BFMTV
Gouvernement

Macron: "Il n'y a pas d'homme ou de femme providentiel"

Dans un discours parsemé d'allusions à sa propre trajectoire politique, Emmanuel Macron a rendu hommage dimanche à Jeanne d'Arc, qui a "fendu le système" et "a su rassembler la France".

Emmanuel Macron a présidé, ce dimanche à Orléans, les fêtes annuelles d'hommage à Jeanne d'Arc. Un rendez-vous pour le moins inattendu pour un ministre de l'Economie. Derrière son apologie de la pucelle d'Orléans, se dessinait en creux le portait de l'ambitieux ministre, fondateur du mouvement politique "En Marche".

S'il a dit "ne pas croire" dans l'homme ou la femme providentielle, le jeune ministre a salué celle qui a provoqué la fin de la guerre de Cent Ans, qui déchirait la France face à l'Angleterre, dans un interminable conflit de succession.

"Comme une flèche (...) sa trajectoire est nette, Jeanne fend le système, elle brusque l'injustice qui devait l'enfermer", a déclaré Emmanuel Macron, dans un discours d'un peu plus d'un quart d'heure riche en références historiques et littéraires, de Michelet à Gambetta en passant par Marc Bloch ou Charles Péguy. "Jeanne est bergère mais elle se fraie un chemin jusqu'au roi. Jeanne n'est personne mais elle porte sur ses épaules la volonté de progrès et de justice de tout un peuple".

"Les Français ont besoin de Jeanne d'Arc car elle nous dit que le destin n'est pas écrit", a-t-il estimé à la fin de son discours.

"Pas au même bord politique, paraît-il"

Le discours du ministre était attendu alors que les observateurs scrutent le moindre indice de ses ambitions politiques après la formation de son mouvement et sa déclaration affirmant ne pas être "l'obligé" du président Hollande. Celui qui ne se définit désormais "ni à droite ni à gauche" a lancé au maire LR d'Orléans:

"Nous n'appartenons pas au même bord politique, paraît-il. Notre vision de la France nous oppose-t-elle pour autant? Nous savons qu'à certains moments de l'histoire il faut savoir rassembler les énergies d'un même projet". Et d'ajouter: "Au fond que nous dit l'aventure de Jeanne? Qu'on ne peut rien réussir seuls".

Critiques à gauche mais "pas de malaise" avec Hollande

On oubliait qu'on écoutait le ministre de l'Economie dans un discours bien éloigné de ses compétences, ce qui a une nouvelle fois irrité à gauche. Le président du Mouvement des jeunes socialistes y a vu un nouvel épisode selon lui du "plan de communication" du ministre de l'Economie. 

"On attend du ministre de l'Economie qu'il s'occupe de l'économie et pas qu'il fasse un plan de communication avec divers épisodes: aujourd'hui c'est Jeanne d'Arc, il y a quelques jours c'était un lancement de mouvement à Amiens en expliquant que la gauche et la droite peuvent gouverner ensemble", a fustigé Benjamin Lucas.

"Je n'en ai rien à battre!", a lâché pour sa part la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, interrogée à ce titre. 

Il n'y a guère que Ségolène Royal pour défendre à gauche l'ancien banquier. "Jeanne d'Arc c'est le patrimoine national, il y a une dizaine d'années, je suis allée à Orléans pour célébrer Jeanne d'Arc", a rappelé sur France 2 la ministre de l'Ecologie. elle y était en effet allée en 2006, juste avant la primaire à gauche...

Selon elle, "c'est une figure éminente de l'histoire de France qui appartient à tous les Français, qui a longtemps été raptée par le Front national".

Il n'y a "jamais" eu de malaise avec Hollande

Interrogé dans la matinée sur France 2 lors des commémorations du 8 mai, Emmanuel Macron a assuré une nouvelle fois qu'"il n'y a(vait) jamais eu" de malaise avec François Hollande en dépit des ambitions personnelles prêtées à ce populaire membre du gouvernement. "Il ne faut pas croire tout ce que vous pouvez lire", a-t-il ajouté.

A Orléans en début d'après-midi, "j'irai prononcer un discours d'histoire, de mémoire, ni plus ni moins", a-t-il conclu.

K. L. avec Agathe Lambret