Le Maire se "mord les doigts tous les jours" de ne pas avoir "acheté" un bien immobilier avant la hausse des taux

Le ministre de l'Économie est revenu sur sa propre situation immobilière, assurant ne pas "avoir acheté" de bien immobilier quand les taux étaient relativement bas.

Une confession étonnante. En pleine hausse des taux des prêts immobiliers, Bruno Le Maire a indiqué partager le désarroi d'une partie des Français qui n'arrivent plus à emprunter pour acheter un appartement ou une maison.

"Moi, je vais vous dire, je n'ai pas acheté, je m'en mords les doigts tous les jours", explique le ministre de l'Économie ce mercredi dans les colonnes du Parisien, en réponse à la question d'un lecteur.

Une maison au Pays basque achetée en 2000

Le nombre de prêts immobiliers accordés a été divisé par deux en seulement un an, d'après les chiffres de l'observatoire du Crédit logement. En cause notamment: la hausse des taux immobiliers qui pourraient dépasser les 5% d'ici la fin de l'année.

La déclaration de patrimoine du locataire de Bercy sur le site de Haute autorité pour la transparence de la vue publique (HATVP) indique pourtant qu'il possède depuis 2000 une maison au Pays basque qui valait 600.000 euros à l'achat. Cette année-là, les taux se situaient entre 5 et 5,5%, assez proches de ceux que nous connaissons actuellement.

Bruno Le Maire possède également un PEL d'une valeur de 64.088 euros, un outil financier censé faciliter l'accès à un prêt immobilier.

La place de l'immo : Comment rendre l'accès au financement plus simple sans surendetter les emprunteurs ? - 26/09

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"Beaucoup de prix de paquets de pâtes"

Enfin, celui qui est au gouvernement depuis 2017 dispose de revenus particulièrement confortables. Entre l'élection d'Emmanuel Macron et le mois de juin 2022 (la date de ses derniers revenus connus), Bruno Le Maire a gagné plus de 700.000 euros en comptant ses droits d'auteur et son salaire de ministre selon sa déclaration auprès de l'HATVP.

Ce n'est pas la première fois que l'énarque met en avant sa vie quotidienne dans des interviews. Le 20 mai dernier, sur France 2, Bruno Le Maire était revenu sur la hausse des prix de l'alimentaire qui ont presque augmenté de 20% en deux ans.

" J’essaie d’être juste, de faire attention à ce que les prix baissent pour le consommateur. Parce que j’ai moi-même une famille nombreuse, j’ai quatre enfants à nourrir ", avait affirmé le ministre, assurant connaître "beaucoup de prix de paquets de pâtes".

"La vraie vie, oui je la connais"

Dans la foulée, une partie des oppositions s'étaient saisies de cette séquence. "Bruno Le Maire, 10.000 euros nets par mois, souffre du prix des pâtes. Quelle déconnexion", avait déploré dans un tweet le député LFI Damien Maudet.

Même sentiment pour le parlementaire RN Julien Odoul, accusant Bruno Le Maire de "vouloir nous faire croire qu'il est à la porte de la banque alimentaire" sur X (ex Twitter).

Trois jours plus tard, le quinquagénaire s'était vivement défendu sur RTL. "La vraie vie, oui je la connais", avait-il asséné. "Bien sûr que non, les fins de mois d’un ministre ne sont pas les mêmes que celles de quelqu’un qui touche 1200, 1300 euros par mois", avait cependant concédé le dirigeant.

Avant de poursuivre: "Je fais mes courses, je paye mon alimentation, et c’est bien normal. (...) Je n’occupe pas mon logement de fonction, je paye mon loyer. Ce sont des choses qui méritent d’être dites".

Pour tenter de desserrer l'étau des taux immobiliers, Bruno Le Maire souhaite le retour des prêts bonifiés et pourrait augmenter le taux maximum d'endettement.

Marie-Pierre Bourgeois