BFMTV
Gouvernement

Arnaud Montebourg, à gauche du gouvernement

Arnaud Montebourg, "ministre de l'hospitalité industrielle", pour ses voeux 2013

Arnaud Montebourg, "ministre de l'hospitalité industrielle", pour ses voeux 2013 - -

Invité de l'émission Des paroles et des actes, jeudi, le ministre du Redressement productif doit jongler entre ses convictions plus à gauche que la sociale-démocratie du gouvernement et l'impératif de se montrer bon camarade. En attendant son heure.

Lors de la primaire socialiste à l'élection présidentielle, il était le candidat le plus à gauche du club des cinq. Son excellent score du premier tour (17%) devait même assurer Arnaud Montebourg d'un rôle de premier plan en cas de victoire de François Hollande. Ceci fait, le vibrant orateur a hérité du ministère du Redressement productif où sa fougue allait combattre "l'ennemi finance", vilipendé par le tout nouveau chef de l'Etat. On allait voir ce qu'on allait voir.

A l'heure d'un premier bilan télévisuel jeudi soir, où il est l'invité de l'émisison Des paroles et des actes sur France 2, Arnaud Montebourg semble bien avoir mangé son chapeau.

Sa démission sur la table

Dans le dossier Florange, où il avait prôné une nationalisation de l'usine d'ArcelorMittal, le Premier ministre en personne s'est chargé de le rabrouer. Un recadrage en règle qui avait poussé Arnaud Montebourg à proposer sa démission, avant de finalement faire marche arrière. "Ce qui l'a convaincu de rester, c'est que la vraie bataille était à venir", croit savoir Malek Boutih, mais surtout la volonté de "rééquilibrer" la ligne du gouvernement de l'intérieur.

Muselé à Bercy par le social-démocrate Pierre Moscovoci, cette ligne politique validée par François Hollande ne lui convient guère. Mais il fait profil bas malgré l'épisode marinière et mixeur "made in France". Jeudi, sur France 2, l'émission Des paroles et des actes lui offre une occasion occasion de s'affirmer et ne pas se laisser distancer par le populaire minsitre de l'Intérieur Manuel Valls dans la guerre des quinquas.

Une opinion positive chez les Français

Mais, si l'épidode Florange a secoué l'ancien avocat qui a essuyé les quolibets de l'opposition ,- "M. Montebourg "brasse beaucoup d'air" a frappé le patron des députés UMP Christian Jacob - paradoxalement, l'affaire n'a pas nui à sa popularité.

Selon le dernier baromètre Ifop-Paris Match, 56% des Français ont une opinion positive du ministre. Est-ce à dire que sa stratégie "à gauche" ne déplaît pas dans un gouvernement qui peine à convaincre son électorat.

"Ils ont eu le sentiment qu'il avait été maltraité par Jean-Marc Ayrault", estime Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, qui souligne que les sympathisants de gauche le place "dans la droite ligne du discours de François Hollande au Bourget".

Le mythe et le trésor de guerre

Le député socialiste Arnaud Leroy, un proche, précise la fracture entre le ministre du Redressement productif et le gouvernement. Il y a "un désaccord de fond" quant à la "façon de voir le rôle de l'Etat dans la réindustrialisation" et pas seulement avec Arnaud Montebourg, mais avec "une frange au PS".

En attendant, sur le dossier chaud du moment, l'emploi chez Renault, Arnaud Montebourg est resté dans le rang, laissant ses collègues monter au créneau.

Mais s'il reste désormais plus discret, il capitalise sur sa ligne personnelle en célébrant "une micro-nationalisation locale temporaire", mercredi à la papeterie d'Alizay dans l'Eure, il réchauffait la marmite de Florange.

Et si, à long terme, cela s'avérait payant ? Un prime-time sur France 2 est en tout cas l'occasion d'entretenir le mythe. Celui d'un homme libre. Et à gauche.