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Gouvernement

Macron peut-il encore surprendre lors de sa conférence de presse?

Connues pour la plupart depuis plus d'une semaine, les mesures censées être annoncées ce jeudi par le chef de l'État pourraient être enrichies à la marge.

Il s'agira d'un moment pour le moins inhabituel dans l'histoire de la présidence de la République. Ce jeudi après-midi, Emmanuel Macron annoncera, devant un parterre de journalistes, des mesures pour la plupart connues depuis plus d'une semaine.

L'effet de surprise - le fameux effet "wahou" - largement obéré, il restait au chef de l'État la carte de la conférence de presse, exercice long et périlleux où des contradictions risquent d'être évoquées sur le vif. Sans filet.

"Livrer le cap"

Au-delà de cette question de pure forme, il y a celle du contenu. Que peut annoncer de plus le locataire de l'Élysée? Réindexation des petites retraites sur l'inflation, baisse des impôts des classes moyennes, holà temporaire sur les fermetures d'écoles et d'hôpitaux... L'éventail relativement large des mesures présidentielles a été abondamment commenté, critiqué par les uns, applaudi par d'autres. Selon l'enquête Ipsos Sopra-Steria réalisée pour Le Monde, le Cevipof et la Fondation Jean-Jaurès, certaines d'entre elles sont massivement approuvées par l'opinion. 

En grand besoin de revivifier son quinquennat après la panne sèche provoquée par la crise des gilets jaunes, Emmanuel Macron sait qu'il ne pourra se contenter d'entonner un air déjà connu. Sans rétropédaler pour autant, par exemple en mettant au panier son idée de suppression de l'ENA, jugée cosmétique et peu efficace. Un tel choix ne manquerait pas d'être perçu comme une dérobade.

"Plus qu’un catalogue de mesures, il doit (...) livrer le cap et la vision pour les prochaines années. Les questions des journalistes permettront d’approfondir et d’enrichir", abonde un conseiller du président auprès de L'Opinion

"Livrer le cap", un terme abondamment utilisé en son temps par François Hollande, sévèrement jugé pour le manque de clarté de son action à la tête de l'État. 

Rattrapage sur l'écologie?

L'option de l'explication de texte, plus ou moins vigoureuse selon les questions posées ou les thèmes abordés, peut néanmoins permettre de pallier l'effet "redite". Elle permet aussi de préciser l'articulation des mesures annoncées, en faisant le lien avec des sujets prégnants, par exemple l'âge légal de départ à la retraite ou la suppression d'un jour férié pour financer la dépendance. 

Autre question: Emmanuel Macron aura-t-il choisi, comme le pressentent certains soutiens de poids, d'ajouter un volet écologique quasi absent du lot initial? Lundi, le numéro deux de la liste La République en marche pour les élections européennes, Pascal Canfin, a dit attendre "des mesures complémentaires" sur le climat. "Pour nous, (...) c'est la première urgence, l'urgence climatique", a-t-il renchéri sur Europe 1. Attendu au tournant par cette composante de son socle politique, le chef de l'État a obtenu un sursis, dont il dira sans doute qu'il n'en est nullement question, que ses convictions écologiques sont intactes. 

D'une certaine manière, de l'interaction avec les journalistes dépendra la capacité d'Emmanuel Macron à compléter sa gamme, voire à étonner. Cette conférence sera une occasion d'évoquer les dossiers gênants de sa présidence, comme l'affaire Benalla ou les dissensions internes à LaREM sur les questions de laïcité et de communautarisme. 

Jules Pecnard