénicaud a-t-elle profité d'un plan social pour réaliser une plus-value de 1,13 million d'euros?

L'actuelle ministre du Travail a réalisé une plus-value de 1,13 million d'euros en revendant, en 2013, ses stock-options, profitant de l'annonce de la suppression de postes au sein de Danone, où elle travaillait à l'époque.

En pleine étude de la loi sur la moralisation de la vie politique et alors que le gouvernement veut s'attaquer, par ordonnance au code du travail, l'annonce passe mal. Selon le journal L'Humanité, Muriel Pénicaud a réalisé, en 2013, une plus-value de 1,13 million d'euros en bourse profitant d'un plan social chez Danone, où elle travaillait alors comme directrice des ressources humaines. Acheté à 1,9 million d'euros, l'actuelle ministre du Travail aurait revendu ce lot de stock-options pour plus de 3 millions d'euros, soit un bénéfice de 60%.

A l'annonce de ces révélations, Muriel Pénicaud a été interpellée jeudi au Sénat. "Ce point est extrêmement grave sur le plan éthique et peut-être sur le plan juridique car de par vos fonctions vous avez organisé ce plan social et en avez récolté les fruits pour votre profit personnel", a noté Eliane Assassi, la présidente du groupe Communiste, républicain et citoyen. "De là à parler d'initié, il n'y a qu'un pas à franchir", tranche-t-elle.

Avant d'attaquer la ministre du Travail: "Alors que votre gouvernement se livre à des comptes d'apothicaire pour serrer de plusieurs crans la ceinture de notre peuple, nous apprenons que vous avez engrangé des bénéfices indécents sur le dos de la souffrance de 900 salariés et de leurs familles."

Timing parfait

Parlant d'amalgames, Muriel Pénicaud assure que l'opération a été réalisée dans le respect des règles. "Dans ce cadre, le niveau de ma rémunération était fixé en toute transparence, avec une part fixe et une part variable différée, comme les 200 autres dirigeants de l'entreprise", explique l'ancienne DRH dans un entretien au Figaro, rappelant qu'elle a été "pendant 11 ans membre de comité exécutif dans deux grandes entreprises internationales". L'actuelle ministre explique, d'ailleurs, que "l'attribution du plan de stock-options évoqué dans la presse est bien antérieure à l'annonce du plan de départs volontaires".

Le 19 février 2013, la direction de Danone annonce, dans le cadre d'"économies de fonctionnement" décidées en 2012, la suppression de 900 postes dans l'ensemble de ses sites européens. L'effet en bourse est immédiat: l'action, dont la cotation est située en dessous de 52 euros avant l'annonce du plan de restructuration, passe à 55-60 euros en avril-mai 2013. Cette transaction portait sur un lot de 55.120 actions revendues à 58,41 euros l'unité.

Le timing est parfait pour Muriel Pénicaud, déjà empêtrée dans l'affaire portant sur l'organisation d'une soirée à Las Vegas en 2016, qui a pu revendre ses stock-options dès l'expiration du délai de garde - lors duquel ces actions ne peuvent être cédées ou louées - de quatre ans prévu par Danone pour pouvoir en bénéficier. Une opération réalisée en toute légalité.
J.C.