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Macron poussé vers la sortie par ses collègues du gouvernement

Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, le 7 mars 2016.

Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, le 7 mars 2016. - Jacques Demarthon - AFP

Les ministres ne cachent même plus leur irritation devant l'ascension de leur jeune collègue, galvanisé par les sondages.

Emmanuel Macron agace, et pas seulement Manuel Valls. Autour du chef du gouvernement, ils sont de plus en plus à parler frontalement de leur collègue du ministre de l'Economie, sans même dissimuler leur impatience. 

La dernière sortie d'Emmanuel Macron à propos de l'impôt sur la fortune a de nouveau délié les langues. Manuel Valls a évoqué "une faute", et Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat au Numérique, est montée au créneau sur BFMTV pour fustiger "une rengaine du patronat qu'on entend depuis 15 ans".

Dans une interview au quotidien belge Le Soir, le ministre confie aussi vouloir avec son mouvement "En marche" "nourrir un projet présidentiel", tout en laissant ouverte la question de la personne destinée à porter ce projet. Lui par exemple? Sauf qu'Emmanuel Macron, surnommé "Emmanuel Microbe" par les proches de Manuel Valls, est toujours membre du gouvernement. Et ses collègues ne manquent pas de lui rappeler.

"La seule remarque que je pourrais faire (...) avec mon expérience, c'est que la vie politique et en particulier lorsqu'on est membre d'un gouvernement, c'est un peu comme au football: il faut jouer collectif sinon on ne gagne pas", a averti le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian sur France Info.

"Il a plutôt une belle gueule..."

Devant les étudiants de Sciences Po mardi, Michel Sapin a lui ironisé sur les "charmes" du jeune ministre. "Il a plutôt une belle gueule et un sourire craquant. Et c'est beaucoup de buzz...", a lancé le ministre des Finances, cité par Le Parisien. Qualifié de "baudruche médiatique" et de "bulle spéculative" par ses collègues, Emmanuel Macron poursuit pourtant son ascension.

D'ailleurs, un nouveau sondage Viavoice pour Libération indique un bond important de sa popularité: 38% des sondés estiment qu'il ferait "un bon président de la République", soit huit points supplémentaires en un mois, contre 28% pour Manuel Valls, 21% pour Martine Aubry et 11% pour... François Hollande. Le chef de l'Etat déchante lui aussi: "il se rend compte que Macron ne lui a pas tout dit", glisse une source "au sommet de l'Etat" dans Le Parisien. Même chez les sympathisants de gauche, Emmanuel Macron est considéré comme le meilleur candidat pour la présidentielle de 2017.

Par ici la sortie?

Depuis le lancement de son mouvement, les affaires marchent bien pour le ministre pas encore quadragénaire. Et même si "En marche!" permet aussi une adhésion parallèle au Parti socialiste, les ténors du parti le voient d'un mauvais oeil. Jusqu'à suggérer au ministre de ne pas rester à son poste. "On ne peut pas demeurer au gouvernement et animer un nouveau mouvement politique qui ne fait pas partie de la majorité", a maugréé Robert Badinter sur RTL le 11 avril dernier.

"Faire de la politique quand on est ministre c'est bien, mais il faut d'abord faire son travail", a rappelé Michel Sapin de son côté. Un message qui fait écho à celui de Manuel Valls mercredi: le Premier ministre a appelé "chaque ministre à être pleinement attelé à ses fonctions", en soulignant le besoin de "loyauté" de chacun. Pour donner le change et afficher sa fidélité, le locataire de Bercy accompagne ce jeudi François Hollande à Chartres dans le cadre d'un déplacement dans une entreprise. Mais le ministre a déjà commencé à tracer son sillon.

A. K.