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Gouvernement

Hausse du prix des carburants: l'exécutif esquive les critiques

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, le Premier ministre Edouard Philippe, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et le ministre de l'Ecologie François de Rugy, le 10 octobre 2018 à l'Assemblée nationale.

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, le Premier ministre Edouard Philippe, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et le ministre de l'Ecologie François de Rugy, le 10 octobre 2018 à l'Assemblée nationale. - François Guillot - AFP

Devant la grogne des Français face à la hausse prévue des taxes sur les carburants, l'exécutif maintient son discours malgré les hésitations de certains députés de la majorité.

La grogne monte et la réponse s'organise. Actuellement, les additions à la pompe se révèlent plutôt salées, avec des prix TTC jamais vus depuis les années 2000 pour le gazole, 2014 pour le sans plomb 95.

En cause notamment, la hausse des cours du brut et des produits raffinés, mais aussi l'alourdissement des taxes sur les carburants. Et c'est là que le bât blesse: alors que, en incluant la TVA, les taxes sur le gazole ont augmenté de 14% et de 7,5% pour l'essence en un an, elles devraient continuer à augmenter l'an prochain (de 6 centimes pour le premier, 3 centimes pour la seconde).

Depuis quelques semaines, les automobilistes font entendre leur mécontentement face à cette hausse des taxes à laquelle trois quarts des Français sont opposés, selon un récent sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Le Figaro et Franceinfo. Une pétition réunit déjà plus de 700.000 signatures ce vendredi et un blocage des routes, d'initiative citoyenne, est organisé le 17 novembre.

"C'est la preuve que le gouvernement prend les décisions"

Pourtant, l'exécutif n'entend pas céder. A Matignon, on anticipe que le sujet "va durer", mais on assume le mouvement de hausse des taxes, quitte à reperdre les points de popularité qu'Edouard Philippe a gagné ces dernières semaines.

"Pendant longtemps, c'est d'ailleurs un peu le reproche que nous a fait Hulot, on ne changeait pas de modèle. Même si c'est dur, c'est la preuve que le gouvernement prend les décisions", souligne un conseiller gouvernemental auprès de l'Agence France-Presse (AFP). "Si elles sont impopulaires, c'est qu'elles ont aussi du sens: c'est un marqueur de la volonté de vraiment changer de modèle, même si on fait attention, notamment vis-à-vis des campagnes."

Le ministre de la Transition écologique et solidaire insiste ainsi sur les compensations dont pourront bénéficier les Français. Afin de les "libérer du tout-pétrole", comme il le promet désormais, François de Rugy évoque dans Le Parisien un doublement de la prime à la conversion (ancienne prime à la casse) grâce à la coopération des constructeurs.

"Trois enfants sur quatre en France sont exposés à des surdoses de pollution", a pour sa part asséné sur Radio Classique le porte-parole du gouvernement et secrétaire d'Etat Benjamin Griveaux, accusant au passage le chef des LR Laurent Wauquiez de "défendre la cigarette et le diesel".

Quelques jours plus tôt, le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin assurait que le gouvernement pouvait "comprendre cette colère des Français devant des difficultés de la vie quotidienne" mais que "le rôle (n'était) pas simplement de répondre à des questions lorsqu'il y a des colères ou des interrogations sur le quotidien, c'(était) de regarder l'avenir", s'était-il défendu.

Les incertitudes des députés

Si l'exécutif semble prêt à tenir la barre face à la grogne, certains députés de la majorité La République en marche se montrent plus prudents.

"En ce qui concerne la hausse du gazole, je pense qu'il faut qu'on fasse attention", a ainsi mis en garde le député de l'Hérault Patrick Vignal, qui a conseillé à Benjamin Griveaux de "se reposer".

Dans les colonnes du Figaro, le député du Doubs Frédéric Barbier fait part de ses retours sur le terrain: "On me pose deux questions (...): jusqu'où ça montera, et combien de temps ça va durer. (...) Je ne suis pas démago, je ne réponds pas que demain on va rouler gratis. Mais il faut amortir le surcoût de la transition dû à la hausse du prix du pétrole."

Selon des informations du quotidien, la question du pouvoir d'achat a été abordée ce lundi lors d'une réunion du bureau exécutif de La République en marche à l'initiative du président du groupe parlementaire Gilles Le Gendre. "Macron n'a pas été élu sur le pouvoir d'achat. (...) Notre promesse initiale, c'est que le travail paie mieux", lui aurait rétorqué le nouveau ministre de la Ville et du Logement Julien Denormandie.

Et un député normand de conclure auprès du journal: "On est là pour tenir la baraque, transformer, même s'il doit y avoir du sang et des larmes. Le livre de Macron, c'est Révolution, pas 'ajustement'."
Liv Audigane, avec AFP