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Montebourg : "Renault ne doit pas dépasser la ligne rouge"

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Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, est l'invité de l'émission Des paroles et des actes sur France 2.

Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, est l'invité de l'émission Des paroles et des actes. Le gouvernement fait-il suffisamment contre le monde la finance ?

"Nous transformons tous les jours", affirme Arnaud Montebourg, "c'est la gauche qui agit. Il faut prendre des décisions de survie, [...] face à un système capitaliste inhumain sous certains aspects."

>> Arnaud Montebourg, à gauche du gouvernement

- Le cas Renault

"L'Etat actionnaire dispose de deux sièges au Conseil d'administration de Renault. Il a voté contre l'augmentation du salaire de Carlos Ghosn [le PDG de Renault est le deuxième patron le mieux payé de France avec 13,3 millions d'euros en 2011 (+38% par rapport à 2010), NDLR], mais il n'est pas majoritaire", s'est justifié le ministre tandis que l'on accuse Renault de faire du chantage à la fermeture d'usine lors de négociations avec les organisations syndicales.

"Il n'est pas possible qu'il y ait des fermetures de site, donc il n'est pas possible qu'il y ait le moindre chantage à la fermeture de site", a-t-il déclaré.

Le projet de la direction de Renault prévoit la suppression de 8.260 emplois en France d'ici à 2016, soit plus de 15% de ses effectifs, a priori sans fermeture de sites ni licenciements. Il prévoit également un gel des salaires cette année et une augmentation du temps effectif de travail.

"Nous avons demandé à Renault d'éviter la fermeture de sites industriels, de ne pas licencier et de ne pas pousser à des départs volontaires. Il ne faut pas dépasser la ligne rouge", prévient le ministre.

- Mittal, Florange et Ayrault

Le ministre ne regrette pas ses propos à l'encontre de Lakshmi Mittal lors de l'épisode de la "nationalisation temporaire" de Florange : "Lorsqu'il pratique le chantage, le mensonge, il y a un problème méthodologique. [...] Ils ont eu le mérite d'être compris". Le ministre avait déclaré qu'il "ne veut plus de Mittal en France", avant de nuancer son propos.

Sur ce projet, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault l'avait rabroué. "Il arrive qu'il y ait des désaccords, parfois c'est difficile. C'est un épisode qui a eu lieu, nous nous en sommes expliqués avec Jean-Marc Ayrault. Je parle avec passion donc forcément avec excès".

- Social-innovation

Confronté à Alain minc au sujet de la mondialisation, Arnaud Montebourg préfère le terme de "social-innovation" à celui de "social-démocratie".

- 43.000 emplois sauvés

Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a affirmé que l'action de son ministère a permis de sauver près de 43.000 emplois sur les 51.000 menacés, depuis huit mois. "Il y a des endroits où nous arrivons à sauver tout le monde, il y a des endroits où on n'y arrive pas", a-t-il admis.

"C'est un travail très difficile, de bénédictin et qui concerne tous les territoires, tous les départements et nous ne laissons rien au hasard", a souligné Arnaud Montebourg.

- Affaire Cahuzac

"Il y a une enquête pour que Jérôme Chauzac s'explique, nous devons entendre la proclamation d'innoncence qui a été faite", a-t-il jugé, "il a tout mon soutien".

>> Union sacrée autour de Cahuzac

- La fortune de Bernard Arnault

Arnaud Montebourg juge que le PDG de LVMH Bernard Arnault devrait renoncer au transfert de la majeure partie de sa fortune en Belgique. "L'industrie brillante qu'il a développée dans le luxe et la mode a permis finalement à ce groupe de prospérer", a-t-il déclaré. "L'image de la France, c'est dans les deux sens. On doit soi-même en bénéficier, mais aussi la respecter, l'entretenir", a dit le ministre

- Politique de reconduite à la frontière menée par Manuel Valls

La France a expulsé 36.822 étrangers en situation irrégulière en 2012, un record a confirmé l'entourage du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls. Arnaud Montebourg ne veut pas blâmer son collègue. "Nous menons une politique de maîtrise des flux migratoires. Nous menons surtout une politique qui rompt avec les règles de l'arbitraire", a-t-il expliqué. "Manuel Valls s'emploie à respecter l'Etat de droit, sa circulaire est une régulation au cas par cas, ce n'est pas de la même nature que Claude Guéant." 

- Point Depardieu

"Il faut respecter l'œuvre de Gérard Depardieu. Ses choix, nous ne pouvons pas les approuver. C'est une déception personnelle", estime Arnaud Montebourg, à propos de l'exil fiscal de l'acteur.

- Les relations franco-allemandes

Le ministre du Redressement productif estime qu'il est nécessaire d'avoir un meilleur équilibre entre l'Allemagne et la France, afin d'encourager la croissance. "Le moteur franco-allemand, c'est un moteur avec deux pistons. Il n'y en a pas qu'un seul, donc il faut que cela marche ensemble", a-t-il dit.

En décembre 2011, Arnaud Montebourg avait comparé Angela Merkel à Bismarck dans sa politique européenne.

- "C'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses"

En conclusion, la confrontation d'Arnaud Montebourg avec Laurent Wauquiez a donné lieu à des attaques de part et d'autre. "Ce que je vous reproche, c'est d'être un marchand d'illusions. [...] Vous allez là où il y a des caméras", attaque Wauquiez. "Vous avez eu cinq portefeuilles ministériels en cinq ans, et vous me reprochez de ne pas avoir agi en 7 mois", rétorque Montebourg avant de conclure : "comme on dit chez moi, c'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses". Imagé !