BFMTV
Gouvernement

"Jamais il n'y a eu commande politique": mise en accusation dans la gestion du fonds Marianne, Schiappa se défend

Marlène Schiappa

Marlène Schiappa - Crédit: AFP

La secrétaire d'Etat a assuré n'être amie avec "aucun des lauréats du fonds Marianne" et annoncé vouloir déposer plusieurs plaintes pour diffamation.

Marlène Schiappa le martèle, "chacun est dans son rôle". Après que plusieurs médias ont publié des enquêtes pointant l'utilisation douteuse de certaines subventions accordées dans le cadre du fonds Marianne, la secrétaire d'Etat chargée de l'Économie sociale et solidaire se défend d'avoir "choisi les associations" bénéficiaires du fonds, et "soutiens l'ouverture de toute commission d'enquête possible".

"Chacun est dans son rôle, la ministre est dans son rôle, l'administration est dans son rôle, les associations sont dans leur rôle, je n'ai pas choisi les associations, (...) je ne suis amie avec aucun lauréat du fonds Marianne, pas un, (...) contrairement à ce que j'ai lu", martèle Marlène Schiappa au micro de Public Sénat, qui publie ce jeudi des extraits d'une interview qui sera diffusée en intégralité vendredi soir.

Deux bénéficiaires du fonds pointés du doigt

Lancé en 2021 en hommage à Samuel Paty, ce professeur décapité après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, le fonds Marianne vise à "financer des personnes et des associations" qui cherchent à "promouvoir les valeurs de la République" et à "lutter contre les discours séparatistes".

Dotée de 2,5 millions d'euros, ce fonds a subventionné 17 structures. Mais une enquête conjointe de Marianne et de France 2 a révélé fin mars que la principale structure bénéficiaire des fonds, une association appelée USEPPM, à hauteur de 355.000 euros, aurait seulement alimenté un site internet et des publications très peu suivies sur les réseaux sociaux. 120.000 euros auraient été utilisés pour salarier deux de ses ex-dirigeants.

Mediapart a ensuite révélé que plusieurs personnalités de gauche, dont la maire de Paris Anne Hidalgo (PS), avaient été dénigrées dans des contenus mis en ligne par une autre structure bénéficiaire du fonds, "Reconstruire le commun", qui a obtenu 330.000 euros.

"C'est du délire"

Si les dirigeants de ces associations se sont défendu de ces accusations, l'un assurant ne pas être un proche de Marlène Schiappa, l'autre dénonçant des "accusations parfaitement mensongères" et assurant n'avoir "en aucun cas" servi "un intérêt politique", la secrétaire d'Etat n'avait quant à elle pas encore pris la parole à ce sujet, hormis dans une série de tweets déplorant "des contre-vérité" et des "calomnies".

Sur Public Sénat, elle assure qu'il n'y a pas eu "commande politique" de sa part pour financer ces vidéos dénigrant des personnalités de gauche.

"Quand je découvre ces vidéos je me dis 'c'est du délire', jamais il n'y a eu commande politique de ma part pour financer ces vidéos", assure Marlène Schiappa, avant d'ajouter: "Il y a des vidéos anti-Olivier Véran, des vidéos anti-Emmanuel Macron, et pire que tout, personne ne l'a relevé, anti-Marlène Schiappa (...) donc on ne peut pas dire qu'il y a un complot politique".

"Aucune alerte" dans le premier bilan

Aussi, la secrétaire d'Etat explique qu'au moment de la mise en place du fonds, elle a démandé au Comité Interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation (CIPDR) de procéder à des contrôles des associations.

Selon elle, le premier bilan établi au bout de six mois ne contenait "aucune alerte". Quant au deuxième, qui devait être remis en juin 2022, il ne lui "incombait plus" de le demander puisqu'elle "n'était plus au gouvernement".

En effet, elle n'était pas présente dans le premier gouvernement nommé par Élisabeth Borne le 20 mai 2022. Elle n'est revenue au ministère de l'Intérieur que le 4 juillet suivant.

Plusieurs plaintes pour diffamation

Marlène Schiappa dit aussi soutenir l'ouverture d'une commission d'enquête, comme demandé par le président de la commission des Finances du Sénat Claude Raynal (PS), et souhaite que la justice "puisse établir des responsabilités".

Elle annonce aussi le dépôt de plusieurs plaintes pour diffamation. "Mon avocate est en train de déposer des plaintes contre différentes plateformes en ligne qui m'ont accusé à tort de délits, soit de favoritisme ou de détournement, ce que je démens avec force et je suis en mesure de démontrer que c'est faux, que ce sont des mensonges, je les attaque en diffamation."

Plusieurs signalements sur l'utilisation du fonds Marianne ont été adressés à la procureure de Paris et transmis au parquet national financier (PNF) qui a confirmé que ceux-ci "sont actuellement à l'analyse".

Emilie Roussey