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La politique pénale de Taubira ciblée

Christiane Taubira et Manuel Valls le 12 janvier 2015 à Paris.

Christiane Taubira et Manuel Valls le 12 janvier 2015 à Paris. - Kenzo Tribouillard - AFP

Alors que l'heure semble être à l'unité nationale dans la classe politique, de premières critiques s'élèvent à l'encontre de Christiane Taubira, et de sa politique pénale. Après les attentats de la semaine passée, la garde des Sceaux s'effacera-t-elle face aux mesures sécuritaires annoncées par Manuel Valls?

Au lendemain du discours de Manuel Valls à l'Assemblée sur les attentats de la semaine passée, la classe politique se montre unanime. Mais les premières divergences s'affichent à propos de ses annonces. A commencer par la création de "quartiers spécifiques" créés au sein des établissements pénitentiaires pour surveiller les "détenus considérés comme radicalisés".

Taubira "réservée" sur l'isolement des détenus radicaux

Appliquée depuis la mi-novembre à la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne, cette mesure n'est encore qu'expérimentale. Son objectif: empêcher les filières jihadistes de "recruter" au sein des prisons. En visite mardi après-midi à Fresnes, dans la coursive de ces cellules spécifiques, Christiane Taubira a reconnu que les efforts devaient "encore être amplifiés" contre la radicalisation. "L'expérimentation est en cours d'évaluation. Après, je déciderai dans quelques jours d'une inspection plus approfondie afin de tirer tous les enseignements sur la façon de gérer le plus efficacement ce type de détenus", a précisé la garde des Sceaux. 

Le 25 novembre dernier, Christiane Taubira elle-même se disait pourtant "très réservée" sur le regroupement des détenus présumés islamistes radicaux. Elle taclait ainsi Manuel Valls, qui souhaite de son côté généraliser cette mesure. La garde des Sceaux et l'ancien ministre de l'Intérieur n'en sont d'ailleurs pas à leur première confrontation. Alors qu'il était en fonction place Beauvau, Manuel Valls était intervenu en août 2013 auprès de François Hollande pour lui dire son désaccord face à la réforme pénale de Christiane Taubira. Comme l'UMP, il la trouvait trop laxiste. L'intéressée avait répliqué. Les circonstances actuelles rendront une réponse plus délicate.

Valls semble avoir les coudées franches

Le nom de la ministre reste aussi un mauvais souvenir pour la droite, marquée par les débats sur le mariage homosexuel. "La politique pénale de Christiane Taubira est catastrophique", estime Alain Juppé mercredi sur BFMTV, qui ne souhaite pourtant pas "se disputer" pour l'instant. Lundi, Nicolas Sarkozy y est allé aussi de sa critique: "le garde des Sceaux a dit: pas une place de prison en plus, parce que la prison n'est pas la solution. Mais excusez-moi, si la prison n'est pas la solution, qu'est-ce qu'on en fait? Il faut bien les mettre en prison les jihadistes en évitant la propagation d'idées mortifères, barbares et scandaleuses. Il faut les mettre en encellulement individuel".

De son côté, Cécile Duflot réclame "un vrai débat sur la question pénitentiaire", et émet des doutes sur l'isolement des détenus radicalisés. Mais désormais, porté par une vague sécuritaire après les attentats qui ont endeuillé la France la semaine passée, Manuel Valls, souvent surnommé par ses détracteurs "le Sarkozy de gauche", semble avoir a les coudées franches pour faire appliquer les mesures qu'il estime nécessaires. "Aujourd'hui il est le bon homme, à la bonne place", estime Jean-Jacques Urvoas, cité par L'Opinion.

Ariane Kujawski