BFMTV
Gouvernement

Loi immigration: Le Maire reconnaît un "échec parlementaire" mais refuse l'idée d'une "crise politique"

Le ministre de l'Économie appelle à "poursuivre dans la voie de la négociation et de la discussion" pour trouver un accord sur le projet de loi immigration.

Bruno Le Maire invite à prendre "un tout petit peu de distance par rapport à l'agitation de l'Assemblée nationale". Le ministre de l'Économie réfute toute "crise politique" ce jeudi 14 décembre sur BFMTV-RMC, trois jours après l'adoption d'une motion de rejet dans l'hémicycle du Palais Bourbon sur le projet de loi immigration. Le patron de Bercy préfère évoquer un "échec parlementaire".

"Poursuivre dans la voie de la négociaition"

"Le texte n'a pas été rejeté, ce qui a été rejeté, c'est l'examen", juge-t-il, reprenant là des éléments de langage également déployés par son homologue à l'Intérieur, Gérald Darmanin, porteur du projet de loi. Se projettant sur la commission mixte paritraire (CMP), qui se réunit lundi prochain pour parvenir à un accord, Bruno Le Maire appelle à "poursuivre dans la voie de la négociation et de la discussion".

Autrement dit, à trouver un compromis avec Les Républicains. Lesquels, si l'on prend en compte leur allié centriste, sont aussi bien représentés dans la CMP que la majorité. Les deux camps comptent cinq élus chacun dans cette instance réunissant sept sénateurs et sept députés. Concrètement, l'un ne peut pas faire sans l'autre pour aboutir à une mouture commune, avant un éventuel vote des deux chambres du Parlement.

"Reprendre la version du Sénat"

La veille, Bruno Le Maire s'est invité dans les négociatations entre le gouvernement et son ancienne famille politique, qui sera à Matignon ce jeudi pour le deuxième jour de suite.

"Quel est le seul moyen aujourd'hui pour qu'une telle loi passe? C'est de reprendre la version du Sénat", a dit le patron de Bercy dans Le Figaro. Une façon de répondre au vœu formulé par Les Républicains, qui ne veulent lâcher aucun lest sur la mouture votée au Sénat, où ils détiennent la majorité. Celle-ci est bien plus dure que la copie initiale du gouvernement.

Mais elle a été "détricotée", selon les termes de la droite, lors de son passage en commission des lois à l'Assemblée nationale, par la majorité et la gauche. Pour mieux manifester son mécontentement, une bonne partie des troupes d'Olivier Marleix a voté la motion de rejet ce lundi, participant ainsi à la cinglante défaite infligée à l'exécutif.

"Comprendre les demandes de la majorité"

Si Bruno Le Maire souhaite parvenir à un accord avec la droite, il ne lui offre évidemment pas un blanc-seing. Sur BFMTV-RMC, l'ancien de l'UMP appelle, comme la veille dans Le Figaro, LR à faire quelques concessions pour "comprendre que les demandes de la majorité sont raisonnables." L'aide médicale d'État (AME) pour les sans papiers, que les sénateurs avaient supprimé? Le patron de Bercy est favorable à la "circonscrire", mais il juge son apport "évident" pour "éviter la provocation de maladies dans notre territoire".

Les conditions d'accès aux prestations sociales pour les étrangers restreintes au Palais du Luxembourg? "Il faut que le texte du Sénat puisse évoluer", glisse Bruno Le Maire.

Reste ce point de désaccord majeur: la création d'un titre de séjour pour les travailleurs sans papiers exerçant dans des métiers en tension. Faisant de cette mesure un casus belli, la droite l'avait largement modifiée pour régulariser uniquement de "façon exceptionnelle".

Bruno Le Maire préfère retenir que la copie du Sénat contient bien "des mesures de régularisation", pour mieux souligner qu'un accord est possible. Il défend les dispositions de régularisation. Répétant d'abord sa "fermeté" afin de vendre l'autre volet du texte - qui vise à faciliter les expulsions des étrangers délinquants en situation irrégulière - le ministre avance toutefois que "la fermeté ce n'est pas manquer de bon sens ou d'humanité".

Baptiste Farge