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Gouvernement

En meeting à la Mutualité, Emmanuel Macron défie une nouvelle fois François Hollande

Le ministre de l'Economie a choisi d'entrer en campagne deux jours avant le traditionnel exercice présidentiel du 14 juillet.

C'est un acte fort d'émancipation vis-à-vis de l'exécutif que va poser mardi soir Emmanuel Macron. Ministre de l'Economie en fonction, c'est en tant que leader de son propre mouvement politique, sans lien avec le PS, qu'il va monter sur l'estrade de la Mutualité, salle parisienne hautement symbolique pour la gauche. Et pour élever cette défiance d'un cran, Emmanuel Macron a soigné son calendrier: il tient son premier meeting politique juste avant la traditionnelle intervention du chef de l'Etat le 14 juillet, obligeant celui-ci à répondre à la provocation.

Le choc ne devrait pas être frontal. A la Mutualité, le leader d'"En Marche!" n'a pas prévu d'annoncer sa sortie du gouvernement ni sa candidature à la présidentielle de 2017. Ces décisions, Emmanuel Macron devrait les prendre après l'automne, selon son entourage, le temps de finir le diagnostic du pays entamé par "la grande marche" et d'observer l'accueil réservé au programme politique qui en découlera. 

"Il sait ce qu'il me doit"

Mais pendant ses 45 minutes de discours, écrit de sa seule plume, Emmanuel Macron ne devrait pas manquer de lancer quelques pics à l'encontre de François Hollande. Le ministre sait que son intervention sera suivie de près par le chef de l'Etat, qui n'échappera pas à une question sur ce meeting lors de son intervention post-défilé du 14 juillet. Une joute verbale, à distance et décalée dans le temps, s'annonce donc. 

Le jeune prodige que François Hollande avait pris sous son aile avant de la parachuter à Bercy s'est depuis longtemps affranchi de la tutelle présidentielle. En mars, Emmanuel Macron s'affichait en une de L'Express en bravant: "Ce que je veux pour 2017". Puis il lançait son mouvement "En marche!" pour "nourrir un projet présidentiel" avant de défier le chef de l'Etat en posant en une de Paris Match avec son épouse la veille de l'émission "Dialogues citoyens", une opération reconquête pour François Hollande.

Durant son intervention faite en directe à une heure de grande écoute, le Président était alors sorti pour la première fois de son silence pour recadrer son protégé

"Il est dans l’équipe et sous mon autorité. (…) J’en suis sûr parce que c’est, entre nous, non pas simplement une question de hiérarchie, il sait ce qu’il me doit, c’est une question de loyauté personnelle et politique."

Abus de faiblesse ou stratégie politique

Un recadrage d'une faible efficacité. Une semaine plus tard, le locataire de Bercy infligeait un véritable soufflet à François Hollande, en rétorquant dans une interview au Dauphiné libéré

"Lorsqu’un président nomme un ministre, il le fait parce qu’il pense que c’est bon pour son pays, pas pour en faire son obligé."

Depuis Emmanuel Macron continue d'enchaîner les sorties au rythme d'un marathon entamé dès son arrivée à Bercy. L'une des dernières en date a d'ailleurs visé une nouvelle fois le chef de l'Etat. Le ministre de l'Economie a en effet affirmé que le débat sur la déchéance de nationalité, lancé en personne par François Hollande, avait saboté celui la loi Travail. Face à un ministre aussi dérangeant, le locataire de l'Elysée est jugé trop faible par certains quand d'autres évoquent une stratégie politique consistant à garder Emmanuel Macron tant qu'il lui est utile. Un acte dont la fin n'a jamais paru aussi aussi proche.

Marion Garreau