BFMTV
Gouvernement

"Hallucinant", "dingue"... L'opposition critique la défense de la ministre de l'Éducation sur ses enfants dans le privé

Tout juste nommée ministre de l'Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra s'est défendue du choix de la scolarisation de ses enfants dans l'enseignement privé. Ce qui est très loin d'avoir convaincu les personnalités politiques de gauche et d'extrême droite.

Premier jour en poste et première polémique. La nouvelle ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra, est vivement critiquée, ce vendredi 12 janvier. En cause, son choix d'avoir scolarisé ses enfants au collège-lycée Stanislas, un établissement scolaire privé situé à Paris et qui fait l'objet d'une enquête administrative.

"Je ne vais pas esquiver votre question (...) on va aller sur le champ du personnel", a-t-elle répondu, après la visite d'un collège à Andrésy (Yvelines), aux côtés de son prédécesseur Gabriel Attal, désormais à Matignon.

"Mon fils aîné, Vincent, a commencé, comme sa maman, à l'école publique (élémentaire) à Littré (6e arrondissement de Paris)", a-t-elle expliqué, avant d'évoquer sa "frustration" ainsi que celle de son mari, qui ont "vu des paquets d'heures qui n'étaient pas sérieusement remplacées".

Elle et son mari en ont "eu marre, comme des centaines de milliers de familles qui, à un moment, ont fait un choix d'aller chercher une solution différente". "On habitait rue Stanislas, scolariser nos enfants à Stanislas était un choix de proximité", s'est-elle défendue.

"Tout simplement dingue"

La séquence, diffusée en direct et partagée sur les réseaux sociaux, a immédiatement fait réagir. À commencer par des personnalités politiques de gauche, indignées par cette justification.

"Tout simplement dingue", a écrit le député écologiste Julien Bayou. "La ministre des JO et de l'Éducation (!) explique que son enfant est dans le privé à cause des enseignants non remplacés dans le public... devant l'ancien ministre de l'Éducation qui avait promis '1 classe 1 prof'!"

"Le bilan de Macron sur l’Éducation nationale, c’est sa nouvelle ministre qui en parle le mieux... Mais comment peut-on être ministre de l’Éducation nationale et mépriser autant l’école publique?", s'est insurgé Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l'Assemblée.

Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a lui qualifié la réponse d'"hallucinante". "L’école publique dont je suis désormais la ministre n’était pas assez bien pour mes enfants alors je les ai scolarisés dans un lycée privé dont les valeurs sont, selon les enquêtes qui y ont été réalisées, loin des valeurs républicaines", a-t-il écrit sur X, anciennement Twitter.

Gouvernement Attal: le casse-tête
Gouvernement Attal: le casse-tête
19:38

En mai 2023, le ministère de l'Éducation nationale avait saisi l'Inspection générale et lancé un appel à témoignages après des accusations de dérives homophobes et sexistes relayées dans la presse visant le collège-lycée Stanislas.

Des propos "abominables"

Le député insoumis Rodrigo Arenas, ancien co-président de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), a lui jugé les propos de la ministre "abominables". Il a développé: "Mes enfants aussi sont victimes d'absences non-remplacées. Mais, contrairement à vous, je n'ai pas fui l'école publique."

Il a également annoncé saisir le recteur de l'académie de Paris "pour vérifier les propos dénigrants" de la ministre à propos de l'école Litré à Paris.

La cheffe des députés LFI à l'Assemblée Mathilde Panot y a vu un "résumé éclatant de ce qui sert de programme à la macronie" en citant la "destruction des services publics", l'"ouverture au privé" et la "fuite vers le privé, mais juste pour les riches qui peuvent se le permettre". Le tout "avec le sourire et un cynisme glaçant".

Même constat pour son collègue Louis Boyard: "Elle se tient à côté de l’ancien ministre de l’Éducation qui a empiré le problème des profs non remplacés dans le public. Lui qui n’y a jamais été." Et de conclure: "Voilà le gouvernement Attal."

"L'alternance" proposée par Marine Le Pen

Dans la soirée, la nouvelle ministre a aussi été la cible de ténors d'extrême droite. Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a insisté sur le "cynisme" de la scène.

"Le problème ce n’est pas que la ministre mette ses enfants à l’école privée, mais qu’elle justifie ce choix par les graves manquements de l’école publique… dont les macronistes ont la charge depuis bientôt 7 ans", a-t-il commenté sur X.

Un post qui suivait de quelques minutes celui de Marine Le Pen, l'ancienne candidate RN à la présidentielle. "Sept ans qu’ils sont au pouvoir, sept ans qu’ils n’ont rien fait pour redresser l’école de la République. Et ils s’offusquent aujourd’hui du délabrement de l’enseignement public, comme s’ils n’en étaient pas responsables", a-t-il déploré.

Elle a enfin martelé: "Plus que jamais, l’urgence, c’est l’alternance!"

Théo Putavy