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Affaire Business France: Muriel Pénicaud pourra-t-elle tenir?

Muriel Pénicaud est fragilisée par son implication dans l'affaire Business France.

Muriel Pénicaud est fragilisée par son implication dans l'affaire Business France. - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Après la démission de quatre membres du premier gouvernement Philippe sur fond d'affaires, la ministre du Travail est fragilisée à son tour par les révélations entourant l'organisation d'un déplacement d'Emmanuel Macron à Las Vegas en 2016.

Muriel Pénicaud sera-t-elle la cinquième ministre à quitter le gouvernement sur fond d'affaire? Après Richard Ferrand, François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard, la ministre du Travail est fragilisée à son tour, en raison de son implication dans une affaire.

Alors qu'elle doit porter l'une des réformes phares du quinquennat, celle du Code du travail, Muriel Pénicaud est mise en cause dans une affaire de marché public distribué sans appel d'offres à l'époque où elle dirigeait Business France, une structure chargée de promouvoir les entreprises françaises à l'étranger. Plus précisément, c'est un déplacement d'Emmanuel Macron à Las Vegas qui est mis en cause. Une enquête a été ouverte pour violation présumée des règles de mise en concurrence. Une enquête préliminaire portant sur des soupçons de favoritisme, complicité et recel de favoritisme est également toujours en cours. 

Scepticisme dans le camp de l'opposition

Dans les couloirs de l'Assemblée notamment, plusieurs élus de l'opposition s'interrogent sur sa capacité à rester au gouvernement compte tenu des soupçons qui pèsent sur elle. 

"On verra si elle-même a été en capacité de respecter l‘ensemble des codes des marchés publics avant de demander aux Français de faire des efforts" souligne le député FN du Nord, Sébastien Chenu, sur BFMTV.
"Nous sommes au quatrième ministre qui connaît un affaiblissement, ça fait un peu beaucoup, trois sont déjà sortis du gouvernement", estime quant à elle Brigitte Kuster, élue Les Républicains de Paris.

Trois ministres issus du MoDem ont quitté le gouvernement en raison de l'enquête sur les assistants parlementaires du parti centriste: Sylvie Goulard, qui a démissionné la première, puis François Bayrou et Marielle de Sarnez, qui l'ont suivie. Richard Ferrand a quant à lui état exfiltré du ministère de la Cohésion des territoires pour prendre la tête du groupe LREM à l'Assemblée nationale, sur fond de soupçons de favoritisme et de révélations sur les Mutuelles de Bretagne. 

Pénicaud invoque une "erreur de procédure"

Concernant Business France, les faits remontent à janvier 2016. La structure dirigée alors par la future ministre organise le déplacement du ministre de l'Economie de l'époque. Pour l'occasion, un contrat de 381.000 euros est passé avec Havas, mais sans appel d'offres, ce qui est illégal. 

"Il y a eu une erreur de procédure (…) J’ai immédiatement déclenché un audit, interne et externe. Il y a eu ensuite une inspection générale qui a confirmé qu’effectivement il y avait eu erreur et que d’autre part j’avais pris les bonnes mesures. Rien d’autre à dire", s'est défendue Muriel Pénicaud le 18 juin, sur RTL. 

Une "synthèse biaisée"?

"C'est moi qui ai alerté le conseil d'administration, c'est moi qui ai déclenché l'audit", a insisté la ministre du Travail, qualifiant de "blague" l'idée qu'elle ait pu étouffer l'affaire. D'après Libération, Muriel Pénicaud avait pourtant "validé" certaines dépenses relatives à l'organisation de la soirée sur laquelle la justice enquête. Dans son dernier numéro dimanche dernier, le JDD affirme que la ministre a été "briefée" en amont des difficultés d'ordre comptable que soulevait l'organisation de cette soirée. Ce mardi, Libération a affirmé que la ministre avait alors fourni aux autorités de contrôle "une synthèse biaisée du dossier".

Pour Jean-Paul Bacquet, qui a travaillé en 2014 avec Muriel Pénicaud chez Ubifrance, l'ancienne structure de Business France, les erreurs invoquées par la ministre sont difficiles à concevoir. 

"Connaissant la capacité de travail de Muriel Pénicaud, sa volonté d’être toujours dans le détail, qu’elle ne puisse pas savoir ce qui se passait dans sa maison, je ne peux pas l’imaginer", explique-t-il sur notre antenne. 

Castaner rappelle la règle en vigueur

Mardi, le porte-parole du gouvernement a estimé que Muriel Pénicaud ne devrait démissionner qu'en cas de mise en examen, selon la règle fixée par Edouard Philippe et Emmanuel Macron. 

"S'il y avait une mise en examen, y compris dans le dossier qui la concerne -où on parle quand même juste d'un dépassement d'un seuil de marché public pour une manifestation internationale qui s'est tenue à Las Vegas-, mais s'il y avait une mise en examen de Muriel Pénicaud, elle devrait quitter le gouvernement", a fait valoir Christophe Castaner. "Il y a une enquête, laissons faire l'enquête", a-t-il ajouté sur BFMTV.

"La liberté de la presse est majeure, elle est fondamentale". Mais "il faut arrêter de faire du tir aux pigeons et de penser que c'est le sport national", a ajouté le porte-parole, évoquant l'enchaînement de la parution des dernières révélations dans la presse. 

Charlie Vandekerkhove avec Gael Giordana et Florent Bonnard